Le mois de Ramadhan approche de sa moitié. Le grand rush sur les produits alimentaires est bien derrière. Depuis quelques jours, les prix des fruits et légumes ont fini par baisser et surtout par se stabiliser. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Fini l'affolement des consommateurs, fini le grand rush sur les étals de fruits et légumes. La première dizaine du mois de Ramadhan semble avoir eu raison de leur porte-monnaie. Aujourd'hui après treize jours de jeûne, les gens réfléchissent mille fois avant de dépenser. Hier, au marché T'nache à Belouizdad (Alger), les étals de légumes sont restés bondés durant toute la matinée. La vente semble ne pas être à son summum. Pourtant, les prix affichés n'ont rien à voir avec ceux des premiers jours de ce mois sacré. Ils ont tout de même connu une sacrée baisse, et ce, depuis quelques jours déjà. La courgette, la carotte et l'aubergine sont proposées à 70 dinars le kilogramme. La tomate, le poivron et la laitue sont cédés à 100 dinars alors que le piment et le haricot sont vendus à 120 dinars. La pomme de terre et l'oignon ont maintenu leur prix depuis l'avant-Ramadhan en affichant 40 dinars le kilo. «Les prix des légumes sont pratiquement ceux exercés avant le mois de jeûne. C'est d'ailleurs, mieux que les années précédentes où durant ce mois, la courgette a atteint 300 dinars le kilo. Aujourd'hui, regardez, elle est à 70 dinars. Vous voyez la différence !», dira une jeune femme. La quadragénaire qui vient de régler une somme de 360 dinars pour trois kilogrammes de pomme de terre, un kilo de carotte, un autre d'aubergine et encore un autre kilo de poivron s'apprête à quitter l'étal des légumes. «Ce sont les courses de deux jours», dit-elle encore. En ce vendredi, jour de repos pourtant, les clients se font rares. «Regardez ma pomme de terre, elle est belle ma pomme de terre. Elle est de Oued Souf», ne cesse de crier Rahim, marchand de légumes. Amadoué par cette criée, un jeune couple s'arrête devant l'étal achalandé de marchandises. Après quelques secondes de réflexion, la jeune femme chuchote à son mari : «Quatre kilos», «Donnez moi quatre kilos de pomme de terre», lance à son tour le mari. Le vendeur ne se fait pas prier pour entamer la pesée de la commande. L'accroche de Rahim a vite donné son résultat. «Elle est belle ma pomme de terre, elle vient de Oued Souf», ne cesse-t-il de répéter aux passants. «Elle est vraiment belle cette pomme de terre», lui répond une vieille dame qui s'attarde devant son étal de légumes avant de passer commande. «Un kilo de pomme de terre et un kilo de poivron», demande-t-elle au vendeur. «C'est tout ce que je peux acheter. Ça suffit pour le plat du jour», dit-elle encore, comme pour justifier sa courte liste de commande. Côté fruits, les vendeurs chôment autant que les vendeurs de légumes. Ici par contre, les prix sont brûlants. Installée sur les étals comme une reine, la cerise ne descend pas de 750 dinars le kilogramme. La pomme et la pêche s'imposent avec 350 dinars. La figue est proposée à 250 dinars et la banane à 200 dinars. L'abricot et la fraise restent les fruits les moins chers avec pourtant 150 dinars le kilo. La plupart des marchands de fruits ont opté pour le non-affichage des prix. Une stratégie qui, selon eux, attire mieux les clients. «Quand le client s'arrête à l'étal et demande le prix, généralement, il finit par céder et acheter ne serait-ce qu'une modeste quantité de fruits», explique un jeune vendeur de fruits. Pourtant, avoue-t-il, «faute d'affichage, la semaine dernière, j'ai dû payer une amende de dix mille dinars». Au vu de sa «tactique», qui semble fonctionner, ce commerçant s'entête et n'hésite pas à récidiver. «Donnez-moi l'équivalent de 100 dinars d'abricot», demande une vieille dame au vendeur. «Tout est cher, les faibles revenus ne peuvent pas se permettre les fruits», dit-elle, l'air triste par cette amère réalité.