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Hommage
M'HAMED OUSSAR Un pionnier de l'industrie nationale
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 05 - 2016

Il y a là comme un signe des temps. Au moment où l'Algérie, qui traverse une crise multidimensionnelle annoncée, tente de renouer avec l'économie réelle productive et les activités industrielles, M'hamed Oussar, l'un des pionniers du secteur industriel public naissant, nous quitte.
L'homme était, certes, fatigué mais bénéficiait de soins de qualité. Aussi, l'espoir de le voir se sortir de cette pénible épreuve était partagé par les siens, ses amis et ses compagnons. La triste nouvelle tant redoutée est tombée en ce funeste jour du 5 février 2016. M'hamed Oussar est décédé dans un grand hôpital parisien. Son corps rapatrié en cette Algérie pour laquelle il a tant donné a été inhumé au cimetière de Djenane Sfari le mercredi 10 du même mois.
M'hamed a vu le jour à La Casbah d'Alger le 6 juillet 1935. Il grandit dans le quartier de Bab-El-Oued et poursuit sa scolarité jusqu'à la première partie du baccalauréat qu'il passe au lycée Bugeaud, actuel Emir-Abdelkader. Par la suite, il s'installe à Paris où il entame la grève des étudiants algériens à l'appel du FLN. Après 18 mois de grève, il reprend ses études en passant la deuxième partie du baccalauréat puis en poursuivant des études préparatoires aux grandes écoles au lycée Claude-Bernard à Paris 16e.
En 1959, il intègre sur concours l'Ecole nationale supérieure de chimie de Paris (ENSCP, actuellement Chimie-ParisTech). Il en sortira en juillet 1962 avec le diplôme d'ingénieur.
Pendant toute la durée de ses études, il a contribué à la lutte pour la libération nationale et activé en tant que membre au sein de la Fédération de France du FLN de 1956 à 1962. En particulier, il a défendu la cause du peuple algérien auprès d'intellectuels français de l'époque tels que Jean-Paul Sartre avec qui il se réunissait souvent. Il revient dans son pays l'Algérie avec l'indépendance acquise le 5 juillet 1962.
L'Homme au service de son pays
L'Algérie après une guerre totale de plus de sept années et livrée à la folie meurtrière et destructrice de la sinistre O.A.S, situation aggravée par les luttes pour le pouvoir des différents prétendants, avait besoin de tous ses enfants patriotes et dévoués pour éviter de sombrer dans le chaos. M'hamed, cadre scientifique, compétence rare pour l'époque, rejoint le secteur de l'industrie.
Ils sont une petite poignée avec Liassine Mohamed, Ouaret Messaoud et leurs camarades à relever le défi pour sauvegarder et relancer les maigres activités, abandonnées ou délaissées par leurs propriétaires et souvent à l'arrêt.
Ces jeunes cadres, dans leur majorité sans expérience, feront preuve de courage, d'abnégation, du sens du sacrifice et même de génie pour contenir la situation et commencer à impulser quelques bribes de solutions. La main-d'œuvre algérienne, constituée pour l'essentiel d'ouvriers avec peu de maîtrise et de techniciens, arrive peu à peu à faire redémarrer quelques activités.
Le pétrole et le gaz
Les gisements de gaz et de pétrole ont été découverts et mis en production à partir de l'année 1956. Ils constituaient la principale source dans cette énergie pour l'ancienne métropole qui a longuement manœuvré pour les garder sous son autorité et les négociations avec les dirigeants de la Révolution ont connu du retard et allongé la guerre avec ses lots de martyrs, de veuves, d'orphelins et de destructions. Pour l'Algérie, cette richesse est indispensable pour panser les blessures et procéder aux nombreuses et coûteuses reconstructions. En l'année 1963, l'idée de créer une société nationale des hydrocarbures prend forme avec la création de Sonatrach. M'hamed Oussar sera aussi de l'équipe (formée autour de Bélaïd Abdesselam) pour la mettre en œuvre. Il sera parmi les fondateurs et dirigeants de la société Sonatrach (voir Le pétrole algérien par Hocine Malti), chargé notamment du développement des industries pétrochimiques, inscrites dans le programme général du développement et de valorisation des hydrocarbures Valhyd : le projet résine mélamines, urée, formol devenu l'unité de production d'Arzew, en sera un début.
La série de projets envisagée dans ce cadre n'a pas connu les suites souhaitées. Aujourd'hui, des voix s'élèvent pour tenter quelques relances et réflexions pour élargir les productions.
Les industries chimiques, pharmaceutiques et diverses :
L'Algérie des colons disposait d'un embryon d'industries dites chimiques, constituées de petits ateliers et unités avec des activités limitées à des formes de montage (mélanges de produits et leurs conditionnements) ou à des processus relativement simples :
Fabrication de produits d'entretien : Javel, cristaux de soude.
Fabrication de savons et de détergents.
Fabrication de papier à partir de l'alfa.
Fabrication de peintures.
Fabrication de bouteilles en verre, etc.
Ces unités délaissées par leurs propriétaires ont été reprises par les travailleurs regroupés dans des comités de gestion qui donneront ultérieurement naissance à la Snic avec feu Ali Lounici comme directeur général.
À partir de 1973, M'hamed Oussar est désigné comme nouveau directeur général. Après avoir pris connaissance des lieux, des moyens humains et matériels, il décide de lancer le plan de développement de ces différents produits.
