Baisser de rideau, hier à Tunis, des 37es championnats d'Afrique de judo. Une compétition pour laquelle la FAJ a présenté une sélection forte de 22 judokas, le plus important contingent algérien dans un tournoi continental, mais s'est finalement contentée d'une moisson relativement moyenne. Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) - Le judo algérien ne brille plus comme par le passé. Et la participation algérienne aux différentes joutes internationales ne semble émouvoir que très peu d'adeptes. L'expédition de Tunis-2016 a apporté une nouvelle preuve de la décadence atteinte par le judo algérien jadis roi d'Afrique. Souvenons-nous de Tunisie-2004 quand l'Algérie survolait le 25e tournoi panafricain en décrochant 8 titres individuels, la moitié chez les féminines. Des médailles en vermeil œuvres de Soraya Haddad (-48 kg), Salima Souakri (-52 kg), Leila Latrous (-57 kg) et Rachida Ouerdane (70 kg) au moment où Omar Rebahi (-60 kg), Amar Meridja (66 kg), Amar Benikhlef (-81 kg) et l'immense Mohamed Bouaichaoui ((+100 kg) dominaient leurs adversaires nord-africains. Soit ceux-là mêmes qui, aujourd'hui, trouvent du plaisir à affronter les Algériens en individuel et par équipe. Qu'est-ce qui a changé depuis ? Les Tunisiens n'ont plus pourtant l'inégalé trio Skander Hachicha-Anis Lounifi-Makrem Ayed alors que l'Egypte a perdu depuis belle lurette son géant Mohamed Rashwan. Le titre africain remporté par l'Algérie à Port-Louis (île Maurice) en 2014 annonçait déjà le début de la dégringolade : avec cinq médailles en or (Ratiba Tariket, Imène Agouar, Kaouthar Ouallal, Sonia Asselah et Lyès Bouyakoub, le sacre algérien n'étant possible que grâce à la moisson générale favorable devant les Tunisiens (17 médailles contre 12), l'Algérie n'avait plus d'entrain sur les pays du Maghreb et ceux d'Afrique en général. Le départ à la retraite de nombre d'athlètes, les fréquents changements à la tête de la DTN/FAJ et les staffs de nos sélections ont «conditionné» la performance en nette régression de nos judokas sur la scène internationale. Si bien que malgré la qualification de quatre judokas, Benamadi Abderrahmane (-90 kg), Lyès Bouyakoub (-100 kg), Amine-Mohamed Tayeb (+100 kg) et Houd Zourdani (-66 kg) aux JO de Rio de Janeiro, un goût d'inachevé altère cette virée tunisoise pour laquelle la fédération de Messaoud Mati ciblait une plus grande récolte en médailles d'or et, surtout, le titre africain perdu il y a une année, à Libreville (Gabon). Pis, l'Algérie rétrograde à la 3e place africaine malgré ses 18 médailles (2 en or, 5 en argent et 11 en bronze) distancée par l'Egypte qui a récolté sept médailles au total dont 4 en vermeil. Ce qui n'a pas empêché le DTN/FAJ, Samir Sebaâ, de «positiver» le bilan de cette participation. «La concurrence était rude notamment entre les pays de l'Afrique du Nord. La grande majorité de nos judokas ont gagné des médailles ce qui est une bonne chose. L'objectif principal de cette année est les qualifications olympiques et nous avons réussi en envoyant quatre athlètes aux JO-2016», a-t-il déclaré à l'envoyé spécial de l'APS. Celui-ci a même rapporté des propos attestant de la «justesse» de la stratégie de la fédération «satisfaite» du seul fait que le bilan de cette édition est «bien meilleur» que celui réalisé en avril 2015 au Gabon. «S'il y a une comparaison à faire, c'est entre les 4 judokas qualifiés aujourd'hui et la seule place prise par Soraya Haddad, ajoutée à la place dans le quota continental de Sonia Asselah pour les JO-2012 à Londres. Nous avons participé à 12 tournois pour glaner des points et nous avons réussi. C'est impossible de courir derrière les points et préparer en même temps des judokas pour s'imposer à Tunis. Notre stratégie a été payante. On fera les comptes en mai prochain, date de clôture de la liste des qualifiés à Rio», explique Sebaâ. Quelles chances à Rio ? Le responsable technique de la FAJ qui reproche une partie de l'échec de ses judokas à l'arbitrage oublie certainement de lever les «secrets» sur les véritables raisons de ce fiasco annoncé. A savoir l'instabilité qui a sévi le long du mandat olympique, et donc de la préparation des prochaines olympiades, sur l'ensemble des staffs de nos équipes nationales. Des entraîneurs, à l'exemple des médaillés olympiques Amar Benikhlef et Soraya Haddad, ont été évincés pour incompatibilité d'humeur avec les responsables fédéraux. La Tunisie qui a dominé son rendez-vous n'a présenté que 20 judokas (contre 22 Algériens). Le secret de la domination accrue du judo tunisien, matérialisée par une récolte aussi quantitative, variée que de qualité (16 médailles dont 5 or), s'explique par la présence à la plus grande responsabilité de l'instance fédérale d'un certain...Skander Hachicha. Un champion-né qui préside à la formation de nouveaux champions. La FAJ, dirigée depuis 2013 par un ancien DEN et cadre du MJS, misait beaucoup sur cette épreuve africaine pour redorer le blason du judo algérien. «C'est un rendez-vous extrêmement important pour nous, à quelques mois des Jeux olympiques (JO). Une médaille d'or à Tunis vaut 400 points. Les titres nous intéressent mais notre objectif aussi est de placer le maximum de judokas en finale», déclarait Messaoud Mati avant le déplacement à Tunis. Qualifier sept judokas pour les JO-2016 et remporter «au moins 4 titres» étaient les objectifs de la fédération en terre tunisienne. Pari perdu, en définitive, pour une discipline qui prépare déjà sa nouvelle mue dans l'optique du prochain mandat olympique. A Rio de Janeiro, il ne faudrait surtout pas s'attendre au miracle.