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L'entretien de la semaine Dr Mustapha Z., dermatologue dans un établissement public, au SoirMagazine :
«La gale touche toutes les tranches d'âge et toutes les populations»
Dans cet entretien, Dr Mustapha Z. explique ce qu'est la gale et donne des conseils pour s'en prémunir. Il oriente, de même, les lecteurs pour la différencier des autres maladies de la peau. Soirmagazine : Qu'est-ce que la gale ? Mustapha Z. : La gale est une maladie parasitaire de la peau due à un acarien, le sarcopte de la gale (sarcopte scabiei hominis). Le sarcopte, invisible à l'œil nu (moins d'un demi-millimètre), se nourrit de sang et ne survit que quelques jours loin de la peau. La femelle fécondée creuse un sillon dans la couche la plus superficielle de l'épiderme où elle dépose ses œufs, qui éclosent en trois à cinq jours. Les larves deviennent adultes en deux à trois semaines. Une fois éclos, les sarcoptes vivent essentiellement sur la peau, ce qui explique que la gale soit aussi contagieuse par contact de personne à personne. Le nombre de parasites, de cinq à dix dans la gale commune, peut atteindre plusieurs centaines, voire plusieurs millions dans les gales profuses et hyperkératosiques. Les démangeaisons caractéristiques de la gale sont essentiellement dues à la réaction immunitaire contre les sarcoptes. Pour cette raison, les personnes infectées pour la première fois par la gale ne ressentent de symptômes que deux à trois semaines après la contamination (le temps que leur système immunitaire réagisse). Mais les personnes qui ont déjà eu la gale commencent à se gratter trois ou quatre jours après une recontamination car leur système immunitaire reconnaît rapidement le parasite. Parfois, le médecin peut effectuer un test avec de l'encre de Chine. L'encre est appliquée sur les régions de la peau qui démangent et qui sont rouges. Puis l'encre est lavée à l'alcool. Si des sillons sont présents, ils retiennent l'encre et apparaissent noirs. Qui peut en être touché ? Contrairement à certaines idées reçues, elle touche toutes les tranches d'âge, toutes les populations et tous les milieux socioéconomiques. On estime qu'environ 300 millions de personnes sont concernées dans le monde. Cependant, en dehors de la gale commune, on distingue plusieurs types de gales parmi lesquelles on peut citer : La gale croûteuse anciennement appelée «norvégienne» Il s'agit d'une forme rencontrée le plus souvent chez les personnes âgées, grabataires, immunodéprimées (corticothérapie, VIH...), cachectiques... Elle est trompeuse car elle se présente sous la forme de croûtes profuses, elle démange peu ou pas et elle est extrêmement contagieuse car le patient est infecté de milliers, voire des millions de parasites. Chez ces personnes affaiblies, les lésions liées au grattage peuvent aussi favoriser les infections bactériennes potentiellement mortelles (septicémie). Gale des «gens propres» Il s'agit d'une forme fréquente chez les adultes ayant une hygiène irréprochable, caractérisée par la présence de démangeaisons accompagnées de peu de lésions. Le médecin évoque la gale devant une éruption eczématiforme résistant aux dermocorticoïdes, souvent après plusieurs semaines d'errance diagnostique, voire devant la présence de nodules scabieux scrotaux, ou de démangeaisons de l'entourage. Gale du nourrisson et du jeune enfant L'atteinte est le plus souvent uniquement palmoplantaire caractérisée par des vésiculo-pustules (petites cloques d'eau sur les mains et les pieds, à contenu clair ou purulent). La gale du nourrisson et du jeune enfant évolue en se généralisant, ressemblant souvent à un prurigo ou un eczema profus, on note parfois une atteinte du dos, du visage ou du cuir chevelu, bien plus fréquente que chez l'adulte, des nodules scabieux, un enfant irritable et fatigué, manquant de sommeil. Quelles sont les causes de la gale ? Plusieurs facteurs peuvent favoriser la transmission de la gale : - la promiscuité (écoles, garderies, hôpitaux, crèches...) ; - l'absence de