Déchet technique, maîtrise stérile du ballon, équipe bousculée par l'Irlande du Nord: Gareth Bale est en pleine réussite avec le Pays de Galles, mais ce talent individuel sera-t-il suffisant pour franchir une marche de plus en quart de finale ? Où est passée l'équipe qui a corrigé la Russie en phase de groupes? Face à l'Irlande du Nord, les Gallois ont longtemps balbutié leur football, peinant à véritablement inquiéter le gardien Michael McGovern et s'en tirant avec un but contre son camp au moment où ils étaient le plus bousculés. Cela tient bien sûr en partie aux conditions particulières de ce match. «C'est toujours difficile contre des Britanniques», a décortiqué le sélectionneur Chris Coleman, qui avait déjà vu son équipe s'incliner dans les derniers instants du match de poule contre l'Angleterre. «On était angoissés, nerveux. Il ne fallait pas tomber dans l'émotion parce que c'était un voisin.» «On n'a pas du tout bien joué mais ce n'est pas de notre faute car l'Irlande du Nord a fait ce qu'elle sait très bien faire en compliquant la tâche de l'adversaire», a encore estimé le sélectionneur gallois. «C'est toujours compliqué contre les équipes d'O'Neill (le sélectionneur nord-irlandais, ndlr). Il n'y a rien de facile, il sait frustrer l'adversaire.» Les Nord-Irlandais avait effectivement déjà tenu tête à l'Allemagne dans la compétition et, portés par des supporters exceptionnels qui ont encore chanté jusqu'au coup de sifflet final, ils auraient presque pu espérer se qualifier à la place du Pays de Galles. Ramsey et aussi Allen Mais ce dernier a ce que l'Irlande du Nord n'a pas: un joueur de classe mondiale. Gareth Bale en est à trois buts depuis le début de l'Euro, et c'est lui qui a provoqué le seul but du match, d'un centre «fantastique», selon celui qui l'a expédié dans ses propres buts, Gareth McAuley. Le Madrilène est en forme, malgré quelques imprécisions samedi. Et, avec le joueur d'Arsenal Aaron Ramsey capable de faire basculer le match sur un geste génial et le besogneux milieu de Liverpool Joe Allen, qui harcèle les adversaires et récupère les ballons, les Gallois peuvent s'appuyer sur ce trio pour franchir une marche de plus en quart de finale, cap déjà historique pour une sélection «bizuth» à l'Euro. Défensivement, elle n'a toutefois pas semblé aussi sûre d'elle que n'ont pu le montrer d'autres novices dans cet Euro. Et face à un adversaire qui abandonne la possession de balle avant de presser haut, le Pays de Galles, plutôt taillé pour la contre-attaque, a semblé très mal à l'aise. Sa prestation future dépendra donc logiquement de la nature de l'adversaire, une équipe qui tient le ballon ou une équipe qui laisse jouer les Gallois, pas forcément à l'aise dans cette configuration. «Je dis aux gens de continuer de rêver», insiste Chris Coleman. Forcément, tant que Bale est en forme...