Acte II du procès Khalifa Bank. Tous les regards seront tournés ce matin vers le tribunal criminel près la cour de Blida. Le procès est très attendu et pour cause : il se tient en présence du principal accusé, Moumen Khalifa, condamné par contumace à la perpétuité en 2007. Depuis l'étranger, il n'avait pas hésité à mettre en cause de hauts responsables. Le procès risque d'être cependant celui de Moumène Khalifa seulement tant il est peu probable que dans sa chute, il entraîne ces mêmes hauts responsables qu'il avait lourdement chargés. Nawal Imés - Alger (Le Soir) L'affaire Khalifa est de nouveau devant les tribunaux. La présence de Moumène Khalifa, en cavale jusqu'à 2003, laisse espérer que toute la lumière soit faite sur la plus grande banqueroute qu'ait connue l'Algérie. Pour qu'éclate une partie de la vérité, il faudrait que le principal accusé se décide à lever le voile sur des complicités au plus haut niveau. Lors du procès en 2007, plusieurs ministres avaient défilé mais en qualité de témoins. Ils étaient pourtant lourdement mis en cause par plusieurs accusés. Il leur a été reproché d'avoir ordonné le placement de l'argent d'organismes publics dans les caisses de la banque Khalifa. Tour à tour, Soltani, Medelci avaient été appelés à la barre alors que d'autres ministres, pourtant cités, n'avaient pas été convoqués à la barre. L'opinion nationale aura retenu la déposition de Medelci, ministre des Finances à l'époque des faits. Il n'avait pas hésité à dire qu'il avait «manqué d'intelligence» en ne prenant pas au sérieux une note que lui avait adressée la Banque d'Algérie attirant l'attention du ministère des Finances au sujet des pratiques douteuses de Khalifa Bank. Le principal accusé en dira-t-il plus sur l'implication des ministres ? Leur silence était-il complice ? En 2007, l'opinion nationale avait été laissée sur sa faim. Beaucoup de questions étaient restées en suspens et à l'unanimité, les analystes avaient conclu que le procès aura au final servi à ne condamner que des boucs émissaires en épargnant les véritables personnes impliquées dans cette affaire rejugée une seconde fois. Les accusés dont Khalifa sont jugés pour les chefs d'inculpation de «constitution d'une association de malfaiteurs», «vol qualifié», «escroquerie», «abus de confiance» et «falsification de documents officiels». Pas moins de 133 autres personnes, entre victimes et partie civile, seront dès ce matin convoquées à Blida sans compter les 385 témoins. Détenu à la prison d'El Harrach, depuis son extradition, Moumène Khalifa a été transféré jeudi dernier à la prison de Blida en prévision de son procès. Son extradition avait donné lieu à une polémique sans fin. L'ancien homme d'affaires algérien avait épuisé ses recours au Royaume-Uni. Rafik Khalifa s'était vu refuser la possibilité d'interjeter appel devant la Cour suprême le 3 décembre 2013 avant d'être renvoyé en Algérie au terme d'une cavale de plusieurs années. Le principal accusé dans cette affaire devra s'expliquer devant la justice sur l'incroyable ascension de son groupe puis de sa descente aux enfers.