Zinédine Zidane a marqué la Ligue des champions comme joueur. Il peut entrer dans sa légende comme entraîneur, en cas de victoire du Real Madrid contre la Juventus Turin, en finale aujourd'hui à Cardiff. Personne depuis Arrigo Sacchi, stratège de l'AC Milan, n'a conservé le titre suprême (1989 et 1990). Il y a beaucoup d'histoires à raconter sur cette 62e C1 : le retour sur ses terres de l'enfant de Cardiff, Gareth Bale ; la quête du vétéran «Gigi» Buffon, champion du monde 2006 avec l'Italie mais jamais encore vainqueur de l'épreuve reine ; les joutes entre attaque de feu et défense de fer. Il y a aussi le contexte sécuritaire lourd au Royaume-Uni, moins de deux semaines après l'attentat de Manchester qui a fait 22 morts et 116 blessés. Même si le président de l'UEFA Aleksander Ceferin a assuré que la finale «sera sûre», grâce à la «très bonne coopération avec les autorités locales». 200 000 visiteurs sont attendus à Cardiff aujourd'hui. Résultats exceptionnels Malgré tout, c'est sur «Zizou» que l'attention devrait encore se focaliser. En cas de succès, le tout jeune technicien du Real Madrid (44 ans) deviendrait le premier entraîneur à signer le doublé en Ligue des champions depuis Arrigo Sacchi. L'Italien avait gagné deux fois de suite avec l'AC Milan en 1989 et 1990. Mais c'était une époque où l'arrêt Bosman n'avait pas encore dérégulé le marché des transferts et fait de la Ligue des champions une joute épique entre superpuissances continentales. «Zizou», ancien meneur de la Juve, qui vient de conduire le Real Madrid vers son premier titre de champion d'Espagne depuis cinq ans, réaliserait donc une performance sans réel précédent s'il parvenait à ramener une 12e C1 dans l'armoire à trophées «Merengue». Son statut de joueur de légende, auteur d'un des plus beaux buts de finale de l'épreuve (en 2002 avec Madrid face au Bayer Leverkusen), et ses premiers résultats exceptionnels (il l'a gagnée en 2016 six mois après son entrée en fonction) lui assurent le respect d'un vestiaire pourtant réputé difficile à gérer. Surtout, grâce à une gestion d'effectif intelligente, une connaissance des exigences du plus haut niveau, «Zizou» dispose d'une équipe qui n'a cessé de monter en puissance cette saison, à l'image de Cristiano Ronaldo et Benzema, en pleine bourre devant. Alors, favori, le Real, pour gagner encore ? Il trouvera quand même face à lui une autre équipe en pleine forme, la Juventus Turin, toujours intraitable en Italie (elle vient de remporter son 6e championnat consécutif) et étincelante cette saison sur la scène européenne. Dybala, l'héritier ? Paulo Dybala, qui a hérité à la Juve du dossard que Zidane a fait briller entre 1996 et 2001, le n°21, est l'une des sensations de la saison. A tel point qu'il n'en finit plus d'être comparé à son compatriote Lionel Messi. Surtout, la «Vieille dame» de Massimiliano Allegri dispose peut-être de la meilleure défense du monde à l'heure actuelle, avec des centraux lumineux comme Leonardo Bonucci ou prêts à tous les sacrifices, comme «Le Gorille» Giorgio Chiellini, et des latéraux, Alex Sandro et Daniel Alves, de tout premier plan. La Juve peut aussi s'appuyer sur son gardien de but, Gianluigi Buffon, toujours étincelant malgré ses 39 ans. Celui-ci semble être le seul en position de priver Cristiano Ronaldo d'un cinquième Ballon d'Or (après 2008, 2013, 2014, 2016). Il rêve surtout de mettre enfin la main sur le trophée ultime des compétitions de club: la dernière fois que la Juve l'a conquis, en 1996 (son 2e après 1985), c'est Angelo Peruzzi qui gardait ses buts. Mais voilà, la route de Buffon croise encore une fois celle de «Zizou», cette fois sur le banc.