De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Elles sont médecins, ingénieures, diplomates, architectes, avocates, officiers dans l'armée de libération de leur peuple, enseignantes. Elles sont belles et altières et, surtout, résistantes. Feu le Président Mohamed Abdelaziz disait d'elles : «Les femmes sahraouies ne sont pas derrière les hommes pour repousser le colonialisme marocain, mais à leurs côtés et souvent à l'avant-garde.» Les parlementaires européens ont donc eu la bonne idée de leur donner la parole. Elles l'ont prise. Jira Boulahi, ambassadrice, représentante du Polisario en Espagne et membre du secrétariat national du mouvement de libération, Djadiyetou El Mokhtar, responsable du département international des femmes sahraouies (UNMS) ont longuement parlé de l'organisation des camps de réfugiés, les mieux disciplinés du monde, de la façon experte avec laquelle les femmes, chevilles ouvrières de l'édifice de la résistance, font face aux études des enfants, aux impératifs de transmettre l'histoire, d'avoir un œil vigilant sur la «mémoire»... Les autres, elles étaient six à avoir fait le déplacement de Bruxelles, ont complété le tableau de la résistance. «Nous ne voulons pas dépendre de l'aide humanitaire, qu'on nous vole pas nos richesses naturelles et on n'aura besoin de personne.» Sur un autre registre, il a été soulevé la question de la coordination internationale de soutien aux femmes sahraouies. L'une des intervenantes, Irantzu Mendir Azkue, professeure à l'Université Basque-Contry et co-auteure du livre Les femmes sahraouies sous l'occupation, Mémoire et résistance, a souligné qu'il est illusoire de scinder les droits des femmes de ceux de l'Homme sous une occupation. «Le colonialisme, poursuit-elle, ne peut s'accommoder des droits de l'Homme, leur piétinement est inscrit dans l'entreprise coloniale elle-même». «Ce qui n'exclut pas, soulève-t-elle, qu'une solidarité intense doit se tisser autour de la résistance des femmes sahraouies, victimes de l'occupation et porteuses d'espoir, car dépositaires de l'héritage de la résistance». Ce colloque a vu la participation de Mme Gabi Zimmer, groupe des Verts au Parlement européen (PE), de Suelma Beiruk, vice-présidente du Parlement panafricain, et d'Angelina Vallina du groupe du PE «Verts, gauche unitaire - GUE-NGL-MEP. Avant la clôture de la session, Paloma Lopez, vice-présidente de l'intergroupe europarlementaire «Paix pour le peuple sahraoui», a animé un atelier autour de «l'importance de la solidarité internationale avec la résistance des femmes sahraouies». Etaient présentes Eleonora Forenza, Human Rights International, Ophelie Ingarao, membre de Eucoco, conférence mondiale de soutien au peuple sahraoui, et Nouria Hafsi, présidente de l'Union nationale des femmes algériennes. Toutes ont affirmé l'impérieuse nécessité d'organiser «davantage dans la durée» et surtout de façon «méthodique» et «régulière» la solidarité active avec le combat que mène la femme sahraouie dans les territoires occupés, au sein des campements ou celles de la diaspora. Miguel Viegas, un homme enfin dans le colloque, Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne, a eu l'insigne privilège de clore cette journée de travail. La veille, lors de la réception inaugurale de la manifestation tenue dans les salons des eurodéputés, nous pouvions noter la présence de plusieurs diplomates accrédités à Bruxelles ainsi que celle de Pierre Galand, président de Eucoco (réseaux mondiaux de soutien au peuple sahraoui). M. Belani, ambassadeur d'Algérie en Belgique et au Luxembourg, était, également, présent.