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La question de l'endettement extérieur
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 05 - 2017


Par Badreddine Nouioua
Depuis que le prix du pétrole a fortement baissé, à partir de juin 2014, et a entraîné une réduction sensible des ressources financières du pays, aussi bien en devises qu'en dinars, la question de l'endettement extérieur se pose. Elle se pose mais reste sans solution. Des fois, les membres du gouvernement rejettent avec fermeté tout recours à cette forme d'endettement, d'autres fois, ils laissent la porte ouverte à la possibilité d'y faire appel.
1- Le mauvais souvenir de la crise des années 1990
Ces hésitations sont dues en partie au mauvais souvenir qu'a laissé la crise qu'a connue notre pays durant les années 1990 du fait précisément d'un endettement extérieur très élevé, qui a rendu nécessaire l'intervention du Fonds monétaire international (FMI). En vue d'assainir et de redresser l'économie nationale qui s'est effondrée sous le poids de la dette extérieure, ce dernier, en collaboration avec la Banque mondiale, a mis en place des programmes comportant des réformes profondes.
Leur mise en application, tout en introduisant des changements dans l'organisation et le fonctionnement de la plupart des secteurs, n'a pas permis d'atteindre les objectifs recherchés. Les quelques améliorations qui ont été obtenues n'ont pas empêché la situation économique et sociale de rester détériorée et d'empirer dans certains cas.
La crainte existante à l'heure actuelle est que le recours à l'endettement extérieur aboutisse aux mêmes conséquences que celles subies antérieurement. Cette attitude n'est pas du tout justifiée. Il convient de rappeler que les crédits extérieurs mobilisés au cours des années 1960 et notamment 1970, utilisés à bon escient, ont permis à tous les secteurs de s'équiper, de progresser, de créer des emplois et de distribuer des revenus. Une grande partie des installations de Sonatrach et de Sonelgaz ont été réalisées en grande partie grâce à ces financements.
2- Quand l'endettement extérieur est néfaste ?
L'endettement extérieur est néfaste lorsque les fonds qu'il procure sont utilisés pour importer des produits de consommation ou combler des déficits du Trésor public. Ils ne contribuent pas, dans ces cas, à dégager des ressources qui serviront à faire face au service de la dette qui en résulte.
Il est néfaste également lorsqu'il devient excessif et dépasse les moyens dont dispose le pays pour le rembourser. En somme, c'est la mauvaise gestion de la dette extérieure qui conduit à l'incapacité de la rembourser et qui crée ainsi la dépendance vis-à-vis des créanciers et porte atteinte à la souveraineté nationale.
Par contre, lorsque les crédits obtenus à l'extérieur sont affectés à la réalisation d'investissement productifs et des infrastructures économiques et sociales utiles, ils créent des richesses, qui non seulement permettent de les rembourser, mais qui contribuent également à instaurer la prospérité et le développement.
3- La profondeur de la crise actuelle
La crise que connaît notre pays à l'heure actuelle risque de perdurer, de s'aggraver et de provoquer de la sorte des perturbations économiques et sociales aux conséquences incontrôlables.
La population augmente chaque année de plus de 1 million de personnes. Les besoins se multiplient dans tous les domaines, ceux de la santé, de l'éducation, du transport, de la consommation, de l'emploi, etc. Des projets indispensables ont été reportés, d'autres ont été annulés. Des déficits importants existent en matière de transport urbain et interurbain, de travaux publics et de logements, malgré les montants considérables engloutis par ces deux derniers domaines.
Les équipements manquent dans les universités, les lycées, les centres de formation, les hôpitaux, etc. Des entreprises éprouvent des difficultés, certaines sont menacées de fermeture. Pour faire face à cette situation, la nécessité d'accroître les investissements dans tous les secteurs est manifeste.
Laisser les choses en l'état, compte tenu de l'insuffisance des ressources budgétaires et de l'amenuisement inévitable des réserves de change, induit par les déficits de la balance des paiements, va entraîner le ralentissement ou l'arrêt de plusieurs activités, l'augmentation du chômage et l'apparition des pénuries. Ce qui ne manquerait pas d'être suivi par des tensions, des troubles peut-être. Et c'est à ce moment-là que le pays sera obligé de solliciter l'assistance du FMI ou d'autres instances.
Continuer à attendre ou à espérer une hausse substantielle du prix du baril est irréaliste. Tout indique que ce prix restera plus ou moins faible, et dans les meilleurs cas, s'il augmente, il ne dépassera pas, selon la plupart des avis, les 60 dollars US, niveau insuffisant pour obtenir les ressources dont le pays a besoin.
