Le nouveau gouvernement que conduira Abdelmadjid Tebboune a été annoncé, dans son intégralité, dans la journée du jeudi 25 mai. Il en ressort, d'emblée, qu'il s'agit d'un cabinet restreint, en tout cas moins pléthorique que l'ancien gouvernement de Abdelmalek Sellal et cela, en raison de la suppression des ministères délégués. Le gouvernement Tebboune compte exactement 27 membres. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Une composante qui, politiquement, se veut une réplique des résultats des élections législatives du 4 mai dernier. Effectivement, le parti majoritaire, le Front de libération nationale, domine outrageusement le nouveau gouvernement. Pas moins de huit membres du Comité central du parti y figurent. Il s'agit, déjà, du Premier ministre Abdelmadjid Tebboune lui-même, en plus de deux ministres de souveraineté. A savoir, le nouveau ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel qui, désormais, régnera seul sur ce ministère stratégique après le départ de Ramtane Lamamra, ainsi que du toujours ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh. Le FLN aura également à gérer les secteurs respectifs de l'enseignement supérieur que garde Tahar Hadjar, de la poste, des télécommunications et des technologies et du numérique, que garde également Houda Imane Féraoun. A la tête du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine, c'est une ministre FLN qui remplace une autre ministre FLN, en l'occurrence Ghania Idallia, à la place de Mounia Meslem. L'ancien président de la Commission des finances à l'Assemblée populaire nationale, un membre du Comité central du FLN, Bedda Mahdjoub est promu, lui, au poste de ministre de l'Industrie et des Mines. Il s'agit, là, de l'une des plus grosses surprises de ce nouveau gouvernement car le ministre partant, Abdesselam Bouchouareb, était l'un des piliers de l'exécutif et dont le passage à la tête de ce secteur aura été pour le moins remarquable. Jadis insignifiant, le secteur de l'industrie aura connu, ces trois dernières années, une ascension fulgurante avec les gigantesques projets lancés dans toutes les filières stratégiques comme le ciment, la mécanique, le phosphate, le fer, etc. Aussi, et avec le départ de Bouchouareb, c'est le Rassemblement national démocratique de Ahmed Ouyahia qui perd un portefeuille ministériel qui revient au rival, le FLN. L'ex-parti unique compte, enfin, un huitième représentant direct au sein de l'exécutif, en la personne de Tahar Khaoua qui retrouve son poste de ministre des Relations avec le Parlement. Un vrai désaveu pour... l'ex-secrétaire général du parti, Ammar Saâdani qui était derrière son limogeage à l'occasion du remaniement de juin 2016. A l'inverse, la composante du nouveau gouvernement est une vraie consécration pour l'actuel secrétaire général Djamel Ould-Abbès qui obtient, là, la tête du gouvernement, deux ministères de souveraineté. Le FLN revendique, par ailleurs, quatre autres représentants au sein du gouvernement, et ce, à travers les quatre ex-walis promus ministres qui sont considérés comme des «proches». Il s'agit, respectivement, du nouveau ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazgui, qui occupait comme dernier poste celui de wali de Blida, de Abdelghani Zaâlane, ex-wali d'Oran qui est nommé ministre des Transports et des Travaux publics, de l'ex-wali de Annaba, Youcef Chorfa, promu ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, ainsi que de l'ancien wali de Tlemcen, Ahmed Saci, désigné comme nouveau ministre du Commerce. Concernant le parti rival, le RND, il perd donc un portefeuille par rapport à l'ancien gouvernement Sellal et ne compte aucun nouveau «venu». Il est représenté par les mêmes ministres, à savoir Tayeb Zitouni à la tête du secteur des moudjahidine, Mohamed Mebarki à la formation professionnelle, Azzedine Mihoubi à la culture et l'inamovible ministre-secrétaire général du gouvernement, Ahmed Noui. Quant au parti TAJ de Amar Ghoul et du Mouvement populaire algérien de Amara Benyounès, ils sont respectivement représentés par un ministre chacun : Fatma-Zohra Zerouati, comme ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables pour TAJ et Messaoud Benagoun, comme ministre du Tourisme et de l'Artisanat pour le MPA. Ce que l'on peut retenir aussi du nouveau gouvernement est le départ surprise de Nouredine Bouterfa du ministère de l'Energie que conduira désormais l'ancien directeur général de la Sonelgaz, Mustapha Guitoune. De même que le changement qui a touché un autre département de souveraineté, celui des finances qui enregistre l'arrivée d'un nouveau titulaire, en l'occurrence l'ancien directeur général des Impôts, Abderrahmane Raoui, qui remplace Hadji Baba Ammi. Cela, au moment où Nouredine Bédoui garde toujours le poste si sensible de ministre de l'Intérieur. Au département de la communication, c'est l'ancien directeur de l'Anep, Djamel Kaouane, qui remplace Hamid Grine. Ce nouveau gouvernement conforte, par ailleurs, l'appui présidentiel dont jouit Nouria Benghabrit, reconduite à la tête du ministère de l'Education, malgré les vociférations incessantes des islamistes. Des islamistes qui, du reste, ne sont pas représentés dans ce nouvel exécutif.