Par le professeur R. Bougherbel En 1978, lors de la conf�rence de l'OMS � Alma-Ata, les experts avaient identifi� les priorit�s pour les pays �mergents, dont l'acc�s aux soins primaires, l'eau potable, les vaccinations, etc. Le d�l�gu� de l'Inde, trouvant ces mesures insuffisantes, fit part de ses craintes que les pathologies lourdes des pays industrialis�s telles que les cancers, le diab�te et les maladies cardiovasculaires n'atteignent rapidement les pays �mergents qui sont loin de pouvoir ma�triser leurs co�ts. En fait, d�s 1971, A. Omran a publi� sa th�se sur la transition �pid�miologique qu'ont connue les pays occidentaux (tab. 1) et il pr�voyait d�j� que les pays �mergents auraient � subir cette transition, contract�e en quelques ann�es au lieu de se d�rouler sur quatre ou cinq si�cles. Aujourd'hui, l'Alg�rie conna�t une transition tant d�mographique que socio�conomique. Malheureusement, les d�penses de sant� n'ont pas �t� adapt�es � cette �volution. La r�partition des causes de d�c�s en 2002 montre le grand changement intervenu dans notre pays o� les maladies non transmissibles ont caus� plus de mortalit� que les maladies transmissibles. Et parmi ces affections non transmissibles les pathologies cardiovasculaires sont dominantes. Le vieillissement de la population, les changements des habitudes alimentaires (voir la part du diab�te) la s�dentarit�, le stress expliquent largement ces faits. Le facteur aggravant r�side en l'absence de prise de conscience de ces mutations : une �pid�mie de peste provoque � Oran un �norme tapage m�diatique, ayant fait 1 d�c�s sur 13 cas recens�s alors que chaque jour des dizaines, voire des centaines d'Alg�riens d�c�dent d'infarctus, d'accidents vasculaires c�r�braux, etc. sans que l'on s'en �meuve. La situation est d'autant plus critique que la prise en charge de ces pathologies d�g�n�ratives n�cessite des moyens humains, mat�riels et des infrastructures que nous ne poss�dons pas. Un plan d'urgence s'impose, ax� sur une pr�vention r�elle des facteurs de risque (alimentation, tabagisme, s�dentarit�, diab�te) mais en m�me temps, un effort de formation des personnels de sant� et de mise en place de plateaux techniques (l'Alg�rie poss�de deux fois moins de salles d'angiographie cardiaque que la Tunisie, pourtant trois fois moins peupl�e). La r�cente �tude men�e conjointement par le minist�re de la Sant� et l'OMS (mesure des facteurs de risque des maladies non transmissibles dans deux zones pilotes) retrouve dans les wilayas de S�tif et de Mostaganem : 29,1% des plus de 25 ans sont hypertendus et 8,9% de la m�me population est diab�tique. Ces derni�res ann�es, notre pays a vu la cr�ation de cliniques priv�es, de plus en plus nombreuses, proposant la prise en charge notamment des pathologies cardiovasculaires. Si cette situation permet, en th�orie, de traiter plus de malades et plus rapidement, il est � craindre que cela se fasse aux d�pens des structures de sant� publique. Le service public, seul site de formation, pourrait, � court de ressources financi�res et de plateaux techniques, se voir d�laiss� et, fait plus grave, compromettre le renouvellement des comp�tences humaines, alors m�me que les enjeux de demain, li�s � la transition qui nous assaille, requi�rent de gros progr�s dans ce domaine. En conclusion : il est � craindre que les prochaines ann�es ne voient l'explosion des maladies d�g�n�ratives pour lesquelles notre pays n'est pas pr�par�. Seule une initiative �nergique de pr�vention, de formation et de remise � niveau, en nombre et en qualit�, des plateaux techniques nous permettra d'amortir le choc, ce que A. Omran a pr�vu comme : The Collapse of all nationals health systems.