Le souci des gros producteurs de préserver leur part du marché, les moyens mis en place pour développer les énergies renouvelables, la tendance à élargir la production de pétrole et de gaz de schiste qui profite des progrès techniques et de la compression des coûts, tous ces éléments et d'autres exercent une pression sur le prix du baril et entravent sa progression. Il faut donc trouver ailleurs des ressources financières si l'on veut éloigner le spectre d'une situation ingérable.
Les emprunts publics ou privés lancés sur le marché domestique ne réussissent pas, malgré leurs conditions avantageuses, à attirer les sommes énormes en circulation, qui dépassaient déjà en 2015 les 4 000 milliards de dinars et qui représentent maintenant 30% de la masse monétaire. Ils épongent plutôt les dépôts des banques et limitent ainsi leurs capacités d'intervention en faveur des entreprises. De toute façon, ces emprunts ne procurent que des dinars.
4- Le nécessaire recours à l'endettement extérieur
Pour avoir un surplus de devises, nécessaire pour effectuer une relance des activités économiques, laquelle ne peut intervenir sans le recours aux importations, et pour maintenir les réserves de change à un niveau acceptable, le seul moyen est de faire appel à l'endettement extérieur.
Afin d'éviter les errements qui ont rendu, au début des années 1990, la dette extérieure un fardeau insupportable et nécessité le recours au FMI, il est préférable de tracer à l'avance, sans attendre la pression des évènements, le cadre qui indiquera les conditions selon lesquelles les crédits extérieurs seront sollicités et utilisés. De la sorte, seront précisées d'une manière réfléchie, la nature des financements à rechercher, leur affectation, les limites à ne pas dépasser, etc.
Le plus simple, pour obtenir des financements extérieurs, est de commencer par s'adresser aux institutions financières multilatérales dont notre pays est membre, lesquelles sont nombreuses. L'Algérie a participé au capital de ces institutions pour être associée à leur fonctionnement et plus particulièrement pour bénéficier de leurs services, notamment de leur financement.
Pour être éligible à ces financements, les projets d'investissement doivent d'être préparés avec beaucoup de soin et faire l'objet d'études préalables de faisabilité portant sur les aspects techniques, environnementaux, financiers, économiques, etc. Ces institutions exigent aussi avant d'engager la réalisation des projets, de réunir toutes les conditions qui assurent leur succès. Les règles qu'elles appliquent permettent d'éviter l'improvisation et le manque de préparation, qui ont caractérisé le lancement de beaucoup d'investissements à travers le territoire et qui ont été à l'origine de retards et de surcoûts. Leur financement présente également l'avantage d'être transparent, d'avoir des durées et des coûts satisfaisants et d'être concessionnel dans certains cas.
Il est possible d'obtenir des financements auprès d'autres sources comme par exemple les institutions financières européennes, les fournisseurs d'équipements, les grandes banques internationales. L'important est de disposer de projets d'investissement utiles, que ces projets soient productifs ou d'infrastructure, qu'ils proviennent du secteur public, du secteur privé ou qu'ils soient mixtes. L'important aussi est que les financements soient affectés exclusivement à ce genre de projets.
A- Le financement extérieur des entreprises publiques
Les grandes entreprises publiques initient des projets qui impliquent l'importation de tous les équipements destinés à leur réalisation. La plus grande part des importations de biens figurant dans la rubrique «équipements» dans la balance commerciale concerne Sonatrach et Sonelgaz.
Ne serait-il pas temps, dans le cadre de la nouvelle politique économique, que ces deux entreprises engagent des investissements qui permettent de produire localement les équipements dont elles ont besoin ? En procédant de la sorte, elles cessent de dépendre de l'étranger, soulagent la balance des paiements et apportent un soutien à l'économie nationale. Sonelgaz a déjà signé un accord avec General Electric pour produire des turbines. Elle devrait accélérer la réalisation de l'usine qui va les fabriquer et entreprendre des actions pour produire les autres équipements qui lui sont nécessaires.
La Sonatrach, de son côté, devrait se décider à produire sur place, au moins une partie des nombreux équipements qu'exigent ses activités. Des investissements importants de sa part sont également indispensables en matière de raffinage, de pétrochimie, d'énergies renouvelables, investissements qu'elle a tant négligés en même temps que d'autres. La réalisation de ces investissements requiert le recours aux crédits extérieurs.
Ces deux entreprises publiques et même d'autres sont en mesure d'accéder aux financements des institutions financières multilatérales et des fournisseurs si elles s'attachent à leur soumettre des projets d'investissement soigneusement préparés et comportant toutes les études requises.
