Radiation à vie confirmée pour le président de l'US Chaouia, Abdelmadjid Yahi, 10 matchs de suspension pour Chaouchi (MC Alger) et 4 pour Belhani (ES Sétif) : la dernière réunion de la commission de discipline de la Ligue de football professionnel a été pour le moins «détonante». Une session extraordinaire, faut-il le souligner, puisqu'il s'agissait de reprise de quelques dossiers «laissés ouverts pour complément d'informations». La commission de Abdelhamid Haddadj et Saïd Guidouche a d'abord pris le soin de sanctionner de manière définitive le chairman du club d'Oum El-Bouaghi, coupable de déclarations incendiaires envers les officiels des instances du football national et qui, par ailleurs, a reconnu avoir trempé dans la combine. La CD/LFP ne manquera pas d'expliquer que les sanctions prononcées à l'encontre du président de l'USC font suite « aux déclarations aux médias faisant état d'arrangement de matchs par le concerné et réitérées au cours d'une émission TV en date 8 mai 2016.» Dans ses attendus, la commission de discipline met en avant la déclaration du boss de l'USC faite au cours d'une émission télévisée au cours de laquelle «l'intéressé a reconnu avoir arrangé des rencontres contre payement sur ses propres deniers», ce qui, de l'avis de la commission de Haddadj, est un «acte imprescriptible» au regard de la loi, il a été décidé d'interdire «toute fonction et/ou activité en relation avec le football» à Abdelmadjid Yahi qui devra, par ailleurs, s'acquitter d'une amende de 200 000 DA. A vrai dire, la sanction de M. Yahi n'a rien à voir avec ses «aveux» faits à propos de compétitions à une époque où l'illicite était légalisé. C'est la conséquence directe de ses insinuations à propos de connivences de personnes émargeant au niveau de la FAF avec les clubs directement concernés par l'arrangement du match CRBAF-ASK, en l'occurrence le vice-président de la FAF, Djahid Zefzef qu'il a cité nommément sur le plateau d'El-Heddaf TV. L'un des plus anciens présidents de club en activité a déjà fait l'objet en 2010 d'une radiation à vie pour le même motif, à savoir «déclarations portant atteinte à l'honneur» des responsables de la fédération et de la ligue de football professionnel. Une sanction levée par les instances du football sans qu'il y ait des mesures de grâce solennelle, M. Yahi qui a intercédé auprès de ces «connaissances» ayant tout le temps exercé ses fonctions sans être inquiété. Chaouchi, la sanction de trop ! Auteur d'un énième dérapage, le portier du MC Alger, Fawzi Chaouchi n'a pas échappé, une fois n'est pas coutume, à la loi du talion. La commission Haddadj a pris son temps pour étudier les rapports des officiels et les documents se rapportant aux incidents ayant émaillé la fin du match MCA-ESS (2-2) disputé le 27 mai dernier au stade Omar-Hamadi(Alger). Une rencontre comptant pour l'ultime journée du championnat à laquelle le natif de Bordj Menaïel n'était pas censé prendre part en raison d'une blessure à la cheville qui l'a contraint à mettre le plâtre. Le médecin du club lui ayant même prescrit une indisponibilité minimale de dix jours. Chaouchi, qui s'est présenté aux Oscars du journal Maracana s'appuyant sur des béquilles, a-t-il reçu l'autorisation du médecin de l'équipe pour enlever le plâtre et prendre part au match en question ? Le docteur Benabdelwahab qui a déjà sur la conscience la suspension de Merzougui pensait-il Chaouchi «capable» de disputer la rencontre avec un pied ? En tout cas, le gardien mouloudéen paie cash son attachement inconsidéré au club algérois. La commission de discipline de la LFP estimant que «l'agression sur le gardien Belhani par Chaouchi a pu être l'une des causes de la blessure causé au gardien nécessitant un arrêt de travail de 90 jours» a décidé de suspendre, à la lumière de «pièces versées au dossier, et aux rapports des officiels de la rencontre, ainsi qu'après audition des deux gardiens et visionnage d'images du match», Chaouchi pour dix matchs, environ cinq mois, en sus d'une amende de 100 000 DA. Une sanction attendue mais qui reste discutable dans la mesure où la présumée agression de Belhani par Chaouchi a entraîné une (première) incapacité de 45 jours prescrite par un médecin légiste établi à Sétif. D'où sort donc cette «expertise» qui énonce un arrêt de travail pour Belhani de l'ordre de 90 jours ? S'il est vrai que cette expertise de contrôle a été demandée par la commission de discipline de la LFP est « légale », la durée d'indisponibilité induite par l'agression ne peut être supérieure à celle prononcée par le premier médecin, celui de Sétif. Pour revenir aux images TV sollicitées pour trancher l'affaire, la CD/LFP n'apporte aucun élément de culpabilité physique du gardien du MCA dans l'agression. C'est plutôt une tentative d'agression de Chaouchi qui a échoué dès lors que l'entraîneur des gardiens de l'ESS et le supporter qui a fait irruption sur le terrain ont précipité la chute de Belhani. A moins que les images de la LFP proviennent d'une autre source (caméra de la police nationale, par exemple), celles produites par les caméras d'El-Heddaf TV et Dzair TV innocentent Fawzi Chaouchi dont la responsabilité est d'avoir parcouru une partie du terrain pour rejoindre le «champ de bataille». Belhani, simple victime ? Une bataille qu'a provoquée le gardien de l'ES Sétif que la commission Hadjadj a reconnu «coupable d'un geste anti-sportif envers le public» et l'a suspendu pour 4 matchs en sus d'une amende de 50 000 DA. Pourtant les images accablent fortement Abderaouf Belhani coupable d'incitation à la haine et à la violence dès lors qu'il a répondu aux supporters en re-balançant les projectiles jetés par ces derniers. Un comportement qui a nécessité l'interruption momentanée du match tel que mentionné par les officiels sur la feuille de match et les différents rapports et à propos desquels la CD/LFP a pris les mesures qui s'imposent (deux matchs de suspension pour le MCA et un à l'encontre de l'ESS). Au lieu de retenir le point 1 de l'article 65 du code disciplinaire (incitation à la haine ou à la violence) qui précise que «si l'infraction est commise via un média (presse écrite, radio ou télévision) ou si elle a lieu le jour du match à l'intérieur de l'enceinte du stade ou dans ses abords immédiats, l'amende est doublée», celle entraînant une sanction de 10 matchs de suspension et 100 000 DA d'amende (celle infligée à Chaouchi, en somme), Haddadj et compagnie ont trouvé suffisant d'appliquer le point 2 (provocation du public) de l'article en question lequel stipule que «tout joueur ou dirigeant qui provoque le public est sanctionné par une suspension de quatre (04) matchs de suspension fermes et une amende de cinquante mille dinars (50 000 DA). Ce qui s'appelle une lecture erronée des textes ou, tout simplement, du «deux poids, deux mesures». A bon entendeur !