*Indicateurs des comptes nationaux de sant� total de la d�pense en % des d�penses publiques
*Indicateurs des comptes nationaux de sant� (total de la d�pense en % du PIB)
1997 1998 1999 2000 2001 Alg�rie 3.4 3.6 3.6 3.8 4.1 France 9.4 9.3 9.3 9.4 9.6 Maroc 4.3 4.4 4.4 4.7 5.1 Syrie 5.5 5.6 5.8 5.4 5.4 Soudan 3.5 3.7 3.7 3.9 3.7 Tunisie 6.4 6.3 6.3 6.2 6.4 *Indicateurs de base pour les �tats membres de l'OMS
Population Taux d'accroissement Taux de f�condit� Alg�rie 31266 1.8% 2.8 % France 59850 0.4% 1.9% Syrie 17381 2.6% 3.4% Tunisie 9728 1.3% 2%
*Indicateurs sanitaires
Mortalit� infantile Mortalit� maternelle Acc�s � l'assainiss Alg�rie 42/1000 140/100000 94/82 France 5/1000 17/100000 100/100 Syrie 71/1000 590/100000 86/69 Tunisie 24/1000 160/100000 94/64 *D�penses de sant� par habitant en $
1997 1998 1999 2000 2001 Alg�rie 57 59 59 68 73 France 2261 2307 2285 2067 2109 Maroc 52 56 54 54 59 Syrie 59 60 63 64 65 Soudan 13 14 12 14 14 Tunisie 132 133 139 126 134 *D�penses publiques en $ corrig�es par le pouvoir d'achat
1997 1998 1999 2000 2001 Alg�rie 87 94 96 106 127 France 1546 1581 1676 1806 1951 Maroc 38 45 45 58 78 Syrie 160 174 184 179 188 Soudan 6 9 9 12 7 Tunisie 280 282 302 310 350 D�c�s par cause et strate de mortalit� (estimations 2002) - Maladies transmissibles 32.1 % des d�c�s - Infectieuses 19.1 % - A. p�rinatales 4.3 % - C-V 29.3 % - T. malignes 12.5 % - A.neuro-psy 1.9 % - Diab�te 1.7 % - Non transmissibles 58.8 % des d�c�s R�partition des pathologies cardiovasculaires en 2003 - Pathologies valvulaires : 20% - Pathologies isch�miques : 40 % - Pathologies cong�nitales : 15 % - HTA : 25 % Contexte (I) - Donn�es d�mographiques : – Esp�rance de vie : 52.6 ans en 1970, 70.7 ans en 2001 – Diminution de l'accroissement d�mographique 50% – Modification et inversion de la pyramide des �ges (50% 20 ans) Pathologies li�es � l'�ge – Recul de l'�ge moyen au mariage : Exposition m�re-enfant, p�rinatalit� ... - Transition �pid�miologique : – Maladies transmissibles – Maladies non transmissibles ++ Affections cardiovasculaires, diab�te, maladies respiratoires chroniques Insuffisance r�nale chronique, cancers, affections mentales, handicap�s.
Contexte (II) - L'hospitalisation publique dans le syst�me national de sant� : – 13 CHU, 31 EHS, 185 SS : 52 500 lits – 26 734 m�decins, 85 650 param�dicaux, 13 000 agents administratifs, – 43 000 agents techniques et de service Secteur public : politique de protection, de promotion de la sant� et d'offre �quitable de soins I, II, III - L'hospitalisation priv�e – 85 cliniques d'hospitalisation : 2 310 lits – D�veloppement rapide, concentr� au Nord – Appoint dans secteurs II et III – Compl�mentarit� public-priv� biais�e : Prise en charge des d�munis, pathologies lourdes chroniques.
Contexte (III) - Crise �conomique et sociale - Contraintes institutionnelles - Poids de la transition d�mographique, �pid�miologique et culturelle - Financement des �tablissements publics : 3,6% PIB en 1987, 1,3%... - Majoration des d�ficits, d�gradation qualitative, d�mobilisation ... - Aggravation des dysfonctionnements propres