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AUX ORIGINES DE L'AMITIE ALGERO-CHINOISE
Face à Mao Tse Toung (4e et fin)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 06 - 03 - 2017

La délégation militaire algérienne de haut niveau qui séjourne en Chine, sous la conduite du commandant Omar Oussedik, secrétaire d'Etat à la guerre du GPRA après avoir réglé les questions relatives à l'aide en armement, aborde avec les responsables chinois au plus haut niveau du Parti communiste chinois et de l'Etat les problèmes politiques.
Avec le maréchal Zhou Enlai, de nombreux autres problèmes ont été abordés. A un certain moment, nous avions senti – ou plutôt Oussedik, pour être plus juste – que quelque chose bougeait dans le camp socialiste et que le bloc monolithique dont on nous avait parlé pouvait ne pas être une réalité.
Sollicité par Zhou Enlai, Omar Oussedik devait donner son point de vue sur la visite effectuée par la délégation en Chine. Il déclara que nous avions le sentiment et la conviction que sur le plan subjectif la révolution chinoise était en avance. Ceci étant, même si elle accusait au plan objectif un retard dû à la faiblesse de son industrie lourde (retard technologique, technique et scientifique) et à l'inexistence d'une véritable infrastructure indispensable au développement de cet immense continent qui est la Chine.
Une lueur est apparue dans le regard du maréchal Chou En Lai lorsqu'il dit : «Est-ce là votre conviction camarades algériens ? - Oui, nous avons le sentiment que vous arriverez avant les autres au communisme, tout comme nous pensons que vous êtes en train d'enrichir la théorie marxiste léniniste.»
Ces affirmations allèrent droit au cœur des Chinois qui en éprouvèrent une sorte de fierté de pouvoir rivaliser au plan idéologique avec les pays industrialisés d'Europe de l'Est, pour l'édification d'une société nouvelle.
Lorsque plus tard, les contradictions sino-soviétiques apparaîtront, nous n'en serons pas très surpris, puisque nous en avions eu le pressentiment basé, il est vrai, sur des faits réels.
Abordant la situation internationale, nous avons demandé à nos amis chinois de nous faire un exposé aussi précis que possible sur les perceptions de la situation dans le monde et de son évolution. L'exposé long et judicieux a pu être intégralement transcrit et remis au GPRA.
A notre retour du Viêtnam et avant de rencontrer le maréchal Zhou Enlai, nous avions visité des Communes populaires. Si les formules de ces communes nous ont paru éminemment séduisantes, leur mise en application devait s'avérer catastrophique. Pour la plupart d'entre nous, nous sortions des maquis et nous n'avions pas alors la capacité d'observation et de critique qui nous aurait permis de déceler les erreurs que la politique du «Grand bond en avant», décidée par Mao Zedong, allait provoquer comme souffrance au peuple chinois. Cependant, l'image que nous avons gardée de la Chine était celle d'un peuple qui mangeait à sa faim, qui appliquait une politique de rigueur et d'austérité, progrès politique indispensable pour tout pays du tiers-monde. Ce que nous avions vu ne pouvait que renforcer cette perception. La Chine plaçait toute sa confiance en la jeunesse et en l'avenir. La soie était soit exportée, soit réservée aux enfants. Ces derniers avaient d'excellentes conditions de vie. Ils avaient des garderies, des jardins d'enfants, paraissaient bien nourris. Tout semblait parfait. Et ce, d'autant plus que pour certains d'entre nous, nous venions de quitter l'enfer des zones interdites où les enfants avaient faim, où les enfants avaient peur, où les enfants ne fréquentaient pas l'école et tombaient très souvent victimes des bombardements soit par l'artillerie, soit par l'aviation.
Pour les maquisards, qui venaient de vivre cet enfer, les rondes des enfants chinois, leurs joues pleines, leurs habits corrects et chauds relevaient incontestablement de l'idéal et du rêve. Lorsqu'on ajoute à cela l'engagement de la révolution chinoise à l'égard de l'Algérie, il est bien clair que nous ne pouvions quitter ce grand pays dans les mêmes dispositions qu'à l'arrivée.
Après la visite à Chou En Lai, nous avions reçu deux invitations, l'une de la Corée du Nord et l'autre de la République populaire de Mongolie. De ces invitations nous avions tiré des motifs de satisfaction. Nous avions pensé que la délégation militaire algérienne avait su, dans une certaine mesure, représenter la Révolution algérienne et renforcer des sympathies. En effet, au départ, deux pays seulement nous avaient invités. Après notre séjour en Chine et au Viêtnam, deux autres pays voulaient recevoir officiellement et en visite d'Etat la délégation militaire algérienne.
Au Viêtnam, lors de la réception offerte en notre honneur par le général Giap, l'attaché militaire soviétique a félicité le chef de la délégation pour la beauté de nos épaulettes vertes. Omar saisissant l'allusion, lui a répondu : «Deux étoiles rouges se trouvent sur un fond vert, ceci symbolise le sacrifice et l'espoir.» L'attaché militaire : «Le choix est bon, qui est pour le rouge sort toujours vainqueur.» Un langage codé, mais clair. L'un évoque l'Islam, c'était le Soviétique, et l'autre parlait de sacrifice et d'espoir, c'était l'Algérien.
