Le gouvernement a procédé dès hier au lancement graduel de l'opération d'octroi des licences d'importation des différents produits soumis aux quotas. Younès Djama - Alger (Le Soir) - Le ministère du Commerce a transmis aux services du Premier ministre pour publication au Journal officiel un premier cahier des charges précisant les nouvelles mesures en matière d'importation. Mais cette mesure est remise en cause par les experts. Notamment l'économiste Ferhat Aït Ali qui pense que l'administration sous couvert discrétionnaire n'a aucun droit de décider de qui doit importer. «Je trouve que c'est contre-productif, contraire à la liberté du commerce et anti-constitutionnel dans l'absolu, mais surtout dangereux en matière de création de monopoles de fait, sous couvert discrétionnaire l'administration n'a aucun droit de décider de qui doit importer quoi dans le pays, en dehors de l'émission de règles générales régissant le secteur et conformes aux lois en vigueur», affirme-t-il. Selon lui, des administrateurs et probablement d'autres cercles moins visibles se sont octroyé de manière «discrétionnaire» et contraire à toutes les règles de concurrence loyale», et de neutralité administrative, un pouvoir de décider de choses qui «ne relèvent pas de leurs prérogatives». Les incidences sur le marché seront visibles dans pas longtemps, sans aucune incidence sur la balance des paiements qui en sortira éventuellement laminée par les libertés que s'accorderont les détenteurs de ces nouveaux monopoles, prévient l'économiste. «Mais le plus grave sera dans les incidences sur notre position de négociateurs de crédits ou de places de marché futurs quand viendra l'heure de négocier avec d'autres parties que les citoyens algériens et en position de demandeurs. Nous aurons à payer très cher les libertés que s'octroient nos bureaucrates avec les lois du pays, du commerce et du droit tout court», relève-t-il. Rappelons que le ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune, a fait savoir, samedi à Alger, que l'octroi des licences d'importation concernera les différents produits soumis au régime des quotas. Il a réaffirmé que le gouvernement n'a pas interdit et ne compte pas le faire, l'importation, ni de produits essentiels ni de luxe, il faut juste, a-t-il dit, définir les besoins pour mettre un terme au gaspillage. M. Tebboune a mis l'accent, dans ce sens, sur l'importance de la transparence et sur le respect de la loi par l'ensemble des opérateurs et intervenants dans le domaine du commerce extérieur. Il a ajouté que le ministère du Commerce a transmis aux services du Premier ministre pour publication au Journal officiel un premier cahier des charges précisant les nouvelles mesures en matière d'importation. Le ministre a précisé que le quota d'importation de la banane a été fixé à 90 000 tonnes pour le premier semestre de l'année en cours. «Nous octroierons dès le début de cette semaine des licences d'importation d'un contingent quantitatif de 90 000 tonnes de bananes pour le premier semestre et s'il y a lieu d'augmenter ce volume nous le ferons par ponction sur le quota du deuxième semestre», a déclaré M. Tebboune. Affirmant que l'Etat encouragera les importateurs qui disposent de moyens nécessaires de stockage et de froid car ils créeront des postes de travail, M. Tebboune a indiqué que nombreux sont ces exportateurs et l'Etat ne les empêche pas d'importer à la seule condition de respecter les cahiers des charges et les quotas fixés.