Novak Djokovic et Serena Williams, n°1 mondiaux et tenants du titre à Wimbledon, ont l'occasion de marquer un peu plus l'histoire du tennis de leur empreinte lors de l'édition 2016 du prestigieux tournoi anglais, qui débute aujourd'hui. En étant sacré début juin à Roland-Garros, Djokovic a déjà inscrit son nom dans les annales en devenant le premier joueur depuis Rod Laver en 1969 à détenir les quatre trophées majeurs simultanément. Pour le Serbe il s'agit maintenant de frapper encore plus fort en gagnant les quatre «Majors» sur une année. Avec une quatrième victoire à Londres, après celles de 2011, 2014 et 2015, il n'aurait alors qu'à conserver son titre à l'US Open pour accomplir ce fabuleux prodige, réalisé pour la dernière fois par l'Australien Laver il y a 47 ans. Le Grand Chelem calendaire a longtemps semblé un rêve inaccessible. Car ni Roger Federer, le recordman des titres majeurs (17), ni Rafael Nadal (14), ne l'ont fait. Mais Djokovic, en quête d'un 13e trophée majeur, est si écrasant de supériorité depuis un an que le rêve commence à prendre forme. «Je suis au sommet de ma carrière mais j'ai encore la possibilité de m'améliorer dans certains secteurs», assurait-il hier, à la veille d'affronter le Britannique James Ward (177e mondial). En cas de succès, il deviendrait le deuxième tennisman de l'histoire seulement à empiler cinq titres majeurs à la suite, après l'Américain Donald Budge en 1937-1938. Il a fait tomber la dernière barrière pour une somptueuse carrière aux Internationaux de France, grâce à sa force mentale et aussi un coup de pouce du destin car ni Nadal (abandon avant le troisième tour), ni Federer (forfait) n'étaient là pour contrarier ses plans. «Djoko» pas gâté Ce sacre parisien devrait libérer davantage le Belgradois, qui a eu besoin de «(se) régénérer» en coupant un peu avec le tennis après Paris. Fidèle à ses habitudes, il n'a disputé qu'un match-exhibition en trois semaines. «Je me suis beaucoup entraîné lors des quatre ou cinq derniers jours, le plus possible dans des conditions de match», souligne Djokovic, qui devra se méfier car le tirage n'a pas été clément pour lui lors de ce cru 2016 marqué par un renforcement de la sécurité, des contrôles antidopage et de la surveillance des paris sportifs. Federer s'annonce sur sa route pour les demi-finales, alors que le n°2 mondial Andy Murray a hérité à ce niveau de l'autre Suisse, Stan Wawrinka, dont le gazon n'est pas la meilleure surface. Avant cela, le n°1 mondial pourrait croiser Milos Raonic lors des quarts de finale. Le Canadien de 25 ans, demi-finaliste en 2014 et conseillé depuis peu par John McEnroe, triple lauréat du tournoi, est l'un des plus sérieux outsiders du tournoi. Andy Murray est lui aussi cornaqué par une ancienne légende du tennis: Ivan Lendl. L'Américano-Tchèque, huit titres majeurs dans les années 80-90, aide de nouveau son poulain britannique qu'il avait guidé vers ses plus belles victoires (US Open 2012, JO-2012, Wimbledon 2013), avant de faire une pause. Murray est l'un des rares joueurs susceptibles de stopper la course folle de Djokovic. Tout comme Federer s'il retrouve son meilleur niveau. Un 22e «Majeur» pour Serena ? Le «Maître» vit une période compliquée à cause des blessures (genou puis dos). Il n'a toujours pas gagné de tournoi cette année, y compris sur le gazon de Stuttgart et de Halle. «J'ai au moins réussi à rejouer, c'était crucial pour moi de savoir que mon corps pouvait supporter des matchs de haut niveau», relativise Federer. Serena Williams traverse elle aussi une période délicate. La reine de la WTA a perdu ses couronnes en finale à Melbourne et Paris et, avec 21 titres majeurs au compteur, reste toujours à une longueur du record dans l'ère professionnelle (depuis 1968), établi par l'Allemande Steffi Graf. Mais une nouvelle occasion se présente à elle à Wimbledon, à moins que la concurrence, décomplexée, à l'image de Garbine Muguruza, lauréate à Roland-Garros, ne déjoue encore ses plans.