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Des différences ethniques et culturelles
Publié dans Le Soir d'Algérie le 21 - 01 - 2017


Par Ali Derbala, universitaire
«La nature ne crée pas de nations»
(Baruch Spinoza)
Dans la troisième partie de sa récente contribution, Ould Khelifa (1) a écrit que «... des études pseudo scientifiques qui portent le nom de "science" des indigènes se sont focalisées sur des régions spécifiques, dans le but d'approfondir davantage les différences ethniques et culturelles, jusqu'à inventer une vieille animosité entre les habitants de ces régions tels que les Kabyles, les Chaouias, les Touareg, les Mozabites et les Arabes». Ces régions d'Algérie ne sont distantes d'Alger, la capitale de notre pays, que d'au plus 600 km. Seuls les Touareg sont à 2 000 km. Le colonialisme n'a pas réussi à faire des scissions dans notre société grâce au bon ciment chaud de l'islam. Entouré de ses Compagnons Abou Bakr Essedik, Salmane El Farissi, Bilal El Habachi, etc., notre Prophète Mohamed, que la Prière et le Salut soient sur lui, a érigé le monde musulman. Ces Amis sont originaires respectivement de La Mecque, en Arabie Saoudite, d'Iran actuel, de l'Erythrée, etc.
Ces pays sont éloignés par des dizaines de milliers de kilomètres. L'arabe et le tamazight ne peuvent en aucun cas être des langues antagonistes mais complémentaires. Aucune langue ne doit être hégémonique comme l'a été le français sur les autres langues en France.
1. Un «génocide culturel»
En France, comment le français s'est assuré une hégémonie incontestée sur les autres langues ? Durant la Révolution française, le pédagogue chevronné, laïc, Jules Ferry a tranché sur l'utilisation des dialectes. Il les a interdits, les a déclarés illicites, carrément hors la loi, arriérés et décidé qu'ils n'offraient pas «d'épanouissement» pour le peuple français.
En 1881-1882, il est écrit que l'action de Jules Ferry(2) à une époque où la langue française prend définitivement place dans les programmes de l'école primaire était : «Qu'il importe donc prioritairement, si on souhaite promouvoir l'enseignement du français, de chasser de l'école ces dialectes "barbares", en ordonnant aux maîtres d'enseigner en français, et en interdisant aux enfants l'usage de dialectes, qui les enferment dans un univers linguistique étriqué et disparate, leur coupant tout accès à la culture nationale.»
Le plan Talleyrand prévoit de n'enseigner que la langue nationale française, afin de chasser «cette foule de dialectes corrompus, derniers vestiges de la féodalité». La lutte contre le patois emplit tout le XIXe siècle, atteignant même des sommets à partir des années 1850, où l'usage du patois à l'école est formellement interdit, aussi bien par le règlement impérial de 1853, que par celui républicain de 1880(2). Ces textes règlementaires s'accompagnent de sanctions à l'encontre des maîtres récalcitrants, tandis que les élèves surpris à parler patois sont l'objet de brimades humiliantes, comme en Bretagne, où «la marque d'infamie» est représentée par un sabot accroché au cou. Rares sont alors ceux qui, au nom de la pédagogie et du respect de l'enfant, se permettent de critiquer l'entreprise d'unification linguistique conduite par le pouvoir.
Entreprise que certains n'hésiteront pas à qualifier de «génocide culturel». Les quelques voix d'humanité et de sagesse qui s'élevèrent alors n'étant guère entendues, l'offensive de déculturation entreprise par la Révolution française se poursuit jusqu'à ce que, le bon sens l'emportant enfin, on y mette un terme et que, même notre époque, soucieuse de retrouver ses racines, en vienne à considérer les langues régionales comme partie intégrante de notre patrimoine national, et entreprenne d'en promouvoir l'enseignement.
Extirpé de l'école, le patois cède progressivement la place à un enseignement de la langue française qui, parallèlement, s'étoffe et se diversifi(2).
2. Apport de l'arabe dans le français
A quelle époque l'arabe s'introduit-il dans le français ?(3). Dans un premier temps, au Moyen-Age, avec les grands savants arabes de l'époque, ceux qui, les premiers, ont fait traduire en Espagne les manuscrits grecs.
