Après neuf mois haletants, le Championnat d'Espagne livre son verdict aujourd'hui pour l'ultime journée: le FC Barcelone semble bien parti pour s'adjuger la 24e Liga de son histoire mais le Real Madrid de Zinédine Zidane rêve d'un ultime coup de théâtre. Toute l'Espagne attend fébrilement l'issue du duel pour le titre entre le Barça (1er, 88 pts) et le Real (2e, 87 pts). Cet après-midi (16h), les Catalans seront sacrés s'ils s'imposent à Grenade, qui a déjà assuré son maintien, ou bien si les Madrilènes ne gagnent pas au même moment contre La Corogne, également sauvé. Seul un incroyable effondrement du leader barcelonais offrirait le sacre à la «Maison blanche», sachant que l'Atletico (3e, 85 pts) ne peut pour sa part plus être sacré, en vertu d'une différence de buts particulière défavorable. Si on revoit samedi le Barça fébrile de début avril, le suspense existe. En revanche, si c'est le Barça implacable des quatre dernières journées (21 buts inscrits, aucun concédé), les chances du Real sont minces. Et dans l'atmosphère électrique de cette fin de Championnat, les médias espagnols ont ravivé toute la semaine le spectre des «maletines», ces primes occultes offertes aux clubs arbitres de la course au titre pour qu'ils donnent tout sur le terrain. Pour Barcelone, invaincu pendant 39 matches officiels d'octobre à mars (record espagnol), une sixième Liga en huit ans atténuerait un peu l'élimination en Ligue des champions en avril et la perte du titre européen conquis en 2015. Cela lancerait en outre les Catalans vers un possible doublé avec la finale de la Coupe du Roi le 22 mai contre Séville. «Au vu du nombre de journées passées comme leaders, nous méritons (cette Liga)», a estimé l'entraîneur barcelonais Luis Enrique, dont l'équipe occupe la première place depuis janvier. A l'inverse, pour le Real, un 33e titre national samedi aurait des airs de divine surprise, en particulier pour l'entraîneur Zinédine Zidane. Le Français, nommé début janvier en pleine crise de résultats, a réussi à redresser l'équipe et à la qualifier pour la finale de la C1 contre l'Atletico le 28 mai. «Nous allons montrer jusqu'au bout que nous avons envie d'aller chercher ces deux trophées», a lancé le technicien français, qui devrait récupérer aujourd'hui l'attaquant Gareth Bale et le gardien Keylor Navas, absents le week-end dernier. Les buteurs comme juges de paix Le duel pour le titre comporte aussi un choc de buteurs : le Barcelonais Luis Suarez (37 buts) peut être sacré meilleur marqueur du Championnat s'il devance le Madrilène Cristiano Ronaldo (33 buts), deuxième devant Lionel Messi (26 buts). C'est un petit événement qui s'annonce en Liga si Suarez parvient à conserver son avantage : pour la première fois depuis six ans, le «pichichi» de la Liga pourrait être ni Messi, ni Ronaldo (trois trophées chacun). Le «Pistolero» rejoindrait ainsi au palmarès un autre Uruguayen, Diego Forlan, sacré en 2009. Cela permettrait au passage à Suarez de décrocher aussi le Soulier d'Or de meilleur buteur des championnats européens, une récompense déjà obtenue en 2013-2014 avec Liverpool, à égalité avec Ronaldo (31 buts chacun). «Si on n'est pas champion, si on n'atteint pas les objectifs de groupe, tout cela ne m'intéresse pas», a néanmoins lancé Suarez jeudi. Trois prévenus, deux condamnés En bas de tableau, le dénouement s'annonce cruel dimanche pour Getafe (17e, 36 points), le Sporting Gijon (18e, 36 points) et le Rayo Vallecano (19e, 35 points): deux de ces trois clubs accompagneront Levante (20e) à l'étage inférieur la saison prochaine. Getafe, en déplacement sur la pelouse du Betis Séville dimanche soir, a son destin en main et sera sauvé en cas de victoire. Gijon et le Rayo, de leur côté, doivent espérer un faux pas du club de la banlieue de Madrid pour se maintenir. Et ils joueront leur peau à domicile, respectivement contre Villarreal et Levante.