Le moudjahed Rachid Adjaoud, ancien officier de l'ALN, membre du secrétariat du Congrès de la Soummam et secrétaire personnel du colonel Amirouche, s'est éteint dans la matinée d'hier dimanche à l'âge de 79 ans à Seddouk (Béjaïa). Ancien secrétaire de la Wilaya III historique, directeur des hôpitaux durant une trentaine d'années, député à la deuxième législature et membre du Comité central du FLN, Rachid Adjaoud était considéré comme l'un des derniers compagnons encore en vie du colonel Amirouche. Le moudjahed Rachid Adjaoud est né le 2 février 1937 à Seddouk, quatrième enfant d'une modeste famille, fut scolarisé en 1944 à l'école primaire du village Seddouk Ouadda où il obtient son certificat d'études en 1953. Durant sa scolarité, il est arrêté avec un autre camarade de classe pour avoir écrit sur le mur de l'école : «Libérez Messali». Tabassé puis relâché, il sera étroitement surveillé. Il décida alors de mettre fin à ses études. Après son arrestation, Rachid Adjaoud prit conscience qu'il ne fallait pas rester en marge de cette guerre de Libération. Il trouva un emploi comme vacataire à la mairie de Seddouk et adhéra à une cellule du MTLD avec d'autres compagnons. Dès 1955, il créa avec ces mêmes militants la première cellule de moussabiline et pris le maquis en 1956. Au Congrès de la Soummam, le 20 août 1956, il fait partie du secrétariat de ce même congrès avec Tahar Amirouchène, Hafid Amokrane et Hocine Salhi. Depuis cette date, il fut choisi par le colonel Amirouche pour être dans son équipe. Le colonel Amirouche lui confia plusieurs responsabilités au sein de l'ALN et ne le quitta qu'une quinzaine de jours avant son départ en Tunisie et sa mort à Boussaâda. Membre de la commission de cessez-le-feu en 1962, il quitta l'ANP en avril 1964 à sa demande avec plusieurs blessures de guerre. Dans son dernier ouvrage (mémoires) intitulé Le dernier témoin, scindé en deux tomes, le secrétaire personnel du colonel Amirouche est revenu sur les origines et les méandres de la Révolution algérienne et tout ce qu'elle implique comme sujets sensibles, à l'exemple de ce que recèlent la période 1945-1954, la Seconde Guerre mondiale et comment l'occupant a essayé de juguler le Mouvement national, l'origine des événements du 8 Mai 1945, la région de Seddouk (Béjaïa), la Wilaya III et la région de Sétif, les colonels Amirouche et Si El Haouès, le Congrès de la Soummam, la mort de son confrère Salhi Hocine qui a travaillé avec lui dans le secrétariat du Congrès de la Soummam. Rachid Adjaoud a évoqué également dans son ouvrage son enfance en Kabylie, les martyrs et frères, cheikh El Fodil El Ourtilani, cheikh Laïfa de Sétif, Saïd l'Indochine, Si Mohand Akli Naït Kaâbache, Arezki Laure, le médecin Benabid, des hommes légendaires, selon lui. Acteur et témoin, cet ancien officier de l'ALN ne se dit pas héros de la guerre de Libération nationale, mais proclame l'authenticité de ses documents et l'effort de partager son témoignage poignant avec les nouvelles générations et ce, à travers le rôle qu'il y a joué. L'enterrement du moudjahed, ancien officier de l'ALN, Rachid Adjaoud est prévu dans son village de Tibouamouchine aujoud'hui à partir de 14h.