L'année 2016 a été marquée par la disparition, à quelques jours d'intervalle, de deux monuments de la chanson algérienne, Amar Ezzahi et Mohamed-Tahar Fergani, à laquelle s'ajouta la perte de Malek Chebel, psychanalyste, anthropologue des religions et brillant essayiste. Réputé pour sa discrétion, Amar Ezzahi, Amar Aït Zaï de son vrai nom, a tiré sa révérence le 30 novembre à Alger, à l'âge de 75 ans. Surnommé «Cheikh lahwa», il a hissé le chaâbi à des sommets musicaux et spirituels en incarnant, pendant cinquante ans, l'esprit et la lettre d'un art populaire auquel il vouera toute son existence. Une semaine plus tard, le 8 décembre, la légende du malouf, Mohamed-Tahar Fergani était ravi aux siens à l'âge de 88 ans. Mémoire vivante du genre, il a œuvré, 70 ans durant, à perpétuer le malouf constantinois et à charmer avec sa voix exceptionnelle et son coup d'archet inégalable le public algérien. Malek Chebel, disparu à Paris le 12 novembre à l'âge de 63 ans, était connu pour sa réflexion sur l'islam. Il a enseigné dans de nombreuses universités à travers le monde et écrit une quarantaine d'ouvrages dont Dictionnaire des symboles musulmans, Les cent noms de l'amour, Sagesse d'islam, Dictionnaire encyclopédique du Coran, ou encore L'islam et la raison, le combat des idées. La scène musicale fut endeuillée en 2016 par la perte de deux noms de la musique andalouse, Brahim Benladjreb, chef d'orchestre, disparu le 30 août à Tipasa à 69 ans et le violoniste M'hamed Benchaouch, décédé le 5 septembre à Alger à 86 ans. Le même jour, s'éteignait à Batna le chanteur chaoui Ahmed Sahraoui, connu sous le pseudonyme de M'hend Oubelaïd, à l'âge de 83 ans. A son tour, la chanson kabyle est frappée par le deuil, le 27 février, avec la mort, à 77 ans, de Mohand Rachid, Si Mohand Rachid de son vrai nom et le 3 novembre, de Lounes Kheloui, disparu à 66 ans. La Faucheuse n'a pas non plus épargné le monde littéraire qui apprit, le 3 janvier, le décès, à l'âge de 90 ans, de l'intellectuel et journaliste Tahar Benaïcha, rejoint le 21 du mois par Yahia Bekhti, figure majeure de la poésie populaire des Ouled Naïl. Le 4 avril, disparaissait à Tizi-Ouzou l'écrivain Chabane Ouahioune Ouzou, à 94 ans, suivi le 14 mai, à Sétif, de Omar Mokhtar Chaâlal, écrivain, poète et homme de théâtre, décédé à l'âge de 70 ans. Le 14 juin, survint la disparition à Alger de l'écrivain Hachemi Larabi, 87 ans, suivie, le 7 juillet, du décès, à 78 ans, du romancier et poète Abderrahmane Zakad et celui de l'écrivain et psychanalyste, Nabil Farès, qui décéda le 30 août à Paris, à l'âge de 76 ans. L'universitaire, critique littéraire et poète, Hamid Nacer Khodja, tira sa révérence le 17 septembre à Djelfa à l'âge de 63 ans, rejoint par l'écrivain et journaliste Abderrahim Merzoug, parti le 2 juillet à l'âge de 64 ans. Le cinéma et la télévision ont perdu, le 27 juin, le cinéaste Mohamed Slim Riad, mort à Narbonne (France), à l'âge de 83 ans, et Noureddine Tifoura, disparu le 22 septembre à 70 ans. Hamid Remas, comédien et metteur en scène, a rejoint sa dernière demeure le 25 novembre à Cherchell, à l'âge de 67 ans, à quelques semaines de la disparition du comédien Hadj Mekki Bensaïd, membre fondateur du Festival du théâtre amateur (FNTA), mort à l'âge de 82 ans. Le 3 avril, l'association Lumières déplorait la perte de son vice-président, l'acteur Benyoucef Hattab, qui décéda à 86 ans, alors que le petit écran se vit privé à jamais de l'humour décalé du comédien Ahmed Benbouzid, dit «Cheikh Attallah», disparu tragiquement à l'âge de 46 ans le 2 novembre. Dans le monde des arts plastiques, le célèbre plasticien Noureddine Bouameur fut ravi aux siens le 5 juin à Annaba. Il a été rejoint par le calligraphe Abdellah Hamdi, le 27 octobre à El Oued, à l'âge de 64 ans et qui viendra clore la longue liste d'artistes disparus en 2016.