C'est une véritable visite marathon qu'aura effectuée le wali de Mascara ce samedi dans la daïra de Mohammadia, la plus importante avec ses six communes. Cette sortie sera ponctuée par la rituelle rencontre avec la société civile qui fut interminable tant les préoccupations sont diverses chez les habitants de la contrée des Beni Chougrane dont le soulèvement contre l'occupant français fera tâche dans l'histoire de notre pays. Quand vous évoquez Mohammadia, vous songez incontournablement à la réputation de ses oranges et jadis les orangeraies étaient immenses. Les vergers aujourd'hui ne sont pas ce qu'ils étaient et l'on éprouve du mal à les reconstituer pour cause de sécheresse et le barrage de Fergoug complètement envasé. Maintes tentatives de dévasement ont été menées mais en vain. C'est un cri de désarroi que ne cessent de lancer les agriculteurs qui sont soumis à des quotas d'irrigation. Autre phénomène qui complique la situation, c'est l'avancée des marais salants. Jaloux de leur ville et sa périphérie, des citoyens de Mohammadia et face à l'immobilisme et l'absence d'initiative au niveau local ont saisi le premier responsable de l'exécutif, notamment sur l'état des lieux de Mohammadia qui fut une ville coquette avec ses allées d'arbres centenaires et un jardin public qui constituait une fierté pour les citoyens. Aujourd'hui, la ville est devenue hideuse. Des mesures seront annoncées pour une meilleure gestion de ce patrimoine. Le wali touchera du bois lors de cette sortie. Déjà, en se rendant au centre de traitement des maladies cancéreuses, il sera excédé par l'environnement de l'hôpital tout comme l'état de la voirie plus tard. La corporation des médecins, à travers son représentant, fera part de la charge de travail, notamment au niveau du bloc opératoire et l'absence de spécialistes pour la chirurgie infantile. Il se rendra ensuite aux ateliers de maintenance de la SNTF dont la réhabilitation devrait s'opérer après la conclusion d'une convention avec une entreprise américaine (EUD) qui sera chargée de l'accompagnement technique. Rappelons que Mohammadia constitue un carrefour ferroviaire et dont le trafic devrait redevenir optimal avec les perspectives d'avenir. Sur le site du pôle urbain, appelé communément nouvelle ville, les habitants ont fait état de l'insécurité qui y règne. La mise en fonction incessante d'une structure de Sûreté nationale devrait les soulager. Autre fait signalé, la non-ouverture de la bibliothèque réceptionnée depuis deux ans et ceci pour absence d'équipement. L'on a également interpellé le wali sur la nécessité de se pencher sur ce qu'est le quotidien des habitants en période hivernale empreint de saleté avec les eaux venant de Bkhaïma et Kouadria drainant avec elles toutes les saletés. Là, il s'agit d'avaloirs obstrués. Les habitants de Ouled Djebour, à 3 km de Mohammadia, vivent le calvaire avec une absence d'eau dans les robinets pendant 35 jours, ont-ils déclaré. A cela s'ajoutent les difficultés auxquelles font face les enfants pour rejoindre leur école. Les cinq autres communes de la daïra seront également passées en revue, ce sont Sedjrara, Mocta, Douhte, Feraguigue, El Ghomri et Sidi-Abdelmoumène. Dans ces deux dernières localités, le ton est monté lors des interventions citoyennes. Vous avez vu l'état de l'entrée de notre commune Sidi Abdelmoumène ? dira un habitant. L'éclairage public insuffisant sera également évoqué. Dans un autre douar, le wali est interpellé avec ceci : «Nous sommes condamnés à creuser des fosses septiques.» Pour le secteur de la santé, dans un douar isolé, le médecin exerçant à la salle des soins est mis à l'index. Selon les propos des citoyens, ses absences sont répétées. La commune de Sidi-Abdelmoumène devrait être une priorité particulière puisque le wali déclarera : «Je reviendrai et nous agirons.» Une multitude de préoccupations sont énumérées par les habitants des douars épars ou agglomérations secondaires de Kdaïdia, douar Hmadouche en passant par Braïdjia, électrification, AEP et chemins communaux impraticables en hiver. A Feraguigue, se situant à proximité du barrage de Fergoug, l'AEP n'existe pas, dira un habitant alors que les routes sont dégradées. A Braïdjia, commune d'El Ghomri, les citoyens se bousculent pour prendre langue avec le wali qui leur demandera de se rendre à Mohammadia et de s'exprimer lors de la rencontre avec les citoyens. Curieusement, ceux-ci n'ont pas été avisés sur la programmation de cette rencontre. Par contre, un homme se chargera de faire part de leurs doléances. Il s'avérera que celui-ci était un élu d'obédience FLN, il sera rappelé à l'ordre et interrompu par le wali. Dans le chapitre de l'éducation, sont évoqués les mots qui fâchent, la surcharge et la nécessité de construire de nouvelles classes, comme il est évoqué le cas où les élèves sont pris en charge dans une cantine. Le transport scolaire aussi, comme dans cette localité, où ce n'est pas un problème de bus mais un déficit de chauffeurs. Après le départ du wali, les citoyens étaient soulagés d'avoir porté au grand jour leurs préoccupations et entretiennent l'espoir, il fait vivre.