Le musée régional du moudjahid de Tizi-Ouzou a organisé, dans la journée d'hier, une journée commémorative en hommage au Chahid Hadni-Saïd, dit Si l'Hakim, lieutenant de l'ALN et militant nationaliste au long cours, et qui, aussi, exerçait les fonctions de commissaire politique durant la Révolution. De nombreux citoyens, des représentants des comités des villages de la commune d'Irdjène d'où était originaire le chahid Saïd-Hadni dont de nombreux compagnons d'armes et moudjahidine ont pris part à cet événement qui a vu aussi la présence des représentants d'associations de fils de chahid, d'organismes institutionnels, les P/APC d'Irdjène et de Larbaâ-Nath-Irathène ainsi que de nombreux autres invités comme Aziz Derouaz, ex-ministre de la Jeunesse et des Sports qui s'est dit «fier et honoré» d'être parmi les invités de cet événement commémoratif. «Un moment important pour cultiver la mémoire et lutter contre l'amnésie et l'oubli», soulignera l'ex-ministre. Un avis que développeront, à leur manière, les autres intervenants, des moudjahidine et des compagnons d'armes du chahid dont ils ont salué le long parcours de celui qui a été militant nationaliste au sein du PPA/MTLD, a exercé les fonctions de commissaire politique et qui est tombé au champ d'honneur en tant que lieutenant de l'ALN, qui «était estimé de la population pour sa droiture et son sens de la justice, raison pour laquelle il était, souvent, sollicité pour résoudre les conflits entre les citoyens dans les villages des Aït Irathène, d'où son surnom de Si l'Hakim», ont témoigné de nombreux moudjahidine qui ont, en outre, souligné ses qualités d'organisateur et de meneur d'hommes. Un aspect du parcours du chahid qui a été mis en évidence par Salah Mekacher, ancien maquisard de la Wilaya III historique, où il était secrétaire auprès des colonels Amirouche et Mohand Oulhadj et auteur de deux livres de témoignage sur la guerre de Libération nationale, soulignant que le lieutenant Hadni-Saïd (Si l'Hakim) a joué un rôle important dans la préparation, l'organisation matérielle et logistique ainsi que dans la sécurité du congrès de la Soummam. Tous ces témoignages ont fait suite à la présentation d'un film documentaire retraçant le parcours militant et les faits d'armes du chahid Hadni-Saïd, né en 1919 à Boudjelil, village de la commune d'Irdjène dans la daïra de Larbaâ-Nath-Irathène. A 23 ans, il adhère au PPA à Alger où il était employé à l'hôpital El Kettar (Bab-El-Oued). Peu de temps après, il intégrera le journal Alger Républicain en tant que correspondant à Alger. Il est devenu membre actif de l'OS, l'organisation paramilitaire du PPA/MTLD dès sa création en 1947. Peu de temps après, il a quitté Alger en compagnie d'une autre figure de la Révolution Amar-Ath-Cheikh, originaire de Aïn-El-Hammam et a entrepris de recruter des militants à enrôler dans l'OS. Il a connu une première arrestation au mois d'octobre 1947,à l'ex-Fort National suite à sa prise de position contre le refus imposé aux militants d'assister à la surveillance des élections communales auxquelles le PPA/MTLD avait décidé de prendre part. A Larbaâ-Nath-Irathène, il se fera encore arrêter le 4 octobre 1948, suite au saccage des boîtes de vote lors des élections de l'Assemblée algérienne. A sa libération après sa courte détention, il se signalera par l'incendie d'un café au village Tamazirt (Irdjène) connu pour être le lieu de rassemblement des militaires français. Reconnaissant en lui des qualités de militant actif et déterminé, Krim Belkacem lui a confié la mission de collecter des cotisations auprès des militants de la région des Ath-Irathène. Le même Krim Belkacem le promut au grade d'officier et de commissaire politique en 1955. Auparavant, et consécutivement à la crise anti-berbériste survenue au sein du PPA/MTLD, il a quitté l'Algérie pour se rendre à Besançon, en France, pour ne revenir en Algérie qu'avec le déclenchement de la Révolution durant laquelle il se signalera par ses nombreux faits d'armes. On retiendra aussi qu'il a eu à escorter Abane Ramdane en route pour le congrès de la Soummam pour l'organisation matérielle, logistique et sécuritaire où il prit une part active, selon les témoignages des moudjahidine. Le 2 novembre 1957, le lieutenant Saïd Hadni tombera, à l'âge de 40 ans, sous les balles de l'armée coloniale, dans une embuscade qui leur a été tendue, lui et un groupe de combattants, au village Arous, près de Larbaâ Nath-Irathène.