C'est le branle-bas de combat dans les milieux sécuritaires et judiciaires de la wilaya de Béjaïa, qui ne s'attendaient nullement à une telle «cueillette». L'homme qui s'est présenté de son propre gré à la gendarmerie d'Akbou, et qui fut incarcéré dans l'après-midi par le juge d'instruction du tribunal d'Akbou, mardi dernier, comme rapporté dans notre édition du jeudi 25 février, à la maison d'arrêt de la même ville, avant d'être transféré à la grande prison de Oued Ghir, s'avérerait être un proche lieutenant du tristement célèbre Abdelhamid Abaaoud, le principal commanditaire des attentats de Paris, survenus le 13 novembre 2015 et ayant coûté la vie à 130 personnes. Il s'agit de Mehdaoui Zouhir, né en 1987 à Tamokra, dans la wilaya de Béjaïa, vivant à Saint-Gilles, à quelque 3 km de la capitale belge, Bruxelles, et agent d'entretien, comme beaucoup d'autres suspects ayant participé aux attentats de Paris. Les fortes coïncidences et la nette ressemblance de Zouhir Mehdaoui, actuellement entre les mains de la justice, avec l'homme filmé aux côtés d'Abaaoud à bord d'un 4x4 en Syrie, en train de menacer le monde de représailles et de traîner des corps de victimes, sont pour les enquêteurs de la Gendarmerie nationale sans appel. Le doute est quasiment rompu, ou presque, puisque les experts de l'Institut national de la criminologie de la Gendarmerie nationale (INCC) viennent de confirmer à 72 % que l'homme incarcéré à Béjaïa est celui-là même filmé au volant du 4x4 à côté du cerveau des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud. Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, le monde entier s'est empressé devant les écrans de télévision pour découvrir les visages des commanditaires des attentats les plus meurtriers ayant ciblé l'Europe et plus particulièrement la capitale française. L'ensemble du groupe terroriste en question ayant frappé Paris était natif de Bruxelles et originaire du Maroc à l'exception d'un réfugié syrien ayant transité par l'île grecque de Lesbos. Le 19 novembre 2015, c'est toute une population du village de Tamokra, situé à quelque 85 km au sud-ouest du chef-lieu de Béjaïa, qui s'est réveillée sous le choc après avoir identifié «formellement» un des leurs aux côtés du plus célèbre terroriste Abdelhamid Abaaoud. Les voisins et les plus proches parents de l'homme en question étaient plus que certains qu'il s'agissait bien du jeune Zouhir Mehdaoui, ayant quitté le pays en 2012, via la Turquie, pour ensuite regagner la Belgique avant de régulariser sa situation par voie de mariage avec une citoyenne belge de 55 ans en 2014. Selon des sources officielles, la Gendarmerie nationale de la wilaya de Béjaïa avait immédiatement saisi, par voie écrite, les services compétents sur la teneur des discussions des parents de Zouhir Mehdaoui et des citoyens de la localité de Tamokra, seulement aucun mandat d'arrêt n'a été formulé à ce jour à son encontre. Le jeune Mehdaoui n'a eu aucun souci à son arrivée à l'aéroport d'Alger Houari-Boumediène, il y a de cela une quinzaine de jours. Le suspect, qui s'est présenté de lui-même à la Gendarmerie nationale après avoir subi une forte pression de son entourage, était vêtu de tenue strictement salafiste, avec une longue barbe et des yeux maquillés au khol. «Arrêtez-moi si vous voulez, je n'ai rien à vous dire et ce n'est pas moi, ni sur les vidéos, ni sur les photos», s'est contenté de dire Mehdaoui aux enquêteurs et aux instances judiciaires de la ville d'Akbou, avant sa mise en examen. Selon nos informations, Mehdaoui Zouhir est un expert en sport de combat et détient un passeport biométrique valable 10 ans délivré par le consulat d'Algérie à Bruxelles, datant du mois d'août 2015, soit deux mois avant les attentats. Il avait quitté l'Algérie en 2012 pour la Turquie, avant de rejoindre les villes d'Alexandroupolis et Orestias, en Grèce, et ensuite atterrir à Bruxelles. Par ailleurs, et selon nos informations, le jeune de Tamokra a nié devant le juge connaître Abaaoud et du moins sa présence en Syrie avec ce dernier. Dans le même sillage, nous avons appris qu'une commission rogatoire devrait s'établir dans les prochains jours aux fins d'élucider cette affaire, avec notamment des déplacements en Turquie et en Belgique, soit pour inculper ou libérer le jeune de Tamokra.