Bizarrement, et alors que les observateurs s'attendaient à ce que la campagne pour un quatrième mandat pour Bouteflika atteigne sa vitesse de croisière, les responsables des partis de la mouvance présidentielle ont choisi d'éluder cette question au cours de leurs récentes sorties publiques. A commencer par le patron par intérim du RND qui a, à partir d'Oran où il réunissait les cadres de son parti de l'ouest du pays, soigneusement évité d'aborder la question de la reconduction de l'actuel chef de l'Etat pour un quatrième mandat. Difficile de croire qu'un vieux routier comme Abdelkader Bensalah, qui avait d'ailleurs insisté pour que chacun ait un exemplaire écrit de son discours pour qu'il n'y ait pas de «lecture erronée» de ses propos, ait commis, là, une simple omission. Il en est de même de Amar Ghoul, l'un des plus acharnés défenseurs de l'idée d'un quatrième mandat présidentiel. Face aux journalistes, hier à Alger, le président du TAJ a, en effet, préféré répondre par des éloges au bilan de l'actuel locataire du palais d'El-Mouradia, aux questions, pourtant claires et directes, de nos confrères à propos d'un nouveau mandat présidentiel pour Bouteflika. Intervenant au lendemain de la sortie de Amara Benyounès, un autre partisan du quatrième mandat, qui annonçait, à partir de Paris, le report de la révision constitutionnelle, les sorties prudentes de Abdelkader Bensalah et de Amar Ghoul viennent ajouter au flou ambiant quant aux intentions réelles de Abdelaziz Bouteflika de postuler pour un nouveau mandat. L'étrange prudence du président du Sénat La rencontre qu'a présidée hier à Oran au Centre des conventions, M. Abdelkader Bensalah, secrétaire général par intérim du RND, a regroupé tous les militants de l'Ouest de ce parti en vue de préparer le 4e congrès prévu en décembre. Avant d'entamer son discours, l'intervenant a tenu à émettre une précision : «Je choisis aujourd'hui de vous lire mon discours écrit afin qu'il n'y ait pas de mauvaise lecture de mes propos, car de nos jours toute parole doit être précise et équilibrée». Une précision qui n'a fait qu'animer davantage de lectures tant son discours était truffé d'allusions et de sous-entendus. Hier, le RND n'a pas appelé directement le Président Bouteflika à briguer un quatrième mandat, mais il s'est contenté de remercier, dira Abdelkader Bensalah, «l'architecte de la paix et de la stabilité en Algérie et de son épanouissement et sa prospérité sur tous les plans, nous saluons tous cet homme, Abdelaziz Bouteflika». Insistant sur la stabilité du pays, qui, dit-il, «est une ligne rouge à ne pas dépasser, car les institutions sont là pour assurer leur rôle dans le respect de la Constitution». Une stabilité qui assure notamment la compétition en prévision des élections présidentielles prochaines. A travers plus d'une allusion faites à Saïdani, secrétaire général du FLN, sans le citer, pour avoir déclaré récemment que Bouteflika est le candidat du FLN, Bensalah dira : «Nous sommes pour le multipartisme et le RND ne prétend pas monopoliser le champ politique.» Et de dire plus loin : «Nul doute que notre position est un principe stable et nous avons à plusieurs occasions exprimé notre soutien au président de la République, nous le répétons à ceux qui ne nous ont pas entendus : le RND n'est pas de ceux qui sacrifient un présent tranquille pour notre pays et un avenir assuré pour ses enfants, sur le compte d'un lendemain inconnu dans lequel on ne peut pas se projeter.» S'agissant de la tenue du 4e congrès du Rassemblement national démocratique prévu en décembre, Abdelkader Bensalah dira que son parti s'apprête à tenir son congrès dans une conjoncture assez particulière, très animé, sur le plan politique puisqu'il se tiendra en pleins débats autour des prochaines échéances électorales. «Le RND prendra part à ces débats et aura à se prononcer sur plusieurs points et préciser ses positions», allusion faite notamment à soutenir ouvertement un candidat pour les présidentielles de 2014. Amel Bentolba Le président du TAJ l'élude Le timing de la révision constitutionnelle annoncée ne constitue pas un sujet de convergence entre le président de Tajamou'Amal El Djazair (TAJ), Amar Ghoul, et le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès. Chérif ennaceur - Alger (Le Soir) Alors que ce dernier, ministre