Le dernier rapport de Reporters sans fronti�res (RSF) n'a pas �pargn� l'Alg�rie. Les nombreuses atteintes aux libert�s et le harc�lement des journalistes ont �t� r�pertori�s. RSF condamne et esp�re un rapide retour � la normale. C'est ainsi que l'organisation de Menard estime que "dans un climat tendu de pr�campagne �lectorale, la presse priv�e hostile au pr�sident Bouteflika a �t� victime d'un v�ritable harc�lement de la part des autorit�s". "La presse ind�pendante a �t� soumise � une v�ritable campagne de harc�lement. Le gouvernement a choisi une solution radicale : le harc�lement de la presse par diff�rents stratag�mes, notamment gr�ce � l'article 144 bis du code p�nal, qui pr�voit des peines de deux � douze mois de prison et des amendes allant de 50 000 � 250 000 DA (environ 500 � 2 500 euros) pour toute mise en cause dans des termes injurieux, insultants ou diffamatoires du pr�sident de la R�publique, du Parlement ou de l'une de ses deux Chambres, ou de l'ANP", note RSF qui d�plore le recours au subterfuge commercial pour museler les voix discordantes. "Des subterfuges commerciaux et financiers pour sanctionner les journaux irr�v�rencieux ont �t� �galement utilis�s par le pouvoir politique. En ao�t, les imprimeurs d'Etat ont ainsi somm� la presse priv�e d'acquitter la totalit� de ses cr�ances et le redressement fiscal qui frappe Le Matin a bien failli couler le quotidien." L'atteinte � la libert� d'informer n'est pas le seul reproche fait � l'Alg�rie. Les menaces qui planent sur le pluralisme syndical sont �galement d�nonc�s . "De nombreux projets d'association sont bloqu�s par le minist�re de l'Int�rieur pour d�courager toute tentative d'organisation civile des groupes b�n�ficiant d'une v�ritable assise sociale (syndicats autonomes, associations des droits de l'homme…). Se dessine ainsi une tendance de plus en plus lourde de restriction des libert�s", note RSF. C'est ainsi que RSF a dress� une longue liste des nombreux titres ayant fait les frais de la politique des pouvoirs publics. Le 20 janvier 2003, Hassan Bourras, correspondant du journal El-Djaza�ridans la ville de El-Bayadh (ouest du pays), est violemment frapp� par deux hommes dont le fils du secr�taire de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) de la wilaya d'El-Bayadh. Le journaliste obtient un arr�t de travail de quatorze jours. Le 14 janvier, il avait �t� condamn� � six mois de prison avec sursis pour avoir diffam� le fils du secr�taire de l'ONM. Une plainte avait �t� d�pos�e contre El- Djaza�ri par la section locale de l'ONM apr�s la publication d'une lettre, sign�e par un membre de cette m�me organisation et adress�e au minist�re des Moudjahidine, d�non�ant le pass� du secr�taire actuel. Le 2 avril, plusieurs journalistes couvrant la marche du Mouvement de la soci�t� pour la paix (MSP) sont frapp�s et insult�s par des policiers. Le 20 mai, Ali Dilem, caricaturiste du quotidien Libert�, est condamn� par le tribunal d'Alger � une peine de six mois de prison avec sursis et � une amende de 20 000 DA (environ 200 euros) suite � une plainte du minist�re de la D�fense, pour un dessin, paru le 15 janvier 2002, sur Mohamed Lamari, chef d'�tat-major des arm�es. Abrous Outoudert, directeur de publication de Libert�, est quant � lui condamn� � une amende de 40 000 DA et le journal � une amende de 300 000 DA. Le 14 ao�t, six quotidiens — Le Soir d'Alg�rie, Libert�, Le Matin, El Khabar, L'Expression et Er-Ra� — sont somm�s par leurs imprimeurs d'acquitter la totalit� de leurs cr�ances sous peine d'�tre interdits de publication. Le 18 ao�t, seul le quotidien El-Khabar, propri�taire de sa propre rotative � Alger, para�t dans la capitale. Le 8 septembre, Mohamed Benchicou, directeur du Matin,et Ali Dilem sont interpell�s par la police judiciaire, � 9 heures du matin, et conduits au commissariat central d'Alger. Le 23 ao�t, de retour de France, il a �t� trouv� � l'a�roport en possession d'une forte somme d'argent en ordres de paiement. Le minist�re des Finances a d�pos� une plainte pour "infraction r�gissant le contr�le des changes et les mouvements de capitaux". Un proc�s-verbal a �t� �tabli. Le 27 ao�t, le directeur du Matinest plac� sous contr�le judiciaire. Le 16 septembre, Fouad Boughanem, directeur de publication du Soir d'Alg�rie, qui avait re�u trois convocations, est interpell� devant la Maison de la presse, � Alger, et conduit au commissariat central. Il est rel�ch� en milieu d'apr�s-midi. En r�action � l'interdiction du dernier num�ro d' Afrique Magazine, publication du groupe Jeune Afrique-L'Intelligent, RSF a fait part, jeudi, de son inqui�tude. Afrique Magazine a effectivement �t� interdit en Alg�rie en raison de la publication d'une enqu�te intitul�e "Alg�rie : disparus, le deuil impossible". Reporters sans fronti�res "condamne cette d�cision et demande au gouvernement d'autoriser la distribution de ce magazine. Nous craignons que cette interdiction ne soit que la premi�re d'une nouvelle s�rie. Tandis que les m�dias nationaux doivent faire face � une myriade de proc�s et � des amendes tr�s lourdes les mettant financi�rement en difficult�, les m�dias �trangers, eux, doivent affronter des retards de distribution et des difficult�s pour faire accr�diter leurs correspondants". Avant d'ajouter : "Depuis l'arriv�e au pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika, c'est la premi�re fois qu' Afrique Magazine est interdit de diffusion, mais ce n'est pas la premi�re fois qu'un m�dia �tranger est ainsi censur�. En 2004, au moins cinq ont �t� interdits. La cha�ne de t�l�vision qatarie Al-Jazira, les journaux France Soir, Le Figaro, Le Monde diplomatique et Jeune Afrique-L'intelligent avaient tous subi le m�me sort pour avoir trait� des probl�mes de l'Alg�rie. Nous condamnons fermement cette interdiction et demandons aux autorit�s de revenir sur cette d�cision." En effet, le distributeur � Alger d' Afrique Magazine, ADP, a �t� inform� oralement, par le minist�re de la Communication, que le num�ro du mois de mars "ne pouvait �tre diffus� sur le territoire sans qu'aucun motif officiel ait �t� avanc�". Dans un communiqu� publi� le 8 mars, la direction d' Afrique Magazine a d�clar� qu'"outre le pr�judice commercial, [nous regrettons] profond�ment cette �volution dans un pays qui �tait pourtant devenu l'un des rares exemples de libert� de la presse dans le monde arabe". Quant au verdict prononc� conte le Soir d'Alg�rie, mardi dernier, RSF a fait savoir dans un communiqu� : "Nous nous r�jouissons que la suspension de six mois, requise par le procureur, n'ait pas �t� retenue par le tribunal. Cependant nous d�non�ons fermement le recours � des peines d'emprisonnement dans des affaires de diffamation et demandons aux autorit�s alg�riennes une r�forme du code p�nal afin de d�p�naliser les d�lits de presse."