Démarrage en trombe de la CAN-2016 de handball seniors-messieurs. Les favoris, l'Egypte et la Tunisie notamment, ont confirmé leur suprématie africaine en imposant la loi lors de leurs premières sorties respectives durant cette 22e édition ouverte jeudi à l'Aréna Hall du Caire. L'Algérie, elle, a attendu la seconde journée pour reprendre son «âme», jeudi les joueurs de Salah Bouchekriou ont fait semblant 20 minutes durant avant de céder les points du derby, contre l'Egypte. Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) - Vaincre les Egyptiens, chez eux et devant leur bruyante galerie, n'était pas mission impossible pour Berkous et compagnie. Le premier tiers de cette empoignade, jeudi soir, a confirmé les bons échos fournis par la préparation effectuée par les Verts en Slovénie. Le Sept national a d'abord mené, quoique légèrement, pendant une bonne dizaine de minutes avant de voir les camarades d'El-Ahmer remonter progressivement. Les sauvetages du portier d'El-Ahly, Handaoui, semblaient décourager peu à peu les attaquants algériens. Défensivement moyens et d'une affligeante médiocrité devant les 9 mètres adverses, les Algériens vont perdre du terrain. Au bout de la première demi-heure, l'écart était de 4 buts (7-11) au profit de l'équipe égyptienne qui affichait, au début, une certaine fébrilité devant le système de jeu des Algériens. Une stratégie qui sera de moindre efficacité à la reprise, où l'Egypte prendra un avantage plus sécurisant (12-18 à la 45') en dépit des sanctions ayant frappé certains de ses joueurs suspendus pour deux minutes. Moins solides derrière, les Verts auront surtout du mal à transformer leurs offensives (47% de réussite sur les tirs lointains) mais vont tout de même conserver la marge de 4 buts d'écart et ce, grâce à la belle prestation de l'ailier droit Saker (4 buts) qui s'est montré à son aise contrairement à Hamoud, trop mou devant la zone de vérité. Une victoire (22-18) à l'économie, faut-il le rappeler, dans la mesure où le sélectionneur égyptien, Marwane Ragab, a préféré faire tourner alignant les seize joueurs qui étaient cochés sur la feuille (Bouchekriou s'est privé de plusieurs éléments comme Berriah, Kieffer, Chahbour Omar et autre Djellabi). A l'issue du derby, le coach algérien reconnaissait la force de la formation d'Egypte «une grande équipe avec des joueurs talentueux» soulignant qu'il était impossible à son team de surprendre son vis-à-vis. «Si nous voulons battre une équipe du calibre de l'Egypte nous ne pouvons pas nous permettre de rater autant d'occasions de scorer notamment sur des jets de 7 m et des face-à-face faciles», expliquait- il. Des frayeurs face au Gabon Un scénario, marquer dans la zone de vérité (7 m) en l'occurrence, qui s'est de nouveau reproduit hier à l'occasion de la seconde sortie des Verts dans ce premier tour. Face à des Gabonais pas vraiment préparés à ce rendez-vous, en témoigne leur défaite, jeudi, contre le Maroc, l'entraîneur algérien a apporté un certain nombre de changements sur son Sept initial. Outre la titularisation du jeune Ghedbane dans les bois, Bouchekriou a mis dans le bain africain Sylvain Kieffer et a incorporé d'entrée les chevronnés Berriah, Chahbour Omar et Hamoud. Des réaménagements qui ont apporté un léger mieux sur le plan de la fluidité du jeu offensif. Sans une débordante confiance à l'approche de la zone de but, l'Algérie aurait pu atomiser l'arrière- garde gabonaise. Un pêché mignon dans lequel les ailiers algériens, Hamoud et Kieffer en particulier, ont montré un affligeant potentiel. Malgré un solde bénéfique (19 buts) lors de cette première mi-temps, les Algériens ont souffert défensivement. Outre les 14 buts encaissés par le jeune Khelifa Ghedbane, les arrières incorporés par Bouchekriou ont multiplié les fautes et ont logiquement subi les sanctions de la paire ivoirienne Coulibaly Yalatima et Nanga-Diabate Mamoudou. Une faille qui a incité le staff algérien à revoir sa stratégie non sans tancer certains éléments coupables d'errements et d'excès de confiance. Il faut, par ailleurs, signaler la dispense accordée à Mohamed Mokrani, le seul pivot emmené par Bouchekriou en Egypte, trop usé physiquement par le match intense livré aux égyptiens qui a suivi la rencontre depuis le banc, laissant l'équipe évoluer dans un schéma inédit (3/3). Ces réglages vont stabiliser la défense et améliorer davantage le rendement offensif des Verts. Les Gabonais ne parviendront à inscrire que dix buts lors du second half au moment où les attaquants algériens s'ouvriront le chemin des filets de Guillaume Tire à seize reprises. Le score final (35-24) ne doit pas, pour autant, rassurer complètement Bouchekriou. Le Maroc, ce soir, sera une autre paire de manches. M. B. Résultats Jeudi 21 janvier (1re journée) Groupe A Algérie- Egypte 18-22 Maroc- Gabon 29-23 Nigeria- Cameroun 15-24 Groupe B Angola- Kenya 42-16 Tunisie-Libye 30-18 RD Congo-Congo 30-29 Joués hier (2e journée) Groupe A Algérie-Gabon 35-24 Maroc- Cameroun (en soirée) Egypte-Nigeria (en soirée) Groupe B Libye-Angola 15-29 Kenya-Congo 19-34 RD Congo-Tunisie 22 -37 Programme d'aujourd'hui (heure algérienne) Salle 2 (15h) : Nigeria-Gabon Salle Aréna (16h) : Algérie-Maroc Salle Aréna (18h) : Egypte-Cameroun Groupe B Salle Aréna (12h) : Tunisie-Kenya Salle Aréna (14h) : Angola-Cogo Salle 2 (17h) : Libye-RD Congo LES GARDIENS EGYPTIENS ONT FAIT LA DIFFERENCE FACE AUX VERTS L'Algérie regrette Slahdji S'il y a un élément qui a véritablement réduit les chances algériennes de provoquer l'exploit face aux Egyptiens, c'est bien le comportement des gardiens retenus pour cette CAN-2016. En effet, la paire du GSP, Abdallah Benmenni et Khelifa Ghedbane, n'a que très rarement réussi à se mettre au diapason lors de cette confrontation marquée par la grande performance des gardiens adverses, Mostafa Karim Handawi «Katonga» et Khalil Mahmoud. Le premier notamment s'est livré à un «one man show» qui a séduit supporters, téléspectateurs et adversaires tant sa prestation a complètement déstabilisé les Algériens. Les «bras» de l'attaque algérienne, qui n'avaient pas non plus l'occasion de planer devant les arrières égyptiens, ayant souvent échoué sur le portier d'El-Ahly, auteur d'une dizaine d'arrêts décisifs. Un exploit qui ne doit rien au hasard tant le portier égyptien (1,88m pour 96 kg) a atteint ce niveau de performance grâce au travail mené au sein de son club, El- Ahly, mais également sous les ordres de l'immense Mahmoud Al- Naqib, l'entraîneur des gardiens des Pharaons. Un homme d'expérience qui avait, lors de sa longue et riche carrière de joueur, découragé les meilleurs frappeurs du handball mondial. Ce n'est pas, donc, un hasard si quelques-uns de ses «disciples » sortent de telles prestations de niveau mondial, il est vrai face à des attaquants algériens manquant terriblement de concentration et d'adresse. La performance de «Katonga» comparée à celle de nos deux portiers Benmenni et Ghedbane (tous deux du GSP) remet sur la table du débat la nécessité d'intégrer un entraîneur de gardiens au sein de l'EN et même au niveau des clubs de l'élite. La retraite de Abdelmalek Slahdji, qui reste le portier numéro des Pétroliers d'Alger, a mis à nu les carences flagrantes dans la prise en charge de cette partie dont l'importance n'est plus à démontrer au sein d'une équipe de handball. La sélection algérienne a rarement fait appel à un entraîneur de gardiens, le dernier n'étant autre que Réda Zeguilli qui avait confié cette mission à Mouissi puis Samir Hellal. Avant lui, l'actuel sélectionneur des Verts, Salah Bouchekriou, avait compté sur Amar Daoud pour s'occuper de la préparation spécifique de Slahdji et consorts lors du Mondial-2013 en Espagne. Ce même Daoud s'était également occupé de la préparation des gardiens en sélection de jeunes. L'actuel doublure de Benmenni et Bousmal a bénéficié des «bons soins» et autre expérience de l'ancien gardien international. Sa progression ne peut s'opérer qu'au contact des gardiens chevronnés et d'entraîneurs de métier. Ce rôle des gardiens nous renvoie à prendre l'exemple de l'Euro-2016. A l'occasion de cette compétition d'envergure, les hommes de match sont pour la plupart des gardiens de but dont la prestation offre une garantie suffisante aux favoris du tournoi. L'Egypte semble prendre de l'avance par rapport à notre sélection précisément à cause de la présence de gardiens si déterminants. La sélection de Tunisie qui fait toujours confiance à Marwane Maggaiez est dans la même posture. C'est pourquoi, lors de cette CAN-2016, il n'est pas surprenant de voir l'Algérie subir la suprématie des équipes autrement mieux nanties dans ce registre. Quand on voit des sélections africaines, comme le Gabon, faire appel à des entraîneurs étrangers spécialisés dans la préparation des gardiens de but, il y a lieu de craindre le pire. Après le prochain Mondial (France-2017), d'autres joueurs de champs (Mokrani, Boultif, les frères Chahbour, le néo-capé Kieffer et même le gardien Bousmal) franchiront largement la barre des 30 ans. L'Algérie aura du mal à les suppléer sachant que la «source» a sérieusement tari. Pendant ce temps, les autres nations explorent, travaillent et avancent.