du Développement industriel a laissé entendre, ce week-end, que cette révision constitutionnelle ne pourrait intervenir qu'après la tenue des élections présidentielles, faute de temps, Amar Ghoul a apprécié différemment la question de l'échéance. Animant une conférence de presse à l'hôtel Hilton, à l'issue d'une conférence nationale des femmes, le président du TAJ, s'exprimant strictement en tant que tel, a estimé que la question du timing, avant ou après le scrutin présidentiel, ne relève que du «détail», de «la forme». Or, l'essentiel, la «grande question» réside plutôt dans «le fond» de la révision, son contenu, observera Amar Ghoul, partisan d'une «vison globale et harmonieuse» et favorable notamment à davantage de séparation des pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire, mais de manière «complémentaire» et «équilibrée», et à la consolidation du rôle et des prérogatives des différentes institutions nationales dont l'Armée nationale populaire. Le leader du TAJ n'évoque pas un autre mandat Rétif à être impliqué dans tout débat stérile, le dirigeant de Taj a, néanmoins, taclé tacitement son collègue gouvernemental. Ainsi, le président de TAJ, également ministre des Transports, a assuré qu'il «ne fait pas dans l'analyse», ce que Amara Benyounès avait justement assumé. Une divergence d'approche entre deux chefs de partis et ministres d'un même gouvernement et «fidèles» au président de la République, qui démontre apparemment une cohésion gouvernementale assez défaillante. Certes, Amar Ghoul n'a pas manqué de réitérer, en termes appuyés, sa fidélité au chef de l'Etat. Toutefois, Amar Ghoul a éludé la question d'un autre mandat présidentiel, ne répondant pas à une question directe à ce propos et précisant que son parti se prononcera de façon idoine si le chef de l'Etat ne se représentera pas. Le dirigeant de TAJ a plutôt évoqué les diverses menaces et risques qui pèsent sur la stabilité, la sécurité et le développement socioéconomique de l'Algérie, en citant notamment les trafics de drogue et d'armes qui ciblent le territoire national. Ce faisant, Amar Ghoul a précisé que son parti agira au premier plan, lors du prochain scrutin. Comme le chef de Taj a apporté son soutien au Premier ministre, réfutant tout lien entre la campagne électorale pour les présidentielles et les visites d'inspection effectuées par Abdelmalek Sellal qui «fait du bon travail», applique le programme du président de la République et «ne distribue pas des illusions». D'autre part, le président de TAJ ne partage pas le même point de vue que les 14 partis qui revendiquent l'institution d'une commission indépendante de surveillance des élections. Selon Amar Ghoul, une telle structure «existe de par la loi» et il revient aux compétiteurs d'œuvrer par eux-mêmes, au contrôle des opérations de vote. A charge, cependant, que le prochain scrutin ne soit pas l'occasion d'un «échange d'invectives» ou on favorise les ingérences extérieures, mais permet effectivement la confrontation des «programmes, des idées». Taj pour un quota de 50% des élues Organisée dans le cadre de la dynamique de développement de l'intermédiation sociétale, impulsée par le parti Taj, cette conférence a été marquée par le lancement du Conseil national des femmes, voulu contribuer à une meilleure représentativité et promotion de la gent féminine algérienne. L'opportunité également pour Amar Ghoul de saluer la contribution du président de la République en faveur de la promotion de la place, des droits des femmes algériennes et de leurs acquis. En ce sens, Amar Ghoul a assuré de la disponibilité de son parti à s'opposer à toutes les atteintes et agressions commises contre les femmes, à soutenir toute réforme législative et réglementaire initiée dans ce cadre, voire d'assurer que le Code de la famille «évoluera» en phase avec les «évolutions de la société», même s'il ne s'agira pas de promouvoir une «femme rebelle mais une femme partenaire», dira-t-il. De même, le président de TAJ formule l'objectif d'améliorer la représentativité des femmes au sein des assemblées élues, fixée actuellement au quota de 30%, en l'augmentant à 50%. Cela dans la mesure où cette avancée a été obtenue grâce à la politique menée par Abdelaziz Bouteflika, rappellera le président de Taj, dont le bureau politique compte 8 femmes.