Comme il fallait s'y attendre, la comm�moration du 20 avril � Bouira s'est faite en rangs dispers�s, mais le fait que celle-ci se soit d�roul�e dans la s�r�nit� et sans accrocs est en soi une victoire pour la d�mocratie dont l'Alg�rie a tant besoin en ces temps de renoncements et de d�missions collectives. En effet, le meeting auquel a appel� une partie des arouch favorable au dialogue, ainsi que la marche � laquelle a appel� l'autre partie oppos�e au dialogue ainsi que le MCB du Dr Mouloud Lounaouci qui a appel� �galement � la c�l�bration du 25e anniversaire du Printemps amazigh, ces deux manifestations pr�vues au chef-lieu de wilaya et pour lesquelles beaucoup d'observateurs pr�disaient un �chec sinon des affrontements certains entre les deux protagonistes, se sont d�roul�es finalement dans la s�r�nit�. Cela m�me si au d�but du meeting qui eut lieu � 10 heures au niveau de la place des Martyrs, un groupe de jeunes oppos�s au dialogue ont essay� une incursion parmi la foule scandant des mots d'ordre hostile au dialogue et au pouvoir. Mais gr�ce � la sagesse des d�l�gu�s de la CCCWB dont Arezki Leulmi, Dja�fer Abdeddou et Haddad Nacer, ces jeunes ont fini par quitter les lieux et rejoindre le stade Bourouba situ� � quelques centaines de m�tres de la place. Mais avant de repartir, ils ont arrach� toutes les banderoles hostiles au pouvoir que les dialoguistes avaient suspendu tout autour de la place des Martyrs, arguant que les "Pouvoir assassin" et "Ulac Smah Ulac" ne sont plus valables pour ceux qui avaient opt� pour le dialogue. Cela �tant, et concernant le meeting, apr�s l'intervention de Dja�fer Abdeddou qui a �num�r� un ensemble d'acquis du mouvement citoyen lors de ce dialogue, ax�, en plus de la prise en charge de l'Etat des six incidences dont la r�vocation des indus �lus y compris ceux de la wilaya de Bouira, tientil � rappeler � une foule tr�s excit�e, autour du jugement des assassins par les tribunaux civils, la reconnaissance de l'Etat de sa responsabilit� unilat�rale dans les �v�nements du Printemps noir 2001, le statut de martyrs de la libert� pour les 126 martyrs du mouvement citoyen, l'installation d'une acad�mie berb�re, la formation des formateurs en tamazight, le lancement prochain d'une cha�ne de t�l�vision en tamazight et, enfin, la prise en charge des bless�s du Printemps noir. D'autres points seront abord�s lors des prochains rounds, dira-t-il, avant de c�der la parole aux autres d�l�gu�s. Comme Haddad Nacer, Djamel Yahiaoui et Allaoua Idir, qui rappelleront aux centaines de citoyens pr�sents la d�termination de tous les d�l�gu�s de poursuivre le combat jusqu'� la satisfaction pleine et enti�re de la plateforme d'El-Kseur. Leulmi Arezki rappellera, lui, le combat initial du mouvement citoyen des arouch qui a r�habilit� les partis politiques au lendemain de sa cr�ation en 2001. Mahmoud Bouchelkia informera la foule que le chef du gouvernement a observ� la minute de silence sur la tombe de Guermah Massinissa sous l'hymne national version Matoub pour leur rappeler que "tant que le pouvoir n'a pas satisfait tous les points consign�s dans la plate-forme d'El-Kseur, nous continuerons � crier "Ulac Smah Ulac" et "Pouvoir assassin". A la fin du meeting, les d�l�gu�s ont appel� les jeunes � se disperser mais ceuxci, venus pour la plupart pour marcher, ont sit�t rejoint les marcheurs au niveau du stade Bourouba. Les d�l�gu�s antidialoguistes parmi lesquels on pouvait distinguer Meziane Chabbane, Slimane Chabane, Salim Bachouche, Mourad Bahloul, Moussa Akmouche, ainsi que les animateurs du MCB, les deux d�tenus d'avril 1980, en l'occurrence MM. Ali Brahimi et Salah Boukrif, ont pr�f�r� attendre la fin du meeting des dialoguistes pour �viter toute jonction entre les deux groupes au niveau de la place des Martyrs. Ainsi, aux environs de 11 heures, la marche s'�branla et les centaines de personnes pr�sentes et venues de plusieurs localit�s de la wilaya ont, tout au long du parcours les menant vers le si�ge de la wilaya, scand� des slogans hostiles au pouvoir, au chef du gouvernement et aux d�l�gu�s qui ont opt� pour le dialogue, notamment Bela�d Abrika et Dja�fer Abdeddou. Des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Pouvoir assassin" et "Ulac Smah Ulac", slogans entonn�s aussi � maintes reprises par les marcheurs, ont �t� d�ploy�s. Arriv� devant le si�ge de la wilaya, Meziane Chabane prit la parole pour d�noncer ses ex-compagnons de lutte, les d�l�gu�s qui ont opt� pour le dialogue les qualifiant de valets de Ouyahia, ayant trahi le serment fait aux 126 martyrs du Printemps noir. Le geste d'Ouyahia en se recueillant sur la tombe de Guermah Massinisssa a �t� aussi qualifi� de provocation. Slimane Chabane a appel� les centaines de pr�sents � �tre vigilants et ne pas c�der devant les sons de cloche de ceux qui usent de l'argent pour acheter jusqu'aux consciences des gens. Il rappellera les menaces du pouvoir actuel sur les libert�s ch�rement acquises par les jeunes d'avril 1980 dont il fait partie, ceux qui ont os� se mettre au travers des viss�es h�g�moniques du pouvoir en l'amenant � c�der huit ans plus tard en ouvrant le champs politique mais d'une mani�re tr�s fragile. Aujourd'hui, conclura-t-il, le pouvoir veut remettre en cause ces acquis et faire abdiquer le dernier bastion de la r�sistance en Alg�rie, � savoir la Kabylie, cette r�gion symbole des luttes et qui s'est toujours mise en travers du pouvoir. Mais avec la mobilisation d'aujourd'hui, le pouvoir doit comprendre que la Kabylie ne courbera jamais l'�chine, que celle-ci saura toujours se ressaisir. D'autres d�l�gu�s � l'instar de Mourad Bahloul et Salim Bachouche sont intervenus pour rappeler leur d�termination � poursuivre le combat et � d�masquer tous ceux qui osent trahir et salir la m�moire des martyrs du Printemps noir. "Avant d'accueillir le chef du gouvernement, Khaled Guermah aurait d� associer les parents des 125 autres martyrs dont la plupart sont morts justement pour avoir d�nonc� l'injustice dont a �t� victime son fils Massinissa", clamera haut Salim Bachouche. En somme, la marche d'hier �tait une victoire tant en ces moments d'incertitudes et de servitude g�n�ralis�e, il n'est pas facile de bousculer les mentalit�s et d'�veiller les consciences. Mais � voir l'ardeur avec laquelle les jeunes ont r�pondu pr�sents hier, l'on comprendra que quelque chose est en train de changer. Et ceux qui ont mis� sur la capitulation de la Kabylie auront perdu hier la bataille. D'ailleurs, la d�sillusion est en train de gagner les gens � l'�chelle nationale.