Apr�s avoir �t� adopt� par les �lus de l'APN, le projet de loi sur les hydrocarbures �tait, hier, soumis � d�bat devant les membres du Conseil de la nation. Les s�nateurs qui ont eu � intervenir durant cette s�ance consacr�e au d�bat ont tous salu� le texte de Chakib Khelil. Tous sauf un, ou plut�t une, puisque Zohra Drif Bitat a qualifi� ce texte de v�ritable "danger pour l'avenir du pays". Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Satisfecit g�n�ral au S�nat o� le projet de loi sur les hydrocarbures �tait pr�sent�, hier, par son concepteur, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. La commission permanente charg�e d'�tudier ce dossier a certes fait part des "pr�occupations" de ses membres lors des r�unions avec le repr�sentant du gouvernement. Ces inqui�tudes portaient notamment sur les larges pr�rogatives des deux agences qui auront � g�rer, � l'avenir, le secteur des hydrocarbures mais aussi sur les capacit�s de la Sonatrach � faire face � la concurrence devant les poids que sont les compagnies p�troli�res �trang�res. R�ponses de Chakib Khelil, lues par le rapporteur de la commission permanente du Conseil de la nation : "Les agences sont des entit�s publiques qui veilleront � la stricte application de la loi, les larges pr�rogatives sont celles que les pouvoirs publics avaient conf�r�es � la Sonatrach et qui lui sont retir�es par ce projet de loi". "Oui Sonatrach est parfaitement capable de faire face � la concurrence. La compagnie nationale est exp�riment�e, ses cadres sont dou�s d'une grande comp�tence. Le fait d'avoir remport� plusieurs appels d'offres internationaux, alors qu'elle �tait oppos�s � des compagnies �trang�res, en est une preuve irr�futable." Le ministre de l'Energie se veut convaincant : "Avec le temps, les retomb�es positives de ce texte seront perceptibles. A court terme, nous esp�rons encourager les investissements, notamment dans les secteurs de la production, de la p�trochimie, du dessalement de l'eau de mer et de la production d'�lectricit�." Et Chakib Khelil a visiblement convaincu. Les s�nateurs pr�sents � cette pl�ni�re n'ont rien trouv� � redire. Le projet de loi sur les hydrocarbures "impos� par des forces ext�rieures" fera entrer l'Alg�rie "dans l'�re de l'�conomie de march� et de la mondialisation" et lui permettra de "profiter pleinement de ses richesses". Le sixi�me sens de Mme Drif L'intervention de Zohra Drif, s�natrice du tiers pr�sidentiel, est n�anmoins l'exception qui a boulevers� la r�gle du consensus que se sont impos�, hier, les s�nateurs pr�sents � cette pl�ni�re. "Ce projet de loi comporte des points qui s'av�rent dangereux pour l'avenir de notre pays et de nos enfants. Sans entrer dans des consid�rations d'ordre �conomique et technique, je pr�f�re aller � l'essentiel : pourquoi veut-on mettre notre seule richesse entre des mains �trang�res? Pourquoi hypoth�quer notre ind�pendance �nerg�tique � moyen et long terme ? Sommes-nous oblig�s de compromettre notre souverainet� alors que nous l'avons recouvr�e apr�s tant de sacrifices ?", lancera la veuve de feu Rabah Bitat. A l'APN, Khelil a �t� contr� par le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune, c'est face � Zohra Drif qu'il s'est retrouv� dans l'h�micycle du Conseil de la nation. Ne comptant pas s'arr�ter sur sa lanc�e, l'ancienne moudjahida ajoute : "On dit que cette loi nous est impos�e, mais comment comptons- nous changer notre avenir si ces retomb�es s'av�rent n�gatives puisque nous ne pouvons m�me pas l'�viter aujourd'hui (…) nous ne sommes pas arm�s pour entrer dans l'�re de la mondialisation, donc, j'estime que nous devrions conserver nos richesses m�me si elles ne sont pas abondantes. Cela vaut mieux que de courir vers l'inconnu." La sortie de Zohra Drif, � laquelle �vitera de r�pondre le ministre de l'Energie, est �trange � plus d'un titre. Consid�r�e comme "tr�s proche" de Abdelaziz Bouteflika, Mme Drif s'oppose � un des projets les plus importants du second mandat du pr�sident de la R�publique. En fait, il semble que cette tentative de contestation soit une r�ponse aux propos tenus par Bouteflika lors de son discours � l'occasion du 8 mars lorsqu'il avait dout� sur les capacit�s politiciennes des femmes "ministrables" que parraine cette s�natrice. Ce n'est donc pas fortuitement qu'elle a d�but� son intervention ainsi : "Il se dit que la politique est un don r�serv� uniquement aux hommes (…) nombreux sont ceux qui r�futent � la femme des qualit�s politiques puisqu'ils ne lui reconnaissent, dans le meilleur des cas, que le sixi�me sens… Puisque c'est ainsi, mon sixi�me sens me dit que ce projet de loi sur les hydrocarbures est un danger pour l'avenir du pays."