Cinq ou six nouveaux produits seront soumis au régime des licences d'importation, annonçait hier le ministre du Commerce. Bakhti Belaïb déplore cependant l'incapacité des secteurs concernés par le dispositif à identifier les volumes d'importation requis. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Après le ciment (portland), le rond à béton et les véhicules ainsi que les produits agricoles contingentés, d'autres produits seront soumis au régime des licences d'importation dès le mois courant, annonçait hier à l'hôtel El Aurassi le ministre du Commerce qui a assisté à l'assemblée générale ordinaire de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci). «D'autres produits seront annoncés au courant de cette semaine», dira Bakhti Belaïb qui précise qu'il s'agit «en particulier de produits agricoles et probablement d'autres produits industriels». Certes, le ministre du Commerce aurait «souhaité que la liste (des produits) soit plus longue» dans la mesure où les marchandises déjà concernées ne représentent en termes de coûts d'importation que l'équivalent de 8 milliards de dollars par rapport à une facture globale de l'ordre de 60 milliards de dollars (selon les données de 2014). «Pourquoi nous n'avons pas été loin», s'interrogera Bakhti Belaïb. Et le ministre du Commerce de répondre que le comité intersectoriel mis en place au niveau de son département «a demandé aux secteurs concernés, dans le cadre du souci de protection de la production nationale, de donner des indicateurs précis concernant les compléments d'importation par rapport à la production nationale». Or, «les ministères ont fini par faire l'aveu qu'ils ne disposent pas d'indicateurs suffisamment précis pour déterminer les quantités à l'importation par rapport à l'offre de production nationale», relèvera Bakhti Belaïb. Le ministre du Commerce déplorera ainsi «l'incapacité» des départements ministériels et autres secteurs économiques de mettre en œuvre le dispositif de manière optimale. Cela, même si M. Belaïb concédera que le problème des opérateurs économiques qui ont importé dans le cadre du contingent et dont les produits sont bloqués aux ports et ne peuvent être dédouanés faute de licence, «est à l'examen au niveau des autorités concernées». Le ministre répondait ainsi au président de la Chambre de commerce et d'industrie de la Soummam qui avait soulevé ce problème et qui souhaitait soit l'obtention d'une dérogation pour l'importation soit l'obtention d'une licence spéciale. Indiquant que le mode de répartition des contingents Fifo (premier arrivé, premier servi) ne sera plus utilisé pour la consommation des contingents conclus avec l'Union européenne, Bakhti Belaïb relève que «le contingent a été ouvert». Néanmoins, «des opérateurs ont déjà acheté des produits pour émarger sur ces contingents. Il y a eu un débat sur cette question. Je pense que nombre d'opérateurs ont pris le risque d'importer sans prendre en considération les conséquences», observera le ministre du Commerce Bakhti Belaïb qui indique que «les directions de commerce sont en train de recevoir les demandes de licences», et précise que ces demandes «vont être traitées selon les modalités déjà fixées». Explicite, il indique que le système Fifo a été maintenu mais ne sera pas utilisé et que la répartition se fera en fonction des antécédents d'importation ou sur la base d'autres critères à même de garantir «l'équité et la transparence». Bakhti Belaïb avait rappelé auparavant que le dispositif des licences d'importation (et d'exportation) avait été fixé par la nouvelle loi régissant le commerce extérieur. «J'ai été chargé d'appliquer une loi publiée avant mon installation» et dont «je ne suis pas parrain», relèvera-t-il. Cependant, une loi qui «intervient dans une conjoncture difficile» et un dispositif qui peut «être perçu comme un système de sauvegarde compte -tenu de la contrainte financière», observe M. Belaïb. Et le ministre du Commerce de qualifier cette contrainte «d'une ampleur considérable», évoquant notamment le cas des exportations algériennes vers les Etats-Unis qui ont baissé de plus de 18 milliards de dollars en 2013 vers à peine 1 million de dollars en 2015 ! Ce faisant, le ministre du Commerce considérera que l'incapacité des secteurs démontre «quelque part que l'on n'a pas fait jouer leur rôle aux espaces intermédiaires» que sont les Chambres de commerce et d'industrie (CCI). En ce sens, il estimera que le comité (chargé du dispositif des licences) pourrait faire appel aux CCI pour identifier les filières. Il y a eu recul par rapport aux équilibres de la LF 2016 «La contrainte financière risque d'être durable vu le cours actuel du pétrole», considérait hier le ministre du Commerce qui relève que «le cours des hydrocarbures risque encore de dégringoler». Or, Bakhti Belaïb observe qu'«en principe, depuis qu'on a voté la loi de finances pour 2016 et que la chute des cours a continué, on doit normalement être en situation de scénario de recul par rapport aux équilibres consacrés» dans la LF 2016. Un recul que l'exécutif devra traiter de manière idoine, le ministre du Commerce ne formulant néanmoins aucune piste en ce sens. Et ce au-delà de la mise en place du régime des licences d'importation et la dynamisation du rôle des Chambres de commerce et d'industrie.