Le ministère de l'Energie prépare un projet de décret pour revoir le mode de production de l'énergie électrique d'origine renouvelable. Deux changements majeurs : procéder par appel d'offres pour mettre les investisseurs en compétition et organiser des enchères pour l'achat de l'électricité au lieu du tarif garanti appliqué aujourd'hui. Intervenant hier, lors de la rencontre organisée par le Forum des chefs d'entreprises (FCE) à l'hôtel El Aurassi sur les enjeux de la transition énergétique en Algérie, la secrétaire générale du ministère de l'Energie, Fatma-Zohra Talantikite, a annoncé qu'un projet de décret est en préparation pour amender la loi relative à la production et distribution de l'électricité et du gaz. Il s'agit, a-t-elle révélé, de revoir le mode de production de l'électricité d'origine renouvelable. «Ce système n'a pas atteint les objectifs escomptés par les pouvoirs publics à travers le programme de développement des énergies renouvelables», a expliqué Fatma-Zohra Talantikite. D'après elle, le projet de décret institue la compétition comme mode opératoire. «Nous allons procéder par appel d'offres afin de mettre les investisseurs en concurrence et organiser des enchères pour l'achat de l'électricité produite afin de faire baisser les prix», a-t-elle indiqué. En effet, le dispositif actuel donne aux producteurs – filiales de Sonelgaz – un traitement préférentiel permettant aux producteurs d'injecter en priorité leur électricité dans le réseau pour un prix garanti qui leur assure une rentabilité normale de leurs investissements. Les capacités installées jusque-là sont de l'ordre de 340 mégawatts, 16 centrales électriques en tout qui injectent à peine 195 mégawatts dans le réseau. Or, le programme de développement des énergies renouvelables arrêté par les pouvoirs publics vise à augmenter la part de production de l'électricité d'origine renouvelable en installant une puissance totale de 22 000 mégawatts d'ici à 2030. «Nous comptons atteindre 4 000 mégawatts d'ici à 2015 en réalisant 400 mégawatts par an», a-t-elle projeté. Lors de cette rencontre, l'ancien ministre Abdelmadjid Attar a présenté une étude sur les énergies conventionnelles et les défis de sécurité énergétique à long terme. Selon lui, si les approvisionnements du marché interne ne semblent pas menacés, la rente que génère l'exportation des hydrocarbures reste aléatoire à cause de la volatilité des prix sur le marché pétrolier. «Si les prix se stabiliseront entre 50 et 60 dollars le baril pour les trois prochaines années, trop d'incertitudes planent sur le marché pétrolier et personne ne peut prévoir l'évolution des prix au-delà de 2020», a-t-il souligné. Il a soulevé par ailleurs que les vulnérabilités de l'Algérie résident dans la nature des usages de l'énergie électrique. Presque la moitié de l'énergie produite, a-t-il précisé, est consommée par les ménages alors que la demande des secteurs productifs reste faible (1% pour l'agriculture). «La croissance du secteur traduit l'effort étatique consenti pour le raccordement des foyers en électricité et en gaz, une croissance qui a pratiquement doublé la consommation entre 2000 et 2015», a-t-il conclu.