RND Ouyahia commence par El Tarf... C'est devant une salle archicomble que M. Ahmed Ouyahia a animé, hier matin, son premier meeting de campagne. D'emblée, l'orateur a fait valoir le passé révolutionnaire et glorieux de la wilaya d'El-Tarf, en mettant en relief les sacrifices consentis par sa population pour la libération du pays durant la guerre de Libération. Puis, M. Ouyahia a indiqué que «le programme du RND s'articule autour de 4 axes majeurs, à savoir la stabilité et l'unité du pays, la gestion de l'état, l'économie dans ce contexte de crise et enfin le bien-être des citoyens». Il explicitera son approche par le fait que «nous vivons dans un 21e siècle qui fait peur. Des pays, du jour au lendemain, sont détruits à l'image de la Libye, l'Irak et la Syrie. La sécurité de notre pays est une ligne rouge et nous sommes les adeptes des principes du 1er novembre et de la constitution et ce, afin de ne pas retourner à l'anarchie des années 1990. Nous défendons le président de la République et notre armée et les services de sécurité. La réconciliation nationale a évité aux enfants de notre pays d'intégrer les rangs de Daesh. Nous défendons, également, le vrai Islam qui n'est ni d'El Azhar, ni de la Zitouna mais celui des zaouïas. Nous sommes des sunnites malékites». Puis le SG du RND a énuméré les réalisations du Président dont 3 millions de logements et 1 million qui sont en cours de réalisation. Il a indiqué, cependant, qu'en matière d'économie, «nous sommes actuellement en phase de transition et que l'emploi arrivera à tous les demandeurs. Nous sommes passés par la crise de 1986 puis celle de 1998 et maintenant celle de 2014. Nous sommes tenus de libérer le pays du pétrole. Ainsi, nous sommes tenus de geler et différer certains projets, mais pas ceux qui touchent directement à la vie du citoyen». Et d'ajouter avec entrain : «Notre pays jouit de plusieurs potentialités et notre priorité est d'encourager l'investissement dans toutes les régions, et ce avec équité. Nous avons plusieurs mesures dans notre programme pour ce faire dont la mise en place d'aide à la location d'appartement comme cela se fait de par le monde même dans le pays de notre ancien colonisateur, de permettre aux OPGI de contracter des crédits pour la construction de logements, des aides ciblées aux démunis et nécessiteux.» Le premier homme du RND a exhorté ses militants à aller voter massivement le 4 mai prochain tout en pronostiquant que sa formation «glanera deux sièges sur les cinq réservés à la wilaya d'El Tarf». Signalons que la tête de liste du RND est l'ex-sénateur Maïzi Boubakeur. Daoud Allam ... et Guelma Le secrétaire général du RND va vraisemblablement mener une campagne à l'offensive. Se trouvant dans le collimateur, ces derniers mois, de certains responsables de partis politiques, il a profité hier de son meeting à Guelma pour mettre les points sur les i : le RND a été créé pour préserver l'unité et la stabilité du pays et défendre les principes de Novembre. En effet, «l'Algérie s'est remise en mouvement. Si le temps est bel et bien venu pour passer à une vitesse supérieure, ce n'est pas parce qu'il y a risque d'essoufflement ou soupçon d'immobilisme au RND, mais parce que la politique du parti est en train de réussir», a-t-il lancé en qualifiant de «réforme sociale et politique pertinente», les principes défendus par sa formation politique, et qui, selon lui, constitue le meilleur moyen de lutte contre le terrorisme. «Aujourd'hui, on approuve la politique prônée par la Rassemblement national démocratique», se réjouit-il. Le message est clair : le patron du RND a parfaitement compris qu'il doit aller de l'avant, mais qu'on ne vienne surtout pas lui faire la leçon. Dans son discours, Ouyahia n'a pas donné beaucoup de détails. Mais l'orientation d'ensemble ne fait guère de doute : il s'agit, de rafler le grand nombre de sièges au prochain Parlement pour se positionner sur l'échiquier politique national, dans la perspective des autres échéances électorales. Ahmed Ouyahia a assuré qu'il restait branché sur son projet «les exclus, les classes populaires et les classes moyennes», il a plaidé pour une politique qui allie «modernité