Deux ans après notre dernière visite sur les hauteurs de Tlemcen, les choses ont bien changé dans ces contrées reculées. Qui aurait pu penser un jour voir la flamme éclairer le ciel des villages d'El Gor, de Tadjemout et des hameaux avoisinants, le gaz naturel est arrivé et plus de 500 foyers ont été raccordés. C'est la fin d'un long calvaire qui a duré plus d'un demi-siècle, les villageois n'auront plus à ramasser du bois aux confins des forêts voisines pour se chauffer. La stratégie élaborée par l'exécutif, il y a deux ans, commence à donner ses fruits. Un plan de développement qui répond aux besoins d'une population rurale, qui ne cesse de s'accroître (Tlemcen affiche un taux de démographie très élevé au niveau national), a été mis en place pour réparer une injustice. Ce choix répond à deux raisons essentielles, la première est un juste retour à la réalité, du fait que le monde paysan représente plus de 60% de la population de la wilaya de Tlemcen et d'autre part, il est nécessaire de rappeler que cette catégorie de citoyens n'a jamais bénéficié auparavant de privilèges accordés au monde urbain, même quand les caisses de l'Etat étaient pleines. La priorité accordée par l'exécutif actuel au monde rural inaugure dans cette wilaya une ère nouvelle, et le plan de relance économique est une opportunité à ne pas rater, faut-il encore que les élus soient à la hauteur de relever ce défi. (C'en est un). Pour les régions du Sud, telles cette bourgade de Tadjemout nichée au fond de la bande steppique qui vient d'être raccordée au gaz naturel, l'espoir est permis pour développer davantage l'élevage et l'agriculture : les principales activités qui peuvent sédentariser ces tribus nomades. Le secteur agropastoral a favorisé tout d'abord la sédentarisation de ces populations, ce qui a permis aux enfants en âge de scolarité de prendre le chemin de l'école. Un retour progressif vers la campagne commence à se faire, après la décennie noire. Stabiliser ces populations n'est pas une mince affaire, il s'agit en premier lieu de redonner confiance à ces citoyens longtemps marginalisés et surtout leur faire sentir qu'ils sont des citoyens à part entière, d'autant plus que ce sont eux qui ont payé le prix fort durant la décennie noire. Tadjemout, Aïn Nekrouf, Aïn Tallout, Béni-Snous, Béni-Ghezly, Sabra, la plaine de Fillaoucène ont bénéficié d'importantes enveloppes pour leur développement. Beaucoup d'efforts ont été consentis en matière de scolarisation, dans le domaine de la santé, de l'eau potable et surtout l'électrification, dont le taux est de plus de 90%. Qui aurait pu penser un jour, voir arriver le gaz naturel sur les terres de la toundra sauvage, véritable Atlantide de la steppe. La dernière visite du chef de l'exécutif a tout, même réconforté cette population qui ne demande pas grand chose eu égard aux énormes sacrifices. Tadjemout, El Gor Sid el Mokhfi ont payé le prix fort, le mérite revient à ces populations qui n'ont pas cédé à la horde sauvage d'un certain Kada Benchiha, tristement célèbre dans la région dans les années 1990. Un jour peut-être, par devoir de mémoire, nous devons écrire l'histoire de ce canyon de Djebel el Kaddous et des tribus de h'myanes, où sont tombés de jeunes maquisards qui reposent anonymement sous cette terre des hommes. Il y a des commis de l'Etat qui vont jusqu'au bout de leurs promesses dans cette Algérie profonde, ils ne sont peut-être pas nombreux, mais ils existent.