Rejugée après cassation, l'affaire de trafic de cocaïne à Air Algérie a connu, hier, en fin de matinée, son épilogue. Le verdict rendu sous haute surveillance policière était qualifié de très «sévère», même si le tribunal criminel a répondu «non» à l'unanimité de sa composante au chef d'inculpation «d'association de malfaiteurs». Abder Bettache - Alger (Le Soir) - C'est à 12h45mn que la présidente du tribunal criminel a entamé la lecture du verdict. Première annonce, le tribunal criminel évacue à l'unanimité de ses membres le chef d'inculpation «d'association de malfaiteurs». Soulagement dans la salle. La joie ne dure que quelques minutes. La juge poursuit sa lecture et annonce les premières peines. «Très lourdes», s'exclame un avocat. En effet, le tribunal criminel a annoncé des peines allant de 12 ans de prison ferme à quatre ans. Un seul acquittement a été prononcé au profit de Lakhdar Hamina. Le reste des mis en cause, à l'instar de F. Abdenour, F. Meghraoui, B. Yazid, ont été condamnés à des peines de 12 ans, 7 ans et 5 ans de prison ferme. B. Rédha, connu sous le sobriquet de Rédha Sika, a été condamné, quant à lui, à 4 ans de prison ferme. Comme ce fut le cas pour A. Mohand Ouali. Ces derniers, qui ont déjà passé cinq années de prison, retrouveront ce jour leur liberté. La veille, soit jeudi dernier, le représentant du ministère public a requis des peines très lourdes. Dans cette affaire, faut-il le rappeler, les accusés ont été rejugés une seconde fois par le tribunal criminel près la cour d'Alger. Lors du premier procès, qui a eu lieu en décembre 2013, le tribunal criminel a reconnu une grande partie d'entre eux «coupables des chefs d'inculpation d'appartenance à une organisation criminelle s'adonnant au trafic et à la consommation de drogue». Comme lors du premier procès, il ressort nettement qu'il s'agit d'un «véritable réseau de trafic», dont la tête pensante n'est autre qu'un cadre de la compagnie nationale et proche de la structure syndicale. En effet, comme lors du procès de 2013, c'est dans une salle comble que s'est ouvert mercredi dernier le procès de ladite affaire où sont poursuivies, pour cette fois-ci, une vingtaine de personnes, dont une quinzaine de stewards de la compagnie Air Algérie. Parmi ces dernières, figurent le chanteur Rédha Sika et deux officiers de la Sûreté nationale exerçant au niveau de l'aéroport international d'Alger. Selon l'arrêt de renvoi, deux autres personnes poursuivies dans la même affaire sont actuellement en fuite. Un mandat d'arrêt international a été lancé à leur encontre. Selon l'accusation, la vingtaine de personnes sont poursuivies pour les chefs d'inculpation «d'association de malfaiteurs» et «trafic international de drogue». L'affaire avait éclaté en octobre 2011, lorsque les éléments de la police judiciaire du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) ont ouvert une enquête sur l'existence d'un réseau international activant dans l'axe Bamako-Alger-Barcelone spécialisé dans le trafic de drogue, notamment le «commerce» de la cocaïne. Les investigations menées et autres filatures effectuées par les enquêteurs de la police judiciaire ont abouti à l'arrestation du nommé Abdenour, steward au sein de la compagnie Air Algérie. Ce dernier et d'autres stewards servaient d'interface entre le chef du réseau et le revendeur, un certain Brahim de nationalité malienne.