Notre rencontre avec Mao Tse Toung a été un moment très fort de notre visite. Mao Zedong nous a conseillé de renforcer nos rangs et de demander aux éléments les plus progressistes d'être unitaires pour deux. Il nous a également demandé d'être très fermes dans notre combat et de considérer toute négociation comme un fait militaire. La négociation, il est vrai, reflète toujours un rapport de force. Les négociations révolutionnaires ne doivent jamais faire montre de précipitation et doivent se refuser à toute compromission. Pour Mao, si une victoire militaire était impossible, une victoire politique, par contre, était à la portée du peuple algérien. Cette victoire politique ne pouvait aboutir que si au plan militaire la fermeté restait l'élément déterminant dans l'approche d'une solution. L'entretien a duré deux heures. Il fut émouvant, et ce, d'autant plus que nous avions été privilégiés par rapport à d'autres délégations. En effet, lors de la fête du 1er Mai, une mesure spéciale avait été prise en faveur de la délégation qui devait être la seule à être reçue le lendemain des festivités par le Président. Ce dernier venait de céder la place à la tête de l'Etat à Liu Shaoqi (Liu Chao Chi) pour se consacrer uniquement à la direction du Parti. Nous ne saurons que plus tard que cette mesure semblait récompenser une fidélité sans faille de Liu Shaoqi à l'égard du grand timonier, allait être le premier pas de la chute de celui-ci, chute précédant sa liquidation physique.
Les délégations des pays de l'Est n'avaient pas été reçues par le Président Mao Tse Toung. Les Chinois nous avaient fait remarquer que la délégation bulgare était dirigée par un ministre, alors que la délégation algérienne l'était par un secrétaire d'Etat à la Défense. Par ce geste, la Chine entendait exprimer, non pas à l'égard de la délégation, mais à l'égard du peuple algérien, du FLN et de l'ALN des sentiments de considération et de solidarité qui transcendaient le niveau protocolaire ainsi que la composition de la délégation et des mérites que les uns et les autres pouvaient avoir. L'hommage s'adressait à notre pays et c'est de cette façon que nous l'avons compris.
Lorsque nous avions quitté la Chine, la veille de notre départ, le maréchal Yang nous dit : «Nous vous voyons partir avec beaucoup de regrets. Au cours de ce séjour, des liens d'amitié se sont tissés et nous pouvons vous donner l'assurance, camarades algériens, que votre délégation a eu un comportement positif et des plus respectables.»
Je tiens à signaler un fait qui avait fait impression auprès de nos amis vietnamiens et chinois. Au Viêtnam, nous avions versé l'argent qui nous avait été donné par les autorités de ces deux pays, pour des achats personnels, aux œuvres sociales des orphelins de Dien Bien Phu. En Chine, nous l'avons laissé au bénéfice des survivants de la longue marche. Il n'était pas question pour nous d'acheter des souvenirs, d'autant plus que là où nous étions allés, nous avions reçu des cadeaux de valeur. En arrivant au Caire, la plupart d'entre nous avaient distribué tout ce qu'ils avaient rapporté aux maquisards. Omar a remis le sabre de samouraï et les œuvres d'art qu'il avait reçus des dirigeants chinois au GPRA pour le musée à créer.
Sur le chemin du retour, à l'escale d'Oulan-Bator, nous avions été accueillis par un ministre mongol et les membres de l'état-major. On nous a servi une collation et on nous renouvela l'invitation à visiter la République populaire de Mongolie. L'accueil était nettement différent de celui qui nous avait été réservé à l'arrivée.
A Irkoutsk, un incident. Omar Oussedik a été appelé au poste de douane afin de déclarer les objets se trouvant dans nos bagages. Il a nettement refusé en disant : «Ce sont des cadeaux des camarades chinois et l'un d'entre eux est du Président Mao Tse Toung. Il y a des revolvers, un sabre de samouraï, des jumelles et de toute façon nous ne sommes que de passage et nous ne vous donnerons pas de listes. Maintenant, si les camarades soviétiques ne sont pas d'accord, ils peuvent les garder.» Des excuses ont été présentées à notre chef de délégation.
Après notre arrivée au Caire, la presse a commenté notre mission, en rapportant des faits dont l'inexactitude relevait de l'imaginaire. Nous aurions demandé et obtenu des avions à utiliser contre la France. Le lendemain, une autre surprise, une invitation de l'ambassade de Tchécoslovaquie. Pendant longtemps, le CCE et le GPRA avaient en vain essayé d'acheter des armes en Tchécoslovaquie comme l'avait fait Gamal Abdel Nacer qui avait été orienté sur Prague par Moscou lors de l'embargo décidé par l'Occident contre l'Egypte. Voilà, qu'à notre retour de Chine, alors que nous avions des propositions qui satisfaisaient pleinement nos besoins, le gouvernement tchécoslovaque manifestait le désir de rencontrer la délégation algérienne pour lui faire part de sa disponibilité à vendre des armes à l'ALN. Nous avions pris bonne note, en répondant qu'une telle décision n'était pas du ressort de la délégation qui avait eu une mission bien déterminée, et que le GPRA en sera informé pour les suites à donner. L'ambassade de la Tchécoslovaquie ne semblait pas satisfaite de cette réponse. A Tunis, les cinq membres du CNRA ont de nouveau été sollicités, cette fois par l'attaché de presse (très certainement chargé des services de renseignement) tchécoslovaque. Omar Oussedik, particulièrement harcelé, a mis un terme en disant aux Tchécoslovaques de s'adresser soit à Boussouf, soit à Krim Belkacem.
Les invitations que nous avions reçues de Pyongyang et d'Oulan-Bator n'ont pu être honorées, notre séjour s'étant prolongé. Il nous fallait rentrer pour communiquer les résultats de notre mission au GPRA. On se devait également de participer à la préparation de la réunion du CNRA qui devait se tenir vers le mois d'août, mais qui avait été retardée en raison de certains différends qui étaient apparus au niveau de la direction politique.


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