En prévision des élections législatives du 4 mai prochain, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a rendu publics, hier, deux documents adressés aux médias nationaux dans l'objectif de baliser leur traitement de l'ensemble du processus. Il s'agit, précisément, d'une circulaire destinée aux médias audiovisuels ainsi que «d'une charte pour une couverture médiatique éthique et équitable des élections législatives». Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - S'agissant de la circulaire, elle est destinée aux responsables des médias audiovisuels, comme le précise le ministre. Ils ne sont pas nombreux, à savoir les traditionnels médias publics que sont l'ENTV et la Radio nationale, en plus des cinq nouvelles chaînes de télévision récemment agréées à «exercer» en Algérie. Il était naturel, donc, d'imposer à ces nouveaux venus dans le champ audiovisuel national les mêmes règles que l'on impose habituellement aux médias publics à l'occasion des campagnes électorales. Et contrairement aux précédents rendez-vous électoraux, les législatives du 4 mai 2017 verront l'entrée en lice, dans leur gestion, de deux nouvelles structures majeures : la Haute Instance indépendante de surveillance des élections que préside Abdelwahab Derbal et l'Autorité de régulation de l'audiovisuel que préside Zouaoui Benhamadi. Dans sa circulaire, Hamid Grine invite tous les médias audiovisuels à se conformer aux décisions et programmations fixées par l'instance de Derbal, seule habilitée à procéder à la répartition des temps d'antenne entre l'ensemble des formations politiques ou des listes indépendantes, et ce, en tenant compte du poids réel de chacun. «Pour présenter son programme aux électeurs, tout candidat aux présentes élections dispose d'un accès équitable aux médias audiovisuels autorisés d'exercer, et ce, en fonction de l'importance respective du nombre de candidats présentés par un parti ou un groupe de partis politiques. Il en est de même pour les candidats indépendants, regroupés de leur propre initiative», écrit à ce propos le ministre de la Communication. S'inspirant de trois textes essentiels pour l'encadrement de l'opération électorale, à savoir la loi organique relative au régime électoral, celle relative à l'institution de la Haute Instance de Derbal et, enfin, la loi relative à l'activité audiovisuelle, Hamid Grine rappelle, dans la même correspondance, un certain nombre de règles que les médias sont tenus de respecter. Surtout pendant la période de la campagne électorale mais aussi, dans l'intervalle entre la fin de celle-ci et le jour même du scrutin. Tous les programmes, toutes les émissions, tous les journaux télévisés ou parlés seront soumis à une stricte surveillance préalable de la Haute Instance de Abdelwahab Derbal qui, avec l'ARAV de Zouaoui Benhamadi, peut à tout moment sévir, au besoin... Durant toute la campagne électorale et jusqu'au 4 mai prochain, «les médias ont le devoir de bannir les télés-trottoirs durant la campagne électorale, en tant qu'élément d'évaluation de la notoriété des forces politiques présentes, car ces émissions ne peuvent en aucun cas tenir lieu de sondage d'opinion crédible, du fait qu'elles peuvent produire un effet de manipulation sur l'opinion publique». Cette dernière recommandation est énoncée dans le document tenant lieu de «charte pour une couverture médiatique éthique», destinée, elle, à l'ensemble des médias algériens. C'est dans cette même charte que le ministre de la Communication annonce clairement que les partisans du boycott seront interdits d'antenne. «Les médias sont tenus de veiller à la sensibilisation des électeurs sur l'exercice de leur droit de vote et ne doivent en aucun cas œuvrer à décrédibiliser les élections ou donner la parole à des partis qui appellent au boycott», argumente, en effet, Hamid Grine. S'il est évident que les médias audiovisuels «autorisés» se conformeront aux mesures fixées par le ministre, qu'en sera-t-il des autres chaînes de télévision, une quarantaine environ, qui sont de droit étranger mais qui sont toutes faites par des ressortissants algériens et ne traitent que de l'Algérie ?