Les fédérations internationales ont entamé le tri des sportifs russes en vue des JO de Rio, avec un zèle et une rigueur à géométrie variable, deux jours après avoir été missionnées par le CIO pour éliminer les sportifs susceptibles d'être coupables de dopage. Le Comité olympique russe (ROC) a procédé à un premier écrémage lundi en retirant de sa liste quatre nageurs, un lutteur et deux haltérophiles coupables de précédentes infractions aux règles antidopage, un critère que le CIO avait fixé comme rédhibitoire. LES FEDERATIONS REACTIVES Les fédérations les plus réactives (aviron, canoë, natation) ne sont certes pas allées aussi loin que l'athlétisme, qui avait suspendu l'ensemble de la Fédération russe en novembre, pour ne finalement repêcher qu'une seule athlète, Darya Klishina, sur les 68 inscrits. La natation (Fina) a ajouté lundi trois nageurs à la liste des indésirables présentée par le ROC, dont la star Vladimir Morozov. Tous étaient cités dans le rapport McLaren comme ayant bénéficié des manipulations de leurs échantillons. Le canoë (ICF), qui avait déjà exclu totalement les concurrents roumains et bélarusses, a pour sa part sanctionné cinq canoéistes et kayakistes russes engagés dans les épreuves en ligne, dont le champion olympique en titre du K2 200 m, Alexander Dyachenko. Une disqualification qui permettra à quatre pays d'engager des bateaux supplémentaires. L'aviron (Fisa), qui avait déjà disqualifié trois rameurs lundi sur la base de ce rapport McLaren, se penche désormais sur les contrôles antidopage des 25 Russes encore en partance pour le Brésil. Pour vérifier si ces contrôles sont crédibles pour les qualifier de «propres». Hier, le volley-ball a annoncé la non-participation d'un joueur, contrôlé positif au meldonium, sans pour autant compromettre la participation de l'équipe. De son côté, le pentathlon moderne a exclu Maxim Kustov et Ilia Frolov, triple champion du monde. LES FEDERATIONS AU TRAVAIL Parmi les décisions les plus attendues, dans la foulée du verdict du CIO dimanche, celle de l'Union cycliste internationale (UCI). Parmi les dix-sept cyclistes russes engagés dans toutes les disciplines, au moins deux pourraient faire les frais du critère imposé par le CIO selon lequel les sportifs russes contrôlés positif au cours de leur carrière ne sont pas éligibles au jeux. Il s'agit d'Olga Zabelinskaya et Ilnur Zakarin, tous deux qualifiés pour l'épreuve sur route. La fédération internationale de gymnastique (FIG), discipline où les Russes excellent, a annoncé être au travail pour vérifier l'éligibilité de ses 20 sportifs engagés. Idem pour la boxe avec les 11 qualifiés russes pour Rio, la lutte pour laquelle 17 Russes avaient été retenus, ainsi que le triathlon (6 athlètes) et le tennis de table (3). L'équipe féminine de handball sera elle entièrement testée dans les jours qui viennent. L'haltérophilie, dont la fédération internationale (IWF) n'avait pas hésité, comme l'IAAF, à bannir une délégation entière (la Bulgarie), revoit actuellement les huit CV des qualifiés, avec forcément en tête le chiffre de 117, le nombre de cas d'haltérophiles russes cités dans le rapport McLaren. Enfin l'escrime (FIE), présidée par le Russe Alisher Ousmanov, serait également au travail, ce qui n'a pas empêché les 16 tireurs de la délégation initiale de prendre un vol pour le Brésil. LES FEDERATIONS RECALCITRANTES La palme de la mauvaise volonté revient sans conteste au patron du judo mondial, l'Autrichien Marius Vizer, proche de Vladimir Poutine. Quelques heures après la déclaration du CIO, dimanche, sa fédération s'était fendue d'un communiqué expliquant que tous les participants potentiels aux Jeux avaient suffisamment été testés hors compétition et qu'à ce stade les 11 Russes qualifiés étaient partants pour Rio. Huit judokas apparaissent pourtant dans le rapport McLaren. LES FEDERATIONS NON CONCERNEES Si certaines instances n'ont pour l'instant donné aucun signe de vie (taekwondo, golf, tir, basket), le tennis, l'équitation, la voile, le tir à l'arc ont fait savoir qu'ils ne se sentaient pas concernés par les requêtes du CIO, aucun engagé russe n'ayant été contrôlé positif par le passé ni cité dans le rapport de la commission indépendante de l'AMA. Le football et le hockey sur gazon n'avaient eu aucune équipe russe sélectionnée à Rio.