économique et justice sociale». Il a décidé de traiter sans tabou tous les problèmes économiques, sociaux ou sociétaux. Cette remise en perspective politique suffira-t-elle à convaincre les électeurs ? Enfin, il est à signaler que le secrétaire général du RND était accompagné du vice-président du FCE, Laïd Benamor. Noureddine Guergour ELECTIONS LEGISLATIVES Le «message d'espoir» du RCD C'est un message d'espoir quant à la capacité de dépasser pacifiquement et démocratiquement la crise de légitimité du pouvoir que le RCD veut transmettre au peuple algérien en participant aux élections législatives du 4 mai prochain. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Pour le président du parti qui animait, hier dimanche, au tout premier jour de la campagne électorale de ce scrutin, une conférence de presse, il n'y a qu'une seule condition à ce double objectif, la volonté réfléchie et déterminée des citoyens. Car, arguera Mohcine Belabbas, «il n'est pas vrai que l'on ne peut pas soulager les problèmes moraux et matériels que vit une large partie de la population pour restituer l'espoir et, partant, susciter le désir de tous pour s'impliquer et combattre le pessimisme et la perte d'espoirs ambiants». Et de poursuivre qu'il s'agira, lors de cette campagne électorale, de dire aux Algériens que rien n'est perdu devant la panique et le défaitisme du gouvernement qui distille la confusion à longueur de discours, d'interventions et de messages démagogiques, incohérents et illisibles». Des slogans à travers lesquels il dira déceler une sorte de chantage selon lequel «il n'y aurait de salut sans la remontée des cours des hydrocarbures ou que l'alternative est l'austérité ou le chaos». Considérant qu'il aurait été mieux indiqué un recul pour une évaluation lucide et responsable de la situation du pays, le président du RCD regrette que les parrains aient préféré la «fuite en avant, optant pour le choix suicidaire de ce qui constitue, selon lui, le dernier avatar de l'affolement général, la nouvelle politique économique qui n'est que l'expression générique désignant l'annulation de nombreux projets d'investissement, l'abandon de la construction d'infrastructures de base comme les routes ou les hôpitaux, la contraction de l'enveloppe des équipements et l'agression contre le pouvoir d'achat par la hausse généralisée des prix et une dévaluation rampante». Et dire que, estimera-t-il, la relance de l'activité économique et la prise en charge des problèmes sociaux sont possibles. D'où, d'ailleurs, le slogan «Pour un nouveau départ» du programme électoral du parti en prévision des élections législatives du 4 mai prochain. Un programme qui, affirmera le président du RCD, contient des «mesures immédiates et à moyen terme qui s'articulent autour de lois de finances destinées avant tout à satisfaire les clientèles dans leurs différents démembrements mais à concevoir la programmation budgétaire pour des objectifs pluriannuels débattus et adoptés par une représentation nationale crédible et légitime». Le président du RCD tiendra, néanmoins, à préciser que ce mot d'ordre de nouveau départ a ses préalables : la fin de la cooptation à tous les niveaux pour parvenir, selon lui, à un fonctionnement consensuel, performant et transparent de l'Etat, le respect du résultat des urnes lors de ces législatives. A propos justement des urnes, Belabbas fera part d'une première pour le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales : son aveu, selon lui, de la fraude organisée par son administration lors des élections législatives de mai 2012. Il s'agit, expliquera le président du RCD, des résultats de ces élections que le département que dirige Noureddine Bedoui vient de rendre publics et qui font ressortir que des partis, sans atteindre les 4% des voix exprimées, sont non seulement exempts de la collecte de signatures d'électeurs pour le rendez-vous du 4 mai prochain, mais ont été gratifiés de sièges à l'Assemblée populaire nationale en 2012. «On ne sait s'il faut interpréter ce coming-out comme un mea-culpa ou un défi cynique assumant l'outrage du viol de la volonté populaire ? s'interrogera-t-il. M. K. LEGISLATIVES 2017 