En relation avec son frère aîné Mohamed (directeur général de la Snerie) et en application des décisions ministérielles, les activités de la Snic sont élargies aux projets initiés par la Snerie dans les domaines de la pharmacie, du verre, des céramiques et autres produits explosifs à usage civil. La Société nationale des verres et céramiques (SNIV) est rattachée à la Snic. M'hamed Oussar réussira l'intégration des travailleurs et des activités et impulsera les développements. Il montrera notamment ses talents de négociateur, de stratège et manager dans le lancement et la mise en œuvre des projets et en particulier pour celui destiné à la fabrication des antibiotiques, première réalisation de l'Algérie dans ce domaine, entreprise devenue actuellement Saidal. Les salles blanches pour la synthèse des antibiotiques à Médéa furent les premières sur le continent africain. M'hamed a déployé à la fois des efforts pour réunir les conditions pour acquérir les technologies et lancer la réalisation, mais aussi pour parvenir à l'achèvement des travaux et la mise en production des installations, dont l'intérêt a été remis en cause.
Ces sujets importants méritent certainement des développements plus longs pour mieux cerner les qualités de l'homme, lequel a profondément marqué son passage à la tête des industries chimiques.
La base industrielle importante qui a pu être mise en place est de nature à servir pour d'autres réalisations. L'homme était d'abord un bâtisseur, mais il accordait aussi l'attention nécessaire aux résultats, donc à la gestion. Pour cela, il a aussi initié de nombreuses actions de formation et d'organisation. Ses collaborateurs sont nombreux à avoir bénéficié de son coaching, de ses conseils et des occasions de perfectionnement qui leur ont été offertes.
Pour cet homme rigoureux, déterminé, même perfectionniste et donc exigeant, le devoir de chacun et de tous est de bien maîtriser son domaine d'activité et d'être à la hauteur des défis à relever pour demeurer compétitif.
Il était le premier à donner l'exemple, par sa présence, son assiduité et son esprit de sacrifice. L'entreprise et le travail d'abord, souvent en prenant sur le temps de sa famille. Cet homme, arrivé très jeune aux responsabilités, a su prendre la dimension des problèmes auxquels il est confronté et donc des exigences de formation, d'information et des impératifs de délai.
De nombreux agents ont pu bénéficier de stages animés par des experts de l'Onudi, de la Banque mondiale, dans les instituts nationaux comme l'Inped et dans le cadre des nouveaux projets.
La maîtrise des technologies acquises constituait pour lui un domaine d'attention prioritaire. L'organisation mise en place est évoluée pour l'adapter aux besoins de développement et de diversification, en assurant la cohérence du système : Emetteur, Véhicule, Récepteur. Il s'investit dans les contenus des documents, contrats, annexes techniques, manuels techniques, conception des ouvrages, des programmes de formation et profils des agents.
Les bureaux d'étude et les laboratoires de recherche sont considérés comme les véhicules indispensables pour concrétiser les transferts de connaissances et de méthodologie opérationnelle.
Il quitte l'entreprise Snic au début des années 1980 pour le ministère des Industries légères en qualité de directeur général des industries chimiques et des matériaux de construction. Il occupera aussi le poste de secrétaire général du secrétariat d'Etat du commerce extérieur et celui de fondateur et administrateur du Fonds de participations des industries chimiques.
Oussar et les réformes
M'hamed a toujours inscrit ses activités dans un processus dynamique. Pour lui, les réformes sont nécessaires, voire indispensables. Il fut commissaire à l'organisation et à la gestion des entreprises.
Pour les entreprises publiques en difficulté à partir des années 1980, il partageait les démarches à même de permettre leur pérennité et développement dans le cadre de stratégie d'alliance et de participation.
Au cours d'entretiens en son bureau du Fonds de participations, il développait certaines idées où il mettait en avant les facteurs favorables qu'il convenait de souligner :
Le marché algérien est important et solvable.
Les unités industrielles construites sont relativement récentes et les technologies utilisées sont équivalentes à celles des pays développés.
La main-d'œuvre est relativement formée avec des besoins limités pour son perfectionnement.
Les coûts des facteurs, main-d'œuvre et énergie sont aussi favorables.
Dans le cadre des partenariats à négocier, il conviendrait de bien cibler et identifier les apports attendus des éventuels postulants :
Une contribution financière évaluée sur la base de la valeur réelle actualisée des activités proposées.
Une mise à niveau réelle et suffisante des capacités installées et leur utilisation optimale.
Une gamme de produits mise à jour pour répondre aux besoins du marché intérieur et à l'exportation.
Un niveau d'exportation de 30% des productions filialisées.
Une chaîne logistique optimisée et rationalisée.
Une main-d'œuvre mise à niveau avec l'expertise nécessaire pour répondre aux besoins de compétitivité et de qualité.
Enfin, il convient aussi de souligner que M'hamed était un partisan convaincu et convaincant d'une industrialisation méthodique, rentable et suffisamment intégrée pour résister aux aléas de l'environnement externe en particulier. Au milieu des années 1980, il disait : «Revoir, corriger, améliorer les activités industrielles, cela relève du bon sens et des besoins pour mieux faire. Il n'est cependant pas indiqué de tout remettre en cause. Il arrivera un moment, où un PAP pour l'industrie s'imposera. Il faut seulement espérer qu'il ne sera pas trop tard et que l'Algérie aura les moyens pour cela.»
Repose en paix. Toi, le brave ! Le juste !
Il y a beaucoup à dire de toi et pour toi !
A. L.
(*) Ex-directeur des projets et du développement de la Snic.


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