Onze millions, c'est le nombre de mines enfouies sous terre par l'armée coloniale à partir de juin 1957. Jusqu'à ce jour, plus de 8,5 millions (8 659 201) mines antipersonnel ont été désamorcées par les unités de l'Armée nationale populaire (ANP). L'opération de l'ANP a permis ainsi de déminer une superficie incommensurable de plus de 9,8 hectares. Les chercheurs du Centre national d'études et de recherche estiment à environ 1,3 million les mines disséminées encore le long des frontières algériennes de l'Est et de l'Ouest, s'étendant sur près de 14 000 km dont 91 300 le long de la frontière orientale sur une distance de 460 km allant de Annaba à Négrine en passant par Souk-Ahras, Tébessa, El-Ma Labiod et Bir El Ater et 42 000 autres de la frontière occidentale s'étendant sur une longueur de 700 km de Marsa Ben-M'hidi à Béchar en passant par Aricha, Mécheria, Aïn Sefra et Béni Ounif. Les plus meurtrières et les plus répandues durant ces cinq décennies sont les Apin 21 (mines encriers) et les bondissantes (de type apmb54/5) qui ont été les plus utilisées par l'armée française. Il est utile de rappeler que l'action de déminage a débuté juste après l'indépendance vers la fin de l'année 1963 par l'ANP. Ces engins de la mort ont provoqué immanquablement des pertes humaines incommensurables surtout parmi les bambins et les bergers. L'on se souvient encore du vendredi 18 mai 2001 dans la mechta d'El Fadène (commune de Ouled Driss, wilaya de Souk-Ahras), où l'explosion d'une mine antipersonnel a fait trois morts et deux blessés. Un enfant ramasse l'objet, il le prend pour une boite de conserve, finalement il explose et tue sur le coup les deux sœurs Nassira et Fatiha âgées de 12 et 5 ans, leur frère Rahim de 3 ans décède lors de son évacuation vers l'hôpital . Le 16 décembre 2004 dans la localité de Aïn Lehdid, wilaya de Aïn-Témouchent, un enfant de 13 ans, berger de son état, joue avec une mine qu'il a trouvée alors qu'il faisait paître ses bêtes, l'enfant a eu un bras sectionné et son visage défiguré par l'explosion, la victime décéda au cours de son évacuation vers l'hôpital de Frenda. Il est à rappeler qu'au mois d'avril de l'année 2007, 28 mines antipersonnel ont été découvertes par des maçons, enfouies sous terre dans l'enceinte de l'école primaire Sedour-Brahim, daïra de Taoura, wilaya de Souk-Ahras. Il a fallu le déplacement sur le champ des unités de déminage du génie dépendant de la 5e Région militaire pour déminer ce lieu sans aucune perte humaine. Selon nos sources, le nombre de victimes des mines antipersonnel datant de l'époque coloniale s'élève à 7 000 victimes. En 2016, 13 542 mines antipersonnel implantées par l'armée française le long des frontières avec le Maroc et la Tunisie durant la guerre de Libération «ligne Challe et Maurice» ont été détruites par les unités de l'Armée nationale populaire. Au demeurant, l'opération de déminage est toujours en cours à Naâma (Ouest) et sur le tronçon Oum-Tboul, Tégrine, Guelma et Souk-Ahras à l'Est.