L'alliance MSP-Front du changement démarre la campagne à Alger C'est avec une demi-heure de retard que Abderezzak Mokri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), accompagné de Abdelmadjid Menasra, fondateur du Front du changement, les deux chefs des partis islamistes, se sont retrouvés sous la statue de l'émir Abdelkader, à la rue Larbi-Ben-M'hidi. Mounira Amine-Seka - Alger (Le Soir) - Bien mis dans leurs costumes, cravate un peu trop serrée, les deux alliés se sont adressés à la foule de journalistes à travers un mégaphone pour déclarer : «Nous choisissons la place de l'Emir, fondateur d'une Algérie moderne basée sur l'Islam et les principes, pour démarrer notre campagne laquelle, symbole de l'expression main dans la main, représente l'alliance de nos forces politiques qui porteront la prospérité et la sérénité à notre peuple», a déclaré Mokri, suivi de son allié Abdelmadjid Menasra qui a souligné que «la symbolique du démarrage de notre campagne, avec le président du MSP, à partir de la capitale et l'unité de nos expériences représentent toute notre volonté de réaliser nos idées pour aboutir à une nouvelle Algérie, unie, prospère et développée et le seul à en bénéficier est le citoyen algérien. C'est pourquoi, les Algériens sont conviés à faire entendre leur voix à travers l'urne, plutôt que d'avoir recours à la rue, après les résultats pour dire leurs opinions à travers la violence». Suite à leurs déclarations, les deux responsables ont procédé à un lâcher de pigeons blancs en criant «Allah Akbar», puis à la plantation de marguerites au pied de la statue. Un moment marqué par le passage de quelques passants qui les ont hués. Après avoir fini de planter, Mokri et Menasra entament une petite virée dans la rue Ben-M'hidi, suivis d'un jeune homme qui n'a eu de cesse de hurler dans le mégaphone aux citoyens de voter «26». Une ambiance qui a renvoyé plus d'un dans un passé récent où un certain parti islamiste appelait les citoyens à sélectionner son numéro pour le mettre dans l'urne. Arrivés à hauteur d'un magasin de vêtements pour hommes où un jeune citoyen procédait à la peinture des murs de la boutique, Mokri lui enleva le rouleau de peinture pour le remplacer sur l'escabeau et donner quelques coups de peinture. Le même peintre rappelle Menasra pour lui dire qu'il méritait plus de 10 000 voix aux élections, un acte qui lui a valu une chemise offerte par le leader. Un peu plus bas, vers la grande terrasse de Tantonville, au square Port-Saïd, une vieille dame interpelle Mokri pour lui dire : «Nous ne voterons pas ! Nous avons toujours voté et les choses n'ont jamais changé. Après toutes ces années, nous continuons à courir après la pomme de terre qui affiche encore 100 DA !», Mokri sourit et lui promet qu'avec son parti les choses changeront, mais la dame continue de lui crier à la figure que «rien ne changera ! Vous criez tous au changement pour que les choses empirent, alors que vous encaissez 400 000 DA par mois, pendant que le peuple continue de courir après le couffin, tous les jours». Il est clair que cette fois-ci, la rue parle avant même le jour des élections, à travers les urnes. M. A.-S. Front El-MoustakbEl : «Certains dépassements suscitent des craintes» Comme le veut la tradition, c'était à Aziz Bélaïd de donner le coup d'envoi de la campagne électorale, officiellement ouverte hier, en animant une conférence de presse au siège de son parti, le Front El-Moustakbel. A. Chérif - Alger (Le Soir) - L'ancien candidat aux présidentielles a focalisé son intervention sur le contenu de son programme résumé en onze points dans un dépliant remis à tous les présents. Un programme, dit-il, englobant la vision de son parti pour la réforme des secteurs stratégiques, tels que la santé, la justice mais aussi l'éducation, le tourisme et la diplomatie. «Nous avons de nouvelles idées, et nous avons tenté de les transmettre du mieux que nous pouvons afin d'aider notre pays à aller de l'avant.» Aziz Bélaïd a opté pour une brève intervention, choisissant les messages flash aux discours politiques habituels. S'en est suivi, naturellement, un jeu de questions-réponses avec les journalistes présents et