«Le nombre de huileries dans la wilaya de Tipasa s'avère insuffisant bien que cette antique capitale romano-numide fut, par le passé, un véritable grenier-réservoir d'huile d'olive destiné à alimenter l'Empire romain de Jules César», observe un cadre de l'agriculture à la retraite. Les recherches archéologiques effectuées dans ce cadre par l'archéologue français Philippe Leveau avaient mis en évidence de véritables industries de l'huile d'olive où plusieurs dizaines de huileries antiques parsemèrent jadis les montagnes de Damous, de Cherchell, de Gouraya, de Menaceur et de Tipasa. Pour preuve, le village de Sidi- Moussa, sis à proximité de Tipasa, conserve les remparts d'une ferme oléicole romaine, avec son pressoir et les outils d'une huilerie antique, appelée Sour Roumane, qui retrace les vestiges de l'industrie oléicole antique dans la wilaya de Tipasa. S'agissant du développement actuel de cette industrie, un responsable de la Chambre d'agriculture de la wilaya de Tipasa a été formel à ce propos. «Notre wilaya dispose de plus 800 000 plants d'oliviers, dont la quasimajorité est plantée dans les zones de haute montagne et les zones boisées», précise notre source qui ajoute que «le récent développement de la filière oléicole à travers l'introduction d'un système semi-intensif a permis de constituer des oliveraies sur de vastes superficies atteignant près de 2 000 ha et comprenant plus de 500 plants à l'hectare». Et à la source de poursuivre : «Ces oliveraies sont exploitées avec des techniques traditionnelles, voire centenaires, car n'utilisant aucun produit phytosanitaire lors de l'entretien ou le traitement des maladies, ni d'une mécanisation moderne.» En marge de ces investigations, l'un des producteurs d'olives au niveau de la wilaya de Tipasa nous a affirmé qu'il a été recensé plus de 5 000 producteurs d'olives dans la wilaya de Tipasa en précisant qu'«il y a lieu d'assister les oléiculteurs, de les orienter et de les organiser afin de parvenir à labelliser le produit oléicole algérien par l'amélioration des apports techniques de production », en renchérissant que «l'huile de la région de Zatima, sur les hauteurs de Damous, est un produit de haute qualité» en insistant que «cette filière souffre d'un problème de rendement où une marge importante reste à récupérer ; il y a aussi le problème d'eau et la nécessité absolue et impérative de recourir à une cueillette automatisée». Des statistiques fournies par l'ONFAA, concernant l'importation d'huile d'olives, révèlent qu'une quantité de 520 tonnes d'huile d'olives a été importée en 2015 tandis qu'il y a une baisse à 291 tonnes en 2016 ; ces produits provenant en 2015 essentiellement du Maroc (37%), de France (22%) et de Tunisie (13%), quant à l'année 2016, il a été enregistré 291 tonnes importées de France (47%), de Tunisie (16%) et 12% du Maroc. Tandis que la production d'olives de table en Algérie et au niveau de la wilaya de Tipasa a été estimée à plus de 6 500 quintaux, quant à l'olivier à huile,Tipasa a produit près de 400 000 litres d'huile d'olive. Cependant, selon les informations à propos de l'investissement dans cette filière, on note un faible engagement dans le créneau de l'olivier qui reste épars malgré les efforts substantiels réalisés dans les contrées de Béni Mileuk où plus de 100 hectares d'oliviers ont été plantés à Tifssassine, 100 hectares à Bou-Helou et 50 hectares à Ould-Aïssa. Dans la daïra de Cherchell, à Sidi- Simiane, ce sont les contrées de Ghardous, Mazer, Djoumer et Igaïdayen qui se sont arrogé 25 hectares par douar. La commune de Menaceur reste, quant à elle, en deçà de ses fabuleuses capacités de production telles que prévues par les plans et les objectifs des années 1970-1980 et 1990, à l'origine de l'implantation du barrage de Boukourdane à Sidi- Amar. Ainsi, les contrées de Tidaf et de Sidi- Moussa, où se trouvent des superficies plantées d'oliveraies, elles restent inférieures à 100 hectares. Des sources agricoles ont révélé que plus de 47 000 quintaux d'olives ont été produits en 2016, soit un bond quantitatif fabuleux par rapport à l'année 2000, une progression estimée à 1 000% qui a été rendue possible grâce à l'investissement productif agricole. La superficie exploitée dans la wilaya de Tipasa avoisine les 5 000 hectares pour une production de 350 000 litres d'huile d'olive et près de 6 000 quintaux pour l'olivier de table. Les perspectives visées par les opportunités d'investissement élargissent cette capacité de production à 46 000 quintaux, notamment pour répondre aux attentes des projets d'huileries modernes de l'huile d'olive. Un responsable de la Chambre d'agriculture de Tipasa a révélé que dans le cadre des dispositions d'une circulaire ministérielle relative à l'organisation des conseils interprofessionnels de la filière oléicole, