Cette année, Carthage fête un quart de siècle de cinéma. La 25e édition des JCC se tiendront du 29 novembre au 6 décembre 2014. L'Algérie y participera avec six films entre longs, court-métrages et documentaires. C'est la plus ancienne manifestation dédiée au cinéma en Afrique et son Grand Prix, le Tanit d'or, est l'un des plus prestigieux de la région. Les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) débuteront samedi prochain à Tunis ; une cinquantaine de films, représentant 36 pays africains et moyen-orientaux, y seront en lice dans les différentes compétitions. Du côté algérien, deux long-métrages de fiction sont au programme : L'Oranais de Lyès Salem et Loubia Hamra de Narimane Mari tandis que Anis Djaâd et Karim Moussaoui présenteront leurs deux films courts Passage à niveau et Les jours d'avant. Dans la section documentaire, on retrouve El Oued El Oued de Abdennour Zahzah et Chantier A de Karim Loualich, Tarek Sami et Lucie Dèche. Citons parmi les cinquante films en compétition, l'excellent long-métrage marocain C'est eux les chiens de Hicham Lasri ; un walk-movie palpitant où le réalisateur transpose dans une brillante mise en abîme la grève générale de 1983 et le Mouvement du 20 février 2011. Au-delà de son scénario magistralement construit et sa mise en scène tout en nuances, c'est indéniablement l'acteur principal Hassan Badida qui s'est illustré dans une interprétation bouleversante, aussi sobre que riche en émotions. Les JCC accueilleront aussi le film choc du Palestinien Hani Abou Saad Omar qui a été, rappelons-le, nominé aux Oscars et qui a décroché le prix spécial du jury au Festival de Cannes 2013. A rappeler que le jury de la compétition long-métrage sera présidé par l'acteur américain Dany Glover et comptera parmi ses membres le cinéaste algérien Nadir Moknèche. Dans la section des court-métrages, Les jours d'avant de Karim Moussaoui est le le film le plus primé de la récente filmographie algérienne, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. D'une durée de quarante minutes, cette œuvre de cinéma revient sur le douloureux traumatisme de la décennie noire à travers les souvenirs de Amina et de Jaber, deux lycéens qui nous livrent leurs récits sur cette période dans une narration introspective et raffinée tandis que la mise en scène célèbre à la fois une esthétique urbaine assez agressive et un mysticisme de l'image où le moindre plan est un tableau d'art. Enfin, parmi les documentaires en compétition, au nombre de seize, qui seront départagés par un jury présidé par le Libanais Pierre Abi Saab, figure des Murs et des Hommes de la Marocaine Dalila Ennadre qui a décroché le Grand Prix du documentaire au dernier Festival d'Alger du film maghrébin. Sensible et profondément humain, le film déambule à la vieille ville de Casablanca où la caméra de Dalila interroge autant les visages que les esprits de ses habitants. Il en sort une œuvre pleine de nuances et une mise en scène raffinée même si elle frôle parfois le reportage. Les 25es Rencontres cinématographiques de Carthage proposent également des sections parallèles en off, à l'instar de «Cinémas du monde» qui verra la projection de deux films algériens : Barakat de Djamila Sahraoui et La voie de l'ennemi de Rachid Bouchareb. Aussi, sont prévus deux rétrospectives dédiées aux cinémas chilien et roumain. Par ailleurs, plusieurs hommages seront rendus à des figures marquantes du cinéma africain et moyen-oriental à l'instar du cinéaste français Maurice Pialat, du Syrien Omar Amiralay, du Tunisien Nacer KKhemir et du Sénégalais Samba Félix Ndiaye, considéré comme le père du documentaire africain. Décédé en 2009, son premier film datant de 1974 est consacré au massage traditionnel des nourrissons chez les mères sénégalaises. Lancées en 1966, les Journées cinématographiques de Carthage se déroulent tous les deux ans en alternance avec les Journées théâtrales. La création de cet événement fut l'idée du cinéaste tunisien Tahar Cheriaâ et garda longtemps son statut de manifestation incontournable tant à l'échelle régionale qu'internationale avant que son astre ne décline relativement à cause de sa baisse d'exigences cinématographiques et la naissance d'autres festivals, financièrement plus importants.