particulièrement curieux de savoir comment ce dernier allait s'y prendre pour convaincre les Algériens de prendre part à un scrutin auquel ils semblent ne pas prêter grand intérêt. Le conférencier se dit lui aussi préoccupé par le risque d'abstention. Une réalité, dit-il, «qui découle tout droit du problème de confiance qui se pose entre les citoyens et les gouvernants». Il poursuit : «Les discours que nous écoutons au sein de la population trahissent le peu de crédit accordé à tout ce qui se fait. Le problème est que tout le monde raisonne de la même manière aujourd'hui. Le message qui est transmis aux candidats est très révélateur. Ce sont toujours les mêmes phrases que nous entendons : combien vous a-t-on donné ? C'est bon, vous avez eu votre quota ? Les Algériens partent avec un a priori, pour eux les jeux sont faits et il ne sert donc à rien de voter. Pour nous, il est essentiel de dépasser cette manière de penser, de sortir de cette vision, de toute cette terminologie, car, en fait, on évoque cette situation comme si le peuple était absent. Or, ce n'est pas le cas.» Après un moment de silence, Aziz Bélaïd reprend. Il lâche la phrase : «A mon avis, ce problème d'abstention est dû au pouvoir. Les Algériens doivent cependant savoir que s'ils viennent voter le jour du scrutin, il n'y aura pas fraude.» Relancé par un journaliste, il évoque ensuite «certains comportements qui jettent le doute» et le peu de «pouvoir qu'ont les partis politiques pour faire barrage à ces pratiques». «Nous savons qu'il y a certains dépassements, et il est donc tout à fait naturel qu'ils soulèvent des craintes», ajoute-t-il. Le responsable du Front El-Moustakbel s'explique : «Il faut dépasser certaines pratiques administratives et séparer l'acte de vote de tous les problèmes, de toutes ces entraves auxquelles nous pouvons faire face. Pour cette raison, je dis que seul le peuple peut changer les choses en participant au scrutin.» A. C. Ahd 54 Fawzi Rebaïne dénonce des obstacles administratifs Le parti AHD 54 qui devait se lancer dans la course électorale dans 25 wilayas n'a finalement pu être présent que dans onze wilayas. Le reste de ses listes a été rejeté. Un rejet injustifié, dénonce Fawzi Rebaïne. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le président de AHD 54 a entamé hier sa campagne électorale en organisant une conférence de presse pour dénoncer les différents obstacles auxquels le parti a fait face avant de pouvoir valider ses listes. En raison de ces blocages, le parti ne pourra pas se lancer dans ces élections législatives dans toutes les wilayas prévues. Fawzi Rebaïne a indiqué que son parti n'a pas pu valider ses listes électorales dans les 25 wilayas où il comptait participer. Pourtant, explique le président du parti, il ne s'agit pas d'un problème de signatures. Au final, AHD 54 participera à ces législatives dans seulement onze wilayas. Le parti dénonce des blocages administratifs injustifiés. «Nous avons réuni toutes les conditions dans ces wilayas où nos listes ont été rejetées mais à chaque fois l'administration trouvait des obstacles infondés pour nous évacuer de la course électorale», a indiqué le conférencier. Le parti, dit-il, a fait tous les recours mais ces derniers ont été aussi rejetés. Le problème majeur, selon M. Rebaïne, c'est la mauvaise volonté politique. «Pourquoi autant d'obstacles lorsqu'un parti politique veut participer au débat politique et une course électorale ?» s'interroge le président du parti. La raison de ces obstacles, dit-il, c'est pour ne pas permettre au parti d'avoir une véritable représentativité dans l'Assemblée populaire nationale. Selon Fawzi Rebaïne, tout le processus électoral a été fait de sorte à faire échouer toutes les personnes qui veulent créer une alternative. La future Assemblée sera d'ailleurs, prévoit-il, une Assemblée de milliardaires qui ne pourra pas apporter une alternative. Le président de AHD 54 doute même de la participation des citoyens dans ces législatives. «Qui voudra aller voter pour des personnes qui ont créé le chaos économique et social dans ce pays et qui ont comme seul programme le programme du Président ?» s'interroge encore Rebaïne.