La librairie Chaïb Dzaïr de l'Anep a abrité la semaine écoulée une séance de présentation d'un nouveau livre intitulé Boualem Bessaïh, dix années avec le diplomate, le politique et l'intellectuel du docteur Brahim Romani, cadre supérieur au ministère des Affaires étrangères. D'emblée, l'auteur récuse le titre de biographe que d'aucuns ont tenté de lui attribuer, en insistant que son ouvrage se veut surtout un témoignage succinct sur la vie et l'œuvre d'une personnalité au «parcours exceptionnel» et qui intervient quelques jours seulement après le premier anniversaire de sa mort. Compagnon et ami fidèle de Boualem Bessaïh, Brahim Romani a su, tout au long de son dernier opus, offrir au lecteur un large panorama de l'envergure multidimensionnelle du défunt, «officier supérieur de l'Armée de libération nationale (ALN), diplomate chevronné, politique averti, intellectuel exceptionnel, homme de lettres talentueux, poète hors pair et traducteur émérite». Il dira dans le préambule qu'il a été «honoré de travailler sous son autorité dix années durant, en sa qualité d'ambassadeur d'Algérie au Maroc et président du Conseil constitutionnel puis quatre années en relation ininterrompue jusqu'à sa mort». L'auteur rappellera aussi que Bessaïh est une personnalité importante dans le système politique algérien, ayant occupé plusieurs hauts postes de responsabilité, durant la guerre de Libération et après le recouvrement de l'indépendance, et sous le règne de tous les présidents de la République qui se sont succédé, Ahmed Ben Bella, Boumediène, Chadli Bendjedid, Liamine Zeroual et Abdelaziz Bouteflika. Dans sa quête de livrer un témoignage, certes, bref dans son volume mais riche dans sa consistance, le docteur Romani a scindé son ouvrage en deux chapitres relatifs chacun à une période déterminée de ces dix années de compagnonnage, d'amitié et de fidélité. La promotion de la démocratie et des droits de l'Homme Le premier se situe entre 2002 et 2005 du temps où le défunt occupait le poste d'ambassadeur à Rabat. Bessaïh devait alors user et abuser de son expérience diplomatique, de sa parfaite connaissance du Maroc, de son histoire, de ses hommes et de sa culture pour imprégner aux relations entre les deux pays et les deux peuples frères, une dimension exceptionnelle compte tenu du poids de l'histoire et du destin commun. Ainsi, et en dépit de relations bilatérales difficiles et complexes, il a veillé à établir et renforcer des relations de travail et d'amitié tant avec les différentes institutions qu'avec les personnalités de divers bords. En retour, il jouissait d'un respect et d'une considération particuliers de la part des institutions officielles et dans les milieux politiques et culturels. Avec la communauté algérienne établie au Maroc, l'ambassadeur Bessaïh ne manquait pas les festivités officielles pour réunir ses membres et ses représentants, écouter leurs doléances et veiller à l'amélioration constante des conditions d'accueil et de prise en charge de leurs problèmes par les structures consulaires. Il ne ratait pas aussi l'occasion d'honorer les jeunes talents qui se distinguaient dans leur cursus de formation. Le parcours diplomatique de Boualem Bessaïh prend fin à l'automne 2005 après qu'il eut été désigné président du Conseil constitutionnel. Il quittera le Maroc non sans avoir été décoré du «Grand Cordon du Wissam Alaouite» par le roi Mohammed VI. Le second chapitre se rapporte à la période entre 2006 et 2012 durant laquelle l'auteur a rejoint le défunt au Conseil constitutionnel. Il met l'accent sur le travail du défunt pour mettre à profit sa longue et vaste expérience diplomatique et culturelle pour conférer au Conseil une dimension internationale respectable. Il contribuera dans ce cadre au développement de relations de travail et de coopération avec les tribunaux, les conseils constitutionnels et les instances en charge de la surveillance constitutionnelle dans les différentes régions du monde. Il a notamment pu obtenir l'adhésion de l'Algérie, comme premier pays arabe et africain dans la Commission européenne pour la démocratie par le droit. Une structure consultative dépendant du Conseil européen et spécialisée dans les questions constitutionnelles et regroupant des pays des quatre coins du globe. La dimension intellectuelle Autre mérite de Boualem Bessaïh, c'est la création de la Conférence des Juridictions constitutionnelles africaines le 8 mai 2011 avec pour siège permanent Alger. Au-delà de l'homme politique et du diplomate chevronné, le défunt est également un passionné de culture, de littérature et d'histoire. Ses références bibliographiques s'étalent largement dans le temps et l'espace, Taha Hussein, Victor Hugo, El Moutanabi, Lamartine... Il est l'auteur de plusieurs ouvrages et contributions dans la littérature, la poésie populaire, l'histoire, le cinéma. On en citera De l'Emir Abdelkader à l'Imam Chamyl, Au bout de l'authenticité, la résistance par l'épée ou la plume 1830-1954, de Louis Philipe à Napoléon III, l'Emir Abdelkader, vaincu mais triomphant, l'Algérie belle et rebelle et aussi l'inoubliable scénario, Epopée du Cheikh Bouamama. La dernière partie du livre est consacrée à la publication de documents historiques divers, lettres diplomatiques et photos inédites du défunt lors de ses multiples et diverses missions, depuis la guerre de Libération nationale où il avait rejoint le ministère de l'Armement et des liaisons générales (MALG) aux côtés de Abdelhafid Boussouf, Houari Boumediène et Abdelaziz Bouteflika jusqu'à ses diverses nominations politiques et diplomatiques. L'auteur de «Boualem Bessaïh, dix années avec le diplomate, le politique et l'intellectuel, dont la version en langue française est attendue au prochain Salon international du livre, Brahim romani, est natif de la ville de Biskra, docteur en littérature arabe moderne, chercheur universitaire et cadre supérieur au ministère des Affaires étrangères. A son actif livresque, plusieurs ouvrages dans la culture, la littérature et l'idéologie.