Au-delà du caractère encourageant que peut susciter la large victoire (7/1) de l'Algérie sur son homologue d'Ethiopie, il convient toutefois de reconnaître qu'un immense travail reste à faire pour monter une équipe sans faille, compétitive et prête à tous les défis. M. Gourcuff, qui s'attelle depuis toujours à proposer des solutions à la mesure des capacités de cette équipe, ne doit pas opter pour des mesures radicales (mise à l'écart du produit local) en s'engouffrant dans une logique qui le mènerait inévitablement hors des sentiers battus. Les problèmes qui lui sont posés en sa qualité d'entraîneur en chef doivent nécessairement le laisser lucide en ayant pour seul désir d'envisager les choses d'un point de vue réaliste et positif. L'Algérie est une nation du football. On ne peut donc ignorer la place que lui confère ce statut. Et partant de ce constat, intégrer des jeunes issus des centres de formation locaux et d'autres qui ont montré des aptitudes est indispensable du point de vue émotionnel. Pour nous autres spectateurs, cela nous aiderait à sentir moins d'étrangeté dans cette équipe truffée de binationaux. Cela reviendrait aussi à se conformer à la volonté des Algériens de voir se réunir au sein de leur équipe toutes les tendances et autres composantes socio-culturelles. La sélection a cette fois-ci, brillé de mille feux, elle a, fait certes la démonstration qu'elle se porte bien et qu'elle vise à s'implanter durablement dans cet espace africain. En affichant clairement et sans détours ses prétentions, la sélection nationale semble nous les proposer sous la seule et unique forme que nous lui connaissions, c'est-à-dire continuer à s'enrichir de l'expérience des écoles françaises qui nous fournissent l'essentiel des joueurs, sans tenir compte de l'ingéniosité du produit de l'école algérienne. Le schéma y est tracé avec minutie, il ne semble tolérer aucune autre recette et ceux qui y veillent ont tout prévu et n'entendent pas abandonner la moindre part au produit local qui voit son ambition se limiter à sa seule participation aux championnats nationaux. Dès lors les centres de formation, les académies et les projets en tous genres liés à la gestion du football prennent un autre sens pour ne plus avoir carrément de raison d'être. Qu'une équipe nationale ambitionne d'aller le plus loin possible dans ses conquêtes est somme toute légitime, qu'elle choisisse des joueurs issus exclusivement de championnats étrangers, qu'elle croit être mieux lotis que ceux issus des championnats nationaux ,n'en porte pas moins une tendance où la droiture perd tout son sens. En dépit des voix qui s'élèvent pour tenter de porter secours à notre école délibérément poussée à l'impasse, on ne semble pas s'inquiéter outre mesure des répercussions qui peuvent avoir lieu. Ce que le football et le championnat national s'apprêtent à subir risque d'être la suite de cette stratégie dont les mots d'ordre qu'elle véhicule (recherche effrénée du joueur binational) semblent affirmer la volonté de l'instance sportive de ne pas enfreindre le règlement qu'elle s'est imposée à elle-même dans la gestion des engagements et autres recrutements sportifs. Une équipe nationale transformée en totalité, qui a certes brillé face à la modeste Ethiopie, apparemment sans envergure. Que peut-on alors retenir de cette prestation sinon qu'elle montra peu de choses notamment sur le plan du jeu qui m'a semblé sans réelle harmonie, un peu anarchique, du fait peut-être du désir des uns et des autres à vouloir à tout prix se mettre en valeur ? En tout cas ,les choses vont encore se compliquer pour le sélectionneur qui devra user de tous les moyens pour mettre sur pied une équipe définitive, compétitive, celle-là que tous les observateurs attendent de voir sur les terrains de vérité et face à des concurrents encore plus aguerris, encombrants et difficiles à tromper en terre africaine. Il est vrai que cette équipe est composée essentiellement de joueurs de très grande qualité. Il n'y a pas à dire! Une raison pour le sélectionneur et la fédération de voir dans quelles conditions ils peuvent aider le produit local sans trop de risques à intégrer cet ensemble euphorique et à lui permettre de s'enrichir à son contact. Ferhat de l'USMA, Hamzaoui du MOB, Rial de la JSK et d'autres qui peuvent prétendre à une sélection, aux postes exclusivement vacants, en défense (latéral droit et axe central) au milieu (couloir droit) en attaque (avant de pointe pour suppléer Slimani) etc. Ce sont là les quelques points qui restent à régler et qu'il faut régler pour se placer en conquérant en terre africaine où les données ont une autre dimension.