Si la prise en charge des cancéreux adultes observe des insuffisances, celle liée à l'enfant est encore plus dramatique puisque l'oncologie pédiatrique est une spécialité peu développée en Algérie. Mais ce n'est pas la seule explication, selon les médecins et professeurs du CHU Mustapha-Pacha d'Alger. Naouel Boukir – Alger (Le Soir) – Le Centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC) spécialisé en oncologie accueille chaque année près de 400 enfants cancéreux venus des quatre coins du pays. La mobilisation de ces enfants sur des centaines de kilomètres dégrade sensiblement leur état de santé considérant les complications de leur pathologie. «Notre petite structure est réellement dans l'incapacité de prendre en charge plus de patients et le personnel soignant est souvent dépassé», a déclaré le Dr Bitata Nouredine, coordinateur des activités de santé au CPMC. Selon le chef de service de cet établissement, Pr. Kamel Bouzid, «il est également question de manque de motivation, d'implication et d'humanisme du personnel médical». Les centres hospitalo-universitaires Hassani-Issad (Alger), l'hôpital de Béjaïa ou celui de Blida, bien que dotés d'unités et de services d'oncologie pédiatrique, «celles-ci sont soit inactives ou refusent parfois de prendre en charge certains patients». En ajoutant que certains professeurs vont jusqu'à sélectionner les cas qu'ils veulent bien soigner en prétextant une insuffisance des moyens ou un défaut de compétences nécessaires pour tel ou tel type de cancer. Et ce, au détriment de la santé des petits patients. Cette déclaration intervient jeudi en marge de la clôture d'une session de formation pilote en oncologie organisée au profit des pédiatres et infirmiers exerçant dans des services de pédiatrie des hôpitaux de Laghouat, Batna, Tlemcen, Tiaret, Sétif, Sidi-Bel-Abbès, Annaba et Mostaganem. Les Drs. Charifa Louni et B. Nouredine ont exprimé leur enthousiasme quant aux retombées de cette formation sur l'amélioration de la prise en charge de l'oncopédiatrie au niveau national. Rejoignant l'avis de ses collègues, la Dr Souad Bekhti, neurochirurgienne au CHU Mustapha-Pacha et l'une des formateurs de cette session, a indiqué que la formation s'est déroulée dans d'excellentes conditions qui ont permis des échanges et des débats constructifs entre formateurs et «médecins apprentis» de par leur implication. En effet, cette formation s'inscrit dans le cadre du plan national de lutte contre le cancer (2015-2019) dont l'objectif est de former 1 000 médecins et agents paramédicaux à l'horizon 2019. Ces derniers se verront confier l'organisation et la gestion des nouvelles unités prévues à cet effet pour constituer, in fine, un réseau national pluridisciplinaire pour la prise en charge des enfants cancéreux ou, plus globalement, de l'oncologie pédiatrique.