Du 28 octobre au 5 novembre 2016 se tiendra à Tunis la 27e édition des Journées cinématographiques de Carthage, mais ce sera aussi l'occasion de fêter le 50e anniversaire de cet événement cinématographique unique en Afrique. Après une édition 2015 assez pénible en raison de l'attentat terroriste qui a frappé la capitale durant les JCC qui a subi de plein fouet les conséquences de l'état d'urgence et du couvre-feu, cette 27e édition se donnera les moyens d'offrir un intense voyage cinématographique à son public avec une sélection à forte dominance africaine où deux films algériens seront en compétition dans la section «Première œuvre». Fondées en 1966, les Journées cinématographiques de Carthage étaient une biennale jusqu'en 2015, année où elles se transforment en un événement annuel. Pour l'édition 2016, le cinéma algérien est présent avec deux films, les premiers de leurs auteurs : Maintenant, ils peuvent venir de Salem Brahimi, qui vient d'obtenir le Annab d'or au Festival du film méditerranéen de Annaba ainsi que le prix de la meilleure interprétation masculine pour Amazigh Kateb, et A mon âge, je me cache pour fumer de Rayhana Obermeyer, adaptée d'une pièce de théâtre éponyme de la même auteure qui passe à la réalisation pour la première fois. Par ailleurs, le film d'ouverture est une production syro-tunisienne signée Ridha Behi : Les fleurs d'Alep où Hind Sabri joue le rôle d'une jeune ambulancière tunisienne dont le fils de dix-sept ans, perdu et tourmenté par le divorce de ses parents, part au djihad en Syrie ; sa mère bravant le danger va à sa recherche en se faisant passer pour une militante de la cause. Du côté de la compétition officielle des longs-métrages, la part du lion revient à l'Afrique avec treize films dont le documentaire La révolution ne sera pas télévisée» de la Sénégalaise Thiaw Rama qui témoigne de l'action majeure du groupe de rap Keur-Gui dans la révolte de Dakar en 2011 suite à l'annonce de l'amendement de la Constitution par Abdulaye Wade qui a fini par céder à la pression populaire. L'Afrique du Sud sera présente avec Action Kommandante, un documentaire qui retrace le parcours d'Ashley Kriel, militant anti-apartheid surnommé le «Che Guevara africain», abattu par la police de Cape Town à l'âge de 20 ans en 1987. Le cinéaste sénégalais Moussa Touré sera de retour aux JCC où il a obtenu le Tanit d'or en 2012 pour La pirogue ; son nouveau film Bois d'ébène est un docu-fiction qui retrace le destin de deux esclaves victimes de la traite négrière d'outre-Atlantique. Quant au Maroc, il sera présent avec le film-événement de cette fin d'année : Divines de Houda Benyamina, Caméra d'or et mention spéciale au dernier Festival de Cannes. L'histoire de Dounia, vivant dans un ghetto coincé entre trafic et religion, et désirant prendre son envol, a été saluée par la plupart des critiques ciné en France mais décriée, par certains d'entre eux, comme étant un amoncellement de clichés sur la banlieue, sans ambition ni langage cinématographique. Du côté courts-métrages, le Sénégal revient avec Marabout d'Alassane Sy tandis que le jeune réalisateur Hiwot Admasu représentera l'Ethiopie avec New Eye ; le Soudan fait son entrée en compétition avec Nyerkuk de Mohamed Kordofani, etc. A signaler que dans les sections parallèles de cette 27e édition, les organisateurs ont choisi de donner carte blanche au Festival «Vues d'Afrique» de Montréal ainsi que deux focus sur le cinéma russe et asiatique. Par ailleurs, le cinquantenaire des JCC sera célébré notamment à travers la projection de l'ensemble des films lauréats dont, rappelons-nous, l'Algérie a raflé cinq Tanit d'or et cinq d'argent avec Les aventures d'un héros, Bab El Oued City et Salut Cousin ! de Merzak Allouache, Le charbonnier de Mohamed Bouammari, Le moulin de Monsieur Fabre et Ali au pays des mirages d'Ahmed Rachedi, Vivre au paradis de Boualem Guerdjou, Le voyage à Alger de Abdelkrim Bahloul, Fi Rassi rond-point de Hassen Ferhani sans oublier un Tanit de bronze pour le court-métrage Lmuja de Omar Belkacemi.