Durant les seize précédentes participations, l'Algérie avait du mal à démarrer ses phases finales de la CAN. Trois petites victoires, dont la dernière en 2015 à Mongomo (Guinée équatoriale) contre l'Afrique du Sud, agrémentent les entrées en lice des Verts dans cette compétition où, malgré des ambitions conformes à la qualité du potentiel humain, les Algériens ne parviennent jamais à honorer leur statut de favoris. De grands favoris. Hier, à Franceville et face au «petit poucet» du Zimbabwe, les protégés de Leekens sentaient cette lourde pression induite par le devoir de réussir les débuts à l'occasion d'un challenge où, à nouveau, ils sont attendus pour le sacre final. Un stress qui s'ajoutait à la grosse chaleur et l'humidité qui enveloppait le Rénovation-Stadium de Franceville. Une ambiance que les avant-propos des deux sélectionneurs, la veille, ont davantage corsée. «On doit gagner le premier match face au Zimbabwe, comme je l'ai toujours déclaré. C'est une rencontre très importante pour nous et on doit empocher les trois points. Ce sera la clé d'un bon tournoi pour être un peu à l'aise et sans pression lors des deux autres rencontres. Je l'ai dit aux joueurs. La victoire lors du premier match va nous permettre de gagner encore plus de confiance», assurait Georges Leekens, le sélectionneur belge des Verts, lors de ses dernières sorties face à la presse. Une manière de dire aussi que si l'Algérie échoue dans son entreprise de battre les Warriors qui fêtent leur troisième participation durant un tournoi final de la CAN, il ne fallait plus compter sur Mahrez et compagnie pour faire partie des grands acteurs de cette 31e Coupe d'Afrique des nations. Surtout que, du côté des Zimbabwéens, le ton n'était pas au défaitisme. Le coach des Warriors s'amusera même avec les médias en lançant que le Zimbabwe est son favori du groupe. «On a une équipe très forte et on n'a peur de personne. Je sais ce que vaut mon équipe et on est ici pour faire quelque chose. Je sais que beaucoup de personnes ne nous connaissent pas et cela représente un avantage. On va surprendre pas mal de gens. On est préparés à entamer la compétition et frapper fort d'entrée. Je vous le répète, nous n'avons peur de personne, et encore moins de l'Algérie», lâchait Kalisto Pasuwa, l'ancien milieu offensif des Dynamos FC, club avec lequel il a engrangé 12 trophées en tant qu'entraîneur. Fin dribbleur en tant que footballeur, le «meilleur entraîneur» zimbabwéen en 2012, Pasuwa savait intimement qu'il allait s'en prendre à une montagne. Un géant affaibli par les secousses qui se sont succédé depuis mars dernier, au lendemain de la séparation entre Gourcuff et la FAF. L'avant-match était «copieux» en termes d'ambitions et de «menaces» et l'épreuve du terrain ne pouvait être que celle de la vérité. Devant des gradins clairsemés malgré les prévisions des organisateurs qui assuraient un déroulement de ce match à guichets fermés, les deux sélections n'hésitaient pas à s'entrer dedans dès les premières escarmouches. Et c'est Khama Billiat, l'attaquant des Mamelodi Sundowns, qui titillera la transversale de M'Bolhi grâce à une frappe de génie (10'). Une chaude alerte qui «chauffera» le camp des Verts. Sur l'action qui a suivi le premier changement des Zimbabwéens, Mahrez, lancé par Slimani, ajuste le portier adverse d'une frappe enveloppée qui échouera sur le poteau droit avant de terminer sa course au fond. La joie du «meilleur footballeur africain» de l'année et de ses camarades sera, pourtant, de très courte durée. Un tir anodin de Mahachi face à une défense algérienne «à la porte» trompe un M'bolhi qui a joué le «coup d'œil» au lieu d'attaquer le ballon (17'). Une entame asphyxiante Et les Zimbabwéens n'allaient pas se suffire de cette égalisation puisque Billiat verra sa frappe à l'entrée des 18 yards repoussée en corner par M'bolhi (23'). Un gardien algérien trahi par sa défense incroyablement absente dans les duels et approximative dans ses interventions. C'est le cas de le dire pour Belkhiter qui, débordé par son vis-à-vis, commet l'irréparable en provoquant le penalty que le centre-avant zimbabwéen, Mushekwi, transformera allégrement (28'). Un retournement de situation qui a mis à nu les carences de cette équipe de Leekens qui, quarante-cinq minutes durant, paraissait telle une âme en peine. Sans génie et sans ressources. Le scénario de Sousse-2004 semblait, au rythme où se dirigeait cette sixième confrontation algéro-zimbabwéenne, réédité et l'Algérie qui avait, sous Saâdane, besoin d'un but pour passer en quarts, se devait de se relever, se révolter, inexorablement. L'incorporation de Meftah qui remplaçait Belkhiter, pas du tout aidé dans ses tâches défensives à l'occasion de sa première sélection officielle, semblait un premier acte de révision technique de la part du technicien belge. Un entraîneur ravi que son gardien entretienne les espoirs des siens en repoussant un ballon de Billiat qui allait droit au fond des filets (53'). Des Verts ensuite dominateurs mais maladroits sur les essais de Bentaleb (54') qui effleura le poteau gauche zimbabwéen puis le coup de boule de Bensebaïni qui s'écrasera sur la transversale (59'). Mais, sans la chance (un défenseur zimbabwéen a même repris une balle sur sa propre barre transversale, 73') et avec l'excès d'individualisme de Mahrez, cet ascendant inspiré par un Brahimi retrouvé avait du mal à se matérialiser au tableau d'affichage. Ce dernier bougera (enfin) en faveur des Algériens qui, suite à un sauvetage de M'bolhi, égaliseront grâce à Mahrez dont le bolide, à l'entrée de la zone de vérité adverse, soulèvera les filets de Mkuruya (82'). Les Verts n'ont pas gagné, n'ont pas perdu mais le nul d'hier n'inspire rien de bon pour la suite de la compétition. M. B. Fiche technique Franceville, stade Rénovation, temps chaud (32°) et humide (73%), pelouse en parfait état, affluence très moyenne (5 000 spectateurs environ), arbitrage de M. Bamlak Tessema Weyesa (Ethiopie) assisté de M. Jean-Claude Birumushahu (Burundi) et l'Aboubacar Doumbouya (Guinée). 4e arbitre : Denis Dembélé (Côte-d'Ivoire). Commissaire au match : Amadou Souley (Niger). Coordinateur général : Khaled Lemkecher (Tunisie). But : Mahrez (13' et 82') Algérie, Mahachi (17'), Mushekwi (s.p, 28') Zimbabwe. Avts : Belkhiter (28') Algérei, Rusike (37') Zimbabwe. Algérie : M'bolhi, Belkhiter (Meftah, 46'), Ghoulam, Mandi (cap.), Bensebaïni, Guedioura, Bentaleb, Mahrez, Brahimi, Slimani, Soudani (Ghezzal, 77'). Entr. : Georges Leekens. Zimbabwe : T.M Mkuruya, C. Nhamoinesu, D. Phiri, H. Zvirekwi, O. Bhasera, N. L. Mushekwi (C. Malajila, 78'), K. Mahachi, W. Katsande (cap.), K. Musona (T.M. Rusike, 11'), K. Billiat. Entr. : Kalisto Pasuwa.