B- Le financement des entreprises privées
Au niveau du secteur privé, l'esprit d'entreprise, bien compris, se traduisant par la promotion d'activités qui développent l'économie nationale n'est pas très répandu. Les particuliers, possédant des moyens financiers consistants, préfèrent les employer dans l'import, le commerce spéculatif, les placer à l'étranger et, dans le meilleur des cas, les investir dans l'immobilier. Rares sont les entrepreneurs privés qui cherchent à créer, à innover en engageant leurs fonds dans des opérations productives menées dans le secteur industriel, agricole ou touristique.
Certains d'entre eux veulent le faire mais rencontrent souvent des obstacles ou manquent d'idées. C'est pourquoi il serait souhaitable que l'Etat établisse un organisme chargé de faire des études complètes de faisabilité de projets d'investissement susceptibles d'être lancés dans les différentes branches à mettre en valeur.
Une fois prêtes, ces études seront proposées à des investisseurs et donner même lieu à une publicité pour attirer des candidats. Si de telles études étaient disponibles, elles auraient été remises aux établissements dont la mission est de financer les jeunes et les chômeurs afin de les confier à ceux qui bénéficient de leurs crédits.
Ces derniers, au lieu d'avoir utilisé les fortes sommes reçues à acheter des moyens de transport, à ouvrir des fast-foods, à créer des activités futiles ou à acquérir des voitures personnelles et à faire du tourisme à l'étranger, et devenir de la sorte insolvables et incapables de rembourser leurs dettes, ils les auraient investies dans des projets orientés vers le recyclage, la protection de l'environnement, la petite industrie, l'entretien et l'agriculture. Ils auraient ainsi constitué un tissu de petites entreprises rentables et utiles.
Les études en question pourraient être adressées à des promoteurs qui obtiendraient pour la réalisation de leurs projets des crédits en devises à partir de lignes de financement domiciliées auprès des banques locales, à la suite d'accords avec les organismes financiers étrangers. Ayant entre les mains des projets d'investissement bien étudiés, viables et rentables, les promoteurs n'auraient pas de difficulté à trouver d'autres formes de financement extérieur.
5- L'investissement direct étranger
Le nouveau modèle de croissance, qui a fait récemment l'objet d'une publication, comporte des orientations très intéressantes. Pour qu'elles commencent rapidement à prendre forme, il serait souhaitable que des programmes d'investissement productif et d'infrastructure qui induisent pour leur exécution la participation du secteur public, du secteur privé et des investisseurs étrangers soient mis en place.
Etant donné la forte réduction des ressources à la suite de la baisse du prix du pétrole, la réalisation de ces programmes ne peut se faire encore une fois que par l'apport de concours supplémentaires provenant de la mobilisation de crédits extérieurs. Il y a lieu de souligner de nouveau que l'endettement extérieur n'est néfaste et dangereux que lors qu'il est mal géré. Un moyen de limiter le recours au financement extérieur est d'encourager l'investissement direct étranger. Une intervention significative de sa part ne peut se produire que si l'on commence par annuler la règle contre-productive du 51/49, qui ne peut être maintenue que dans quelques secteurs stratégiques, par renforcer la lutte contre la corruption, par améliorer le climat des affaires, etc. L'apport de l'investissement direct étranger ne serait pas seulement en capital mais il serait également en technologie, en management et en débouchés extérieurs éventuellement. Il faut laisser à l'investisseur étranger la possibilité de s'associer ou non à un partenaire local. Les grands projets engagés par les entreprises publiques ou privées méritent d'être réalisés avec la participation d'un associé étranger, sélectionné sur la base de ses qualifications et de ses moyens.
Conclusion
Les déclarations contradictoires des responsables au niveau des pouvoirs publics concernant l'endettement extérieur, les mesures qui sont prises et qui s'avèrent être le plus souvent partielles et inefficaces, laissent craindre que la politique à courte vue, poursuivie toutes ces dernières années, soit maintenue. Cette politique n'a pas mis fin à la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures et de l'étranger, qu'elle a plutôt renforcée.
Ce qui fait que le pays est resté vulnérable, comme le montre la crise actuelle. Les réalisations qui ont été faites en matière d'infrastructures économiques et sociales particulièrement, grâce aux ressources financières considérables qui ont été perçues, ont donné lieu à un gaspillage des fonds publics, à l'extension de la corruption qui a atteint des centres névralgiques.
Les responsables politiques semblent se soucier peu des problèmes économiques et de leurs solutions. Ces derniers temps, leur esprit était ailleurs, ils suivaient le déroulement des élections législatives et s'interrogeaient sur leurs résultats. Dans un an et demi environ, ils seront préoccupés par l'élection présidentielle qui présente plus d'intérêt pour eux.
C'est dire que le statu quo risque de durer et que la situation économique et sociale risque de se détériorer davantage. Le recours à l'endettement extérieur deviendra inévitable et finira par avoir lieu, mais le danger est qu'il se face sous la contrainte et d'une manière improvisée.


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