Apparait, grâce à eux, le vocabulaire des alchimistes, des botanistes, des naturalistes et, bien sûr, des mathématiciens — chiffre et zéro proviennent ainsi du même mot arabe, sifr. Sans oublier certains termes de la vie courante, comme jupe (jouba), artichaut (elkhorchaf), aubergine (batendjen), alcool (elkouhol). L'arabe a aussi été une langue de passage, entraînant avec lui des noms turcs (minaret), hindis (riz), persan (babouche, pyjama).
Et puis, beaucoup plus tard, à l'époque des colonisations, de nouveaux mots, familiers ceux-là, sont introduits, tels que bled, toubib, barda, gourbi... Pourquoi nos étudiants et enseignants présentent-ils des «frustrations» devant l'acquisition des langues arabe, berbère, française et anglaise ? Les étudiants et enseignants algériens doivent s'orienter vers le «plurilinguisme».
L'apprentissage des langues étrangères dès l'école est une ouverture de l'esprit de l'élève. Sans maîtrise d'autres langues que la langue maternelle ou la langue officielle du pays, on ne peut espérer une place dans le monde d'aujourd'hui et de demain, économiquement, culturellement et politiquement.
L'apprentissage d'une ou plusieurs langues étrangères est indispensable pour notre développement. Il n'est pas question d'entreprendre une bataille à l'arabe, au français ou à l'anglais. Il faut faire de ces langues une association mutuellement bénéfique si ce n'est très indispensable à leur survie.
Il est nécessaire d'entreprendre une révolution pédagogique des enseignements.
Pour que nos étudiants apprennent à lire et à écrire, il faut qu'ils comprennent et parlent au moins l'arabe, le français et l'anglais.
3. Les phénomènes d'islamophobie
L'ancienne enseignante à l'Université d'Alger, Yvonne de Turin(4), rapporte dans son livre des avis sur l'Algérie coloniale. Choisies par nous-même pour le lectorat, quelques phrases sont citées ci-dessous. En p.19 : «Une opinion officielle sera constamment reprise par les responsables politiques. Bugeaud, le 4 septembre 1843, en entretient le maréchal Soult, président du Conseil. Les Arabes, dit-il, sont vaincus ; il n'est possible ni de les chasser de chez eux ni de les exterminer, il faut donc les gouverner avec paternité en même temps qu'avec la force. Leur haine du chrétien n'en périra pas pour autant...»
En p.106 : «Cette plaie de paupérisation est déjà affreuse en Algérie ; elle s'étend partout, elle dévore tout.» En p.111, manifester l'importance de la résistance religieuse dans la résistance populaire, elle définit une zaouïa comme à la fois une chapelle ou mosquée, école, lieu de culte, lieu d'asile et de réunions, bibliothèque, hôpital, office de publicité où s'échangent les nouvelles.
«Les circonscriptions d'une zaouïa, un monastère médiéval, se confondent avec les académies. Les chefs religieux sont comme des évêques doublés de recteurs.
Cela ne mérite-t-il pas une surveillance particulière ?» En p.115, de Neveu a écrit : «Dans tous les fléaux que la France doit combattre en Algérie, l'ignorance est, sans contredit, le plus terrible.» «Nous sommes obligés de recourir sans cesse à la force pour contraindre les indigènes à suivre nos avis et à se pénétrer du bien que nous voulons leur faire. De sorte que, par ignorance, les indigènes choisissent ce qui leur nuit et rejettent, sans le moindre examen, les attentions bienfaitrices qu'on a pour eux.»
En p.117 : «L'instruction est placée sous la sauvegarde de la religion. Pour tous les musulmans, apprendre à écrire, c'est retracer les caractères du livre sacré.» En p.119 : «L'école française, la fréquenter, c'est donc accepter de s'initier à la religion des infidèles.»
En p.121 : «Le taleb est le maître de l'école primaire... Il est à la fois l'instituteur et le curé... Il n'est pas un savant, mais le seul savant, la lumière, l'oracle de la tribu.» «Les études supérieures ont été négligées parce que ce débouché leur a manqué et les écoles sont tombées aux mains de maîtres ignorants, rebut, pour la plupart, des écoles de Tunis et du Maroc.»
