Le 21e anniversaire du Rassemblement national démocratique (RND) se déroulera dans un contexte bien particulier cette année. Le parti et son secrétaire général traversent une période de turbulences très intense et surtout étroitement liée aux grandes échéances qui attendent le pays. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Il n'y a qu'à remonter aux dernières élections communales pour situer les enjeux. Fraîchement désigné à la tête du gouvernement, Ahmed Ouyahia tient alors aux Algériens un discours auquel ils sont peu habitués. A ce moment, le SG du RND fait savoir que son parti a fait l'objet d'une série de sabotages de la part d'agents de l'administration. Il tient à mettre l'accent sur le fait y compris durant la conférence de presse tenue au lendemain du scrutin, en annonçant qu'il s'apprêtait à introduire des recours pour rectifier des irrégularités enregistrées. Bien que surprenants, et intervenant dans une conjoncture marquée par de fréquentes attaques du FLN à son égard, les propos d'Ouyahia sont mis sur le compte d'un discours démagogique visant à donner du crédit au scrutin qui vient de se dérouler. Les évènements qui se succèdent accentuent, cependant, les doutes. Le RND et son SG sont désormais régulièrement ciblés par des critiques, parfois violentes. Elles émanent particulièrement du secrétaire général du FLN. Le conflit s'apparente en premier lieu à une guéguerre où les deux SG s'affrontent pour se positionner et s'approprier la paternité du programme présidentiel, mais très vite, les évènements tournent. Ould-Abbès semble être en charge d'une mission : celle d'être le porte-parole officieux de la présidence de la République. Son discours n'est plus seulement constitué de simples critiques. Il met en garde, rappelle à l'ordre et fournit les grandes tendances des choix politiques en cours. Il en a été, ainsi, dans l'affaire du projet de privatisation des entreprises nationales en difficulté financière annoncé par Ouyahia. Et il n'a fallu que quelques heures pour confirmer son nouveau rôle puisque ces propos ont été suivis par la publication d'un décret présidentiel interdisant cette privatisation. Ouyahia en sort affaibli. Les attaques contre sa personne se multiplient. Chakib Khelil, pour la réhabilitation duquel il avait œuvré, s'en prend violemment à lui et son bras droit Seddik Chihab (porte-parole du RND). L'ancien ministre de l'Energie l'accuse d'avoir mené le pays à la faillite et conduit les Algériens à la pauvreté. Le mis en cause répond sous la casquette du RND en réduisant son détracteur au statut de simple citoyen et l'invite à «passer son chemin». Invité par les plus hautes sphères du pays à revoir son discours alarmant (peu de temps après sa nomination), il fait sa mise au point et en reste là. Ouyahia se mure dans un silence qui perdure depuis un long moment. Un silence qui persiste y compris dans cette conjoncture marquée par la série de protestations sociales auxquelles on assiste. Sa dernière intervention publique s'est déroulée à Addis-Abeba où il représentait le président de la République à la 28e conférence de l'Union africaine (UA). Une désignation, affirme-t-on, qui remonte cependant bien avant la série de «recadrages» dont il a fait l'objet. Les turbulences dans lesquelles il se trouve ont donné naissance à de nombreuses rumeurs et projections sur un éventuel départ anticipé. Et c'est dans ce contexte que sera célébré, le 21 février prochain, l'anniversaire de la création du RND.