L'annonce faite il y a une semaine par le Premier ministre et selon laquelle une tripartite se tiendra en juin prochain, n'est nullement à l'ordre du jour des discussions à la Maison du peuple Abdelhak-Benhamouda. Des responsables syndicaux rencontrés au siège de la centrale syndicale nous ont exprimé leur étonnement, déclarant que «rien de concret n'a été porté à notre attention ». Abder Bettache - Alger (Le Soir) - Abdelmalek Sellal s'est-il exprimé sur la question, alors que son partenaire social, en l'occurrence l'UGTA n'a pas été informée ? C'est la question que se posent certains observateurs et autres syndicalistes, une semaine depuis l'annonce faite par le Premier ministre à sa sortie de l'hémicycle Zighoud-Youcef. Pour rappel, Abdelmalek Sellal avait annoncé mercredi dernier qu'une réunion de la tripartite (gouvernement-patronat-syndicat) se tiendra début juin prochain pour examiner plusieurs dossiers relatifs à la situation économique du pays. A ce propos, il dira «que cette réunion adoptera des décisions en faveur de la promotion de l'économie nationale». Après avoir assuré que le gouvernement «ne touchera pas aux acquis sociaux», M. Sellal a indiqué qu'un «nouveau modèle économique sera présenté et annoncé en avril prochain». Mieux, il a précisé que le nouveau modèle économique pour la période 2016-2019 «fait actuellement l'objet d'examen». «L'Algérie maîtrise toujours les grands équilibres macro-économiques nationaux» en dépit de la baisse du prix du baril de pétrole qui oscille actuellement entre 30 et 35 dollars dans un niveau inférieur au prix de référence arrêté à 37 dollars/baril, a soutenu le Premier ministre, soulignant qu'il «n'y aura pas de recours à l'endettement extérieur». Quelques jours après, le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE) s'est exprimé sur le système de retraite, laissant croire que celui-ci est appelé à être «revisité». Une déclaration que des cadres syndicaux de l'UGTA, notamment ceux de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR) ont été surpris de lire sur les colonnes de la presse nationale. Il n'en demeure que selon d'autres sources, le Premier ministre aurait porté à la connaissance du secrétaire général de l'UGTA de «la nécessité de tenir la tripartite de juin prochain», arguant que certaines questions déjà évoquées lors des précédentes tripartites doivent faire l'objet d'un traitement définitif. Il s'agit, ajoute notre source, de la question du système de retraite et du code de travail. Deux points qui seront sans aucun doute à l'ordre du jour du conclave de juin prochain. Pour rappel, lors de la tripartite d'octobre 2015 à Biskra, le Premier ministre avait évoqué les graves difficultés que connaît le financement du système de retraite du régime des salariés et avait fustigé les départs à la retraite avant l'âge légal de 60 ans. Cette déclaration n'a pas été suivie par une réponse explicite de l'UGTA par crainte de raviver des tensions dans sa base dont une partie est toujours hostile à la suppression de la retraite anticipée. Pour certains proches du dossier, la révision du système de retraite concernera une révision de la disposition portant retraite proportionnelle dans le but principal de diminuer le grand déficit qu'accuse la CNR, alors que du côté de l'exécutif, on veut carrément l'abrogation de l'ordonnance 97/13 régissant la retraire proportionnelle et la retraite sans condition d'âge. Autre question qui risque de créer une tension au sein de la maison UGTA. Il s'agit du nouveau code du travail, que la base syndicale avait déjà rejeté. La question avait été déjà évoquée lors du dernier congrès et les délégués syndicaux ont qualifié le projet du gouvernement de «porte ouverte vers la régression sociale». Le nouveau code du travail est perçu par les syndicalistes comme le début d'une ère où il sera favorisé la «précarité, les licenciements abusifs, le manque de contrôle, l'absence de syndicat, etc». En attendant juin prochain, tous les regards seront désormais braqués vers le siège de la Maison du peuple.