En p.131 : «Les tribus sont plongées dans les ténèbres de l'ignorance les plus épaisses.» En p.144 : «A Tlemcen, surtout en temps d'épidémie, la médecine française offre peu de réussite à cause des préjugés des indigènes...» «Dès les premiers jours de l'épidémie, peu sont venus réclamer nos soins, beaucoup les ont même refusés par ce que les Juifs leur avaient dit que nous donnions comme traitement du rhum et du cognac et que, du reste, c'était un fléau que Dieu envoyait et que nous n'y pouvions rien.»
Ici apparaît le médecin juif, mécontent de la concurrence, et qui défend sa compétence. Le thébib et taleb sont synonymes. En p.192, «les tolbas, ces indésirables qui prêchent si souvent la révolte, et qui sont toujours les premiers à abandonner les populations chez lesquelles leurs mauvais conseils ont porté le trouble». En p.199 : «Dès que nous voulons sortir, nous sommes accueillis à coup de fusil par ces barbares qui ne veulent pas être civilisés.» En p.212 : «L'indigène était fatigué d'ordre, de régularité ; selon une expression de l'aga de Frenda : ‘'à force de vouloir son bien, nous l'avons ennuyé''.»
En p.221 : «Nous sommes déjà parvenus à faire comprendre à certains grands illettrés, qu'à mérite égal de bravoure et de fidélité éprouvée, l'homme de naissance illustre, mais qui sait lire et écrire l'arabe, doit leur être préféré pour les emplois.»
4. Et qu'en est-il de la daridja appelée aussi le maghribi ?
La langue populaire, la daridja, ne s'est pas imposée à la communauté algérienne en un jour. Elle est issue d'une longue cohabitation avec beaucoup plus l'arabe, le berbère, le français et en beaucoup moins avec l'espagnol, le portugais, le maltais, l'italien, le turc et des traces même de l'anglais américain dues au débarquement des Américains en Afrique du Nord durant la Seconde Guerre mondiale.
Son histoire est similaire à celle du français avec le latin. Dans le milieu populaire algérien, elle s'est beaucoup affirmée.
L'arabe littéraire est considéré comme une langue officielle, de facto, une forme de distinction. Il faut une volonté politique forte pour que la daridja soit reconnue langue nationale, d'abord dans l'édition, puis dans des textes officiels et enfin à l'école.
Pourquoi refuse-t-on notre «parler quotidien», la daridja, comme langue officielle et langue du savoir ? S'agit-il d'un «syndrome» qui touche notre population ? Seuls des psychiatres algériens peuvent diagnostiquer cette «névrose» ou «psychose» ou «refoulement» ou autre chose en nous. On reste dans l'attente d'un éclaircissement non évasif mais bien détaillé d'un spécialiste.
Conclusion
L'Algérie est une nation qui est soucieuse de cultiver ses propres langues officielles, l'arabe et le tamazight. On a su aussi qu'il faut trois ans pour parler couramment et lire le touareg ou targui. En Louisiane, aux Etats-Unis, un Etat français à l'origine, la déculturation a touché toute la population américaine de la Nouvelle-Orléans. Très peu d'Américains de cet Etat parlent encore la langue française.
A. D.
Annexe
Une langue est définie comme un idiome propre à une nation. Elle est définie dans le Petit Larousse Illustré 2007 comme étant un système de signes verbaux propre à une communauté qui l'utilisent pour s'exprimer et communiquer entre eux. Un langage est une faculté propre à l'homme d'exprimer et de communiquer sa pensée au moyen d'un système de signes vocaux ou graphiques.
Une langue est vivante si elle est actuellement parlée, elle est dite morte si elle n'est plus parlée. Un dialecte est une forme régionale d'une langue considérée comme un système linguistique en soi. Quant au patois, il est le parler local employé par une population peu nombreuse et plutôt rurale.
Références
1. Mohamed Larbi Ould-Khelifa. Ascension et déclins des civilisations, 3e partie et fin : L'indigénophilie coloniale et ses mines destructrices. Le Soir d'Algérie, contribution, jeudi 5 janvier 2017, page 8.
2. Pierre Giolitto. Le bon français entre à l'école. Dossier Histoire de langue française. Historia, juillet 2005, pp.66-69.
3. Marianne Payot. N'ayons pas peur des mots étrangers. L'Express, n°3323, semaine du 11-17 mars 2015, Interview, langues, p.82.
4. Yvonne de Turin. Affrontements culturels dans l'Algérie coloniale. Ecoles, médecine, religion, 1830-1880. Enal, 2e édition, 1983.


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