Il avait dit adieu au football le 28 mai dernier dans un torrent de larmes au Stade Olympique de Rome et est réapparu en début de saison et en costume-cravate, dans un nouveau rôle qui semble encore assez flou. Mais que fait donc Francesco Totti ? Dimanche, l'AS Rome ira affronter l'AC Milan à San Siro, sans doute le stade italien où le talent de Totti a été le plus acclamé, en dehors de l'Olimpico. En fin de saison dernière, la décision de Luciano Spalletti de ne pas faire entrer en jeu le n°10 de la Roma y avait ainsi provoqué une énorme bronca. Cette fois, c'est un jeune retraité en tenue civile que les tifosi milanais accueilleront à l'heure du match. Sa fonction exacte ? Mystère. On l'a vu dans les sous-sols de l'Olimpico après les matchs, souvent attendu par son fils Cristian. On l'a vu sourire quand il a sorti Barcelone comme adversaire de la Juventus Turin au tirage au sort de la Ligue des Champions. On l'a vu rendre visite aux espoirs du club avant un match de Youth League et on l'a vu suivre ses premiers cours de possible futur entraîneur. N°10 dans le dos De l'entraîneur Eusebio Di Francesco au président James Pallotta en passant par les membres de l'équipe dirigeante de la Roma, tout le monde s'extasie poliment sur les qualités de Totti dans son «nouveau rôle», sans jamais entrer dans le détail. Le plus précis a finalement été celui qui le connaît le mieux, Daniele De Rossi, 15 saisons sur le terrain aux côtés du «Roi de Rome». «Ca n'est pas important de savoir quel est le rôle de Totti. Il est Totti. Il n'est plus le capitaine de l'équipe, il n'est plus le joueur que l'on sait», a expliqué le nouveau capitaine romain dans une longue et passionnante interview au Corriere dello Sport. «Mais je crois que ça l'aide beaucoup que tout le monde, dès qu'il fait un pas hors de chez lui, continue à l'appeler «capitaine». Au fond, sa veste et sa cravate, c'est l'histoire de Clark Kent et de Superman. Il se change dans une cabine téléphonique et hop, le voilà avec le n°10 dans le dos et le brassard au biceps.» Totti est donc resté Totti et, comme le rappelaient sur une banderole ses supporters de la Curva Sud lors de ses adieux le 28 mai, «Totti est la Roma». Trois minutes à Carpi De fait, il est resté le personnage central et incontournable de la chronique romaine et romaniste. Pour son retour en kiosque début septembre après trois ans d'absence, le quotidien «Il Romanista», exclusivement consacré au club giallorosso, a ainsi choisi une photo de Totti pour sa première Une. Mercredi, la Roma affrontait Qarabag en Ligue des Champions et le Corriere dello Sport, quotidien sportif romain, a consacré neuf pages à l'évènement. Mais comme c'était également l'anniversaire de Totti, il a sorti un cahier spécial de 32 (!) pages sur les 41 ans de l'idole retraitée. Dans ces conditions, peu importe en effet ce que recouvre précisément son nouveau rôle. La fin de sa carrière sportive est trop récente et pour les tifosi de la Roma, il est toujours infiniment plus Superman n°10 que Clark Kent. «Il sera une valeur ajoutée et il s'en rendra compte avec le temps. Il réalisera que même en costume-cravate, il peut faire des choses formidables pour la Roma, et qu'à 41 ans, Francesco Totti est plus utile comme ça que quand il jouait trois minutes contre Carpi», assure pourtant De Rossi. «On parle d'un fils de Rome, qui peut faire des choses énormes. Quand il aura fini d'apprendre son nouveau rôle, la Roma sera entre ses mains, il n'y a pas d'autre fin possible». Totti est la Roma, toujours.