traitement des premières personnes touchées ou de tous les contacts touchés ; - l'accès réduit aux soins et à l'eau potable ; - l'absence d'éradication de la gale sur les vêtements et les draps de lit. La gale est-elle dangereuse ? La gale n'est pas une maladie dangereuse, mais elle est très contagieuse. Elle se transmet par contact direct avec le malade ou indirect par les vêtements ou la literie. C'est un parasite qui s'attaque à l'épiderme et qui provoque des démangeaisons importantes, la nuit surtout. Et les signes n'apparaissent environ qu'un mois après la contamination, le temps de la période d'incubation de la maladie. On ne guérit pas sans traitement, mais correctement traité, le parasite disparaît en quarante-huit heures. Les démangeaisons, en revanche, peuvent durer une semaine après la guérison. Dans le cas d'apparition dans les écoles ou crèches, il est préconisé une éviction scolaire de trois jours de l'enfant malade après traitement. La vie en collectivité, tout particulièrement dans les maternelles, crèches et dans la famille favorise sa transmission. Pour en venir à bout, il est nécessaire de traiter ensemble tous les cas atteints. Quels conseils suivre pour ne pas l'attraper ? Il n'est pas possible de prévenir l'infection par les parasites lorsqu'on est en contact rapproché : dormir dans le même lit, échanger des vêtements... avec des personnes atteintes. Seule une prise en charge rapide des personnes touchées peut permettre de limiter la transmission du parasite. Mais il y a des mesures préventives de base, dès qu'un cas de gale apparaît, les mesures suivantes doivent être appliquées : - limiter les contacts avec la personne atteinte (limiter les visites, éviter de partager la literie, le linge de maison ou les sanitaires sans désinfection préalable) ; - dans les collectivités, isoler si possible, la personne atteinte ou regrouper toutes celles qui le sont ; - lors des soins, porter des gants, se laver régulièrement les mains (avant et après, ainsi que plusieurs fois par jour), car cela élimine les parasites qui pourraient s'y trouver ; - laver le linge à haute température. Comment traiter la gale efficacement ? Le diagnostic doit avoir été établi avec certitude avant toute prise en charge thérapeutique. Il repose avant tout sur l'examen clinique. Dans les formes typiques, ce diagnostic est fait par un médecin sur la découverte du signe typique du sillon chez un sujet qui se gratte. Dans les formes douteuses, il est préférable d'avoir recours à un examen par un spécialiste et de réaliser, dans la mesure du possible, un examen parasitologique. La négativité du prélèvement n'exclue pas le diagnostic de gale. Le traitement de la gale nécessite à la fois le traitement du sujet atteint mais également le traitement de son entourage, comme expliqué auparavant. Il est donc indispensable de s'assurer du diagnostic. Une fois le diagnostic certain, deux stratégies thérapeutiques sont possibles, l'une par voie locale, l'autre par voie générale. Le traitement local fait appel au benzoate de benzyle qui reste le produit de référence... Classiquement, on badigeonne à l'aide de compresses ou d'un pinceau l'ensemble du corps, y compris le cuir chevelu, à l'exception du visage. Le produit est appliqué soit une fois et gardé 24 heures avant d'être lavé, soit deux fois à 10 minutes d'intervalle et gardé 24 heures avant d'être lavé, soit deux fois à 24 heures d'intervalle. L'entourage du patient (conjoint et enfants) doivent être traités de la même façon (même s'ils ne se grattent pas) avec des durées d'application du produit toutefois plus courtes pour les enfants et les nourrissons. L'autre produit local pouvant être proposé est un pyréthrinoïde de synthèse, l'esdépalléthrine. Quel que soit le protocole de soins locaux, il est important de bien respecter la prescription médicale. Le traitement par voie orale est l'ivemectine administré en deux prises à 14 jours d'intervalle, le matin à jeun. Le produit n'est efficace que sur les acariens matures, mais pas sur les œufs.