cette semaine, nous allons escalader les montagnes de Kabylie pour arriver dans un petit village accroché au sommet de l'une d'elles, semblable à ceux qu'on voit dans les contes de fées. Ce village est l'un des plus pittoresques que j'ai jamais vus, autant par la place où il se trouve que par les habitants qui l'occupent. Pour arriver à cet endroit féerique, il nous a fallu grimper à travers les dédales de chemins sinueux et étroits. Il est difficile alors de croire qu'au bout de ces sentiers caillouteux, se trouvent des maisons ancestrales, bâties directement dans la rocaille, abritant des familles entières depuis des décennies. Et c'est dans ces foyers chaleureux que nous avons été accueillis par une foule de bambins vifs et hardis, curieux de nous voir débarquer ainsi dans leur village perdu au bout des temps et heureux de notre visite inopinée car les visiteurs se faisaient bien rares. Dès que nous eûmes franchi le seuil de la maison de nos hôtes, une incroyable sensation de repos et de sérénité envahit nos corps et nos âmes, et on se sentit immédiatement chez nous. Les femmes de la maison nous introduisirent dans nos appartements et s'éclipsèrent, nous laissant la liberté de nous délasser de notre périple. Les plus âgées d'entre elles restèrent cependant un moment avec nous pour nous mettre à l'aise et s'enquérir de nos besoins immédiats. Khalti Sekoura, la doyenne parmi elles, se faufila dans la pièce voisine qui servait de cuisine et au bout d'un court instant, revint suivie d'une jeune femme. Cette dernière portait une grande meïda en bois brut recouverte d'un linge blanc immaculé. Elle déposa la table basse et disparue sans bruit. Khalti Sekoura qui était assise sur une natte à même le sol, se leva d'un bond et ôta le linge qui recouvrait une panoplie d'assiettes en terre cuite remplies de gâteaux au sucre et au miel. Elle nous servit du café et nous invita, en insistant, à goûter aux spécialités du village. On se goinfra de mchaoucha, de sfenj, de makrout aux dattes jusqu'à n'en plus pouvoir tout en écoutant les explications détaillées de notre hôtesse sur les us et coutumes de la région. Pendant que nous papotions, une odeur alléchante qui nous arrivait des cuisines se répandait dans toute la maison et venait titiller nos papilles. C'était les jeunes femmes de la maison qui préparaient sans plus attendre le dîner et elles s'affairaient sans bruit à concocter un menu traditionnel des plus appétissants. La recette Ingrédients -1 kg de couscous moyen, 1 ou 2 morceaux de viande séchée (keddid), 1 poignée de cornilles (haricots à œil noir) sèches trempées la veille , 1 oignon sec, 3 à 4 navets, 3 à 4 carottes, 2 à 3 courgettes, 3 pommes de terre, 1 à 2 tomates fraîches, 1 c. à s. de concentré de tomates, 3 c. à s. d'huile d'olive, sel/ poivre. Préparation Dans le bas du couscoussier, faire revenir l'oignon émincé finement dans 1 cuillerée d'huile à feu doux jusqu'à ce qu'il devienne translucide. Laver les morceaux de viande séchée abondamment à l'eau froide pour les dessaler puis les mettre dans la marmite. Laver et couper les légumes dans le sens de la longueur en commençant par les carottes puis les navets. Ajouter les tomates réduites en purée puis le concentré de tomates. Saler, poivrer et laisser mijoter quelques minutes pour que les légumes et la viande s'imprègnent de la sauce. Mouiller ensuite avec 1 litre d'eau tiède et ajouter les haricots. En parallèle, faire cuire le couscous de la manière classique à la vapeur de la sauce. Avant la deuxième cuisson du couscous, ajouter les pommes de terre et les courgettes coupées dans le sens de la longueur et terminer la cuisson. Vérifier qu'il y a suffisamment d'eau et rectifier l'assaisonnement. Lorsque la viande, les légumes et les haricots sont bien cuits, retirer du feu. Présenter dans un grand plat de service en mettant le couscous au milieu et en plaçant les haricots dessus en dôme. Mettre alors les légumes tout autour et garnir avec les morceaux de viande. Arroser d'un filet d'huile d'olive et accompagner de piments verts grillés.