La criminalité faunistique doit être sévèrement réprimée, ont estimé hier à Batna les participants à une rencontre sur la lutte contre le trafic d'espèces sauvages. «Le plan d'action dans la lutte contre les crimes d'espèces sauvages devra s'appuyer sur un renforcement des systèmes de répression pour aboutir à une lutte plus sévère contre le commerce illégal qui génère des revenus colossaux», ont précisé les présents à cette rencontre, tenue à l'occasion de la Journée mondiale des oiseaux migrateurs, au siège du Parc national de Belezma (PNB). Le braconnage a engendré «une baisse alarmante de la population des oiseaux migrateurs» transitant par la région, a déploré le directeur du PNB, Saïd Abderrahmani, soutenant que «si le braconnage extensif continue à ce rythme effréné, les efforts déployés au cours des deux dernières décennies en matière de conservation des espèces aviaires seraient vains». Le chardonneret et la sittelle blanche, deux espèces endémiques, victimes des braconniers, connaissent un «rapide déclin», et présentent un risque élevé d'extinction, a alerté ce responsable, rappelant que l'Algérie qui a ratifié toutes les conventions relatives à la protection des oiseaux menacés d'extinction, œuvre sans relâche pour lutter contre cette activité illégale. De son côté, le conservateur des forêts de Batna, Larbi Benachoura, a souligné que des textes de loi existent en Algérie portant protection de ces espèces ornithologiques, notamment la loi de 2006 relative à la protection de 23 espèces ornithologiques. Il a toutefois affirmé que la loi uniquement «ne peut régler ce problème épineux», appelant à organiser davantage de campagnes de sensibilisation ciblant un large public sur les dangers de la criminalité faunique. M. Benachoura a également appelé à assurer «des moyens de subsistance durables» pour la population locale, où, a-t-il soutenu, la pauvreté et le manque d'opportunités économiques «conduisent certains à s'engager dans cette activité illégale». Les intervenants lors de cette rencontre ont dressé un constat qualifié d'«inquiétant», affirmant que le braconnage représente «une sérieuse menace dans la région des Aurès» qui recèle plusieurs espèces en danger. Les réseaux sociaux sont, ont-ils souligné, «de plus en plus utilisés comme des plateformes pour le commerce illégal» d'espèces menacées. «Le sort de ces espèces dépend de chacun de nous, et l'avenir de la vie sauvage est entre nos mains», ont-ils affirmé. Au cours de cette rencontre, l'accent a été également mis sur l'intérêt des oiseaux migrateurs en tant «qu'indicateurs biologiques de l'état de santé des écosystèmes et des zones humides» et en tant que «maillon fort de la diversité biologique», menacée d'extinction à cause d'une activité humaine accrue, ajouté à cela les perturbations climatiques actuelles. Initiée par la Conservation des forêts de Batna en partenariat avec le PNB de Belezma, cette journée, placée sous le slogan «Mettons fin au braconnage et au commerce illégal», a connu la participation d'un panel de chercheurs, d'écologistes, d'ornithologues et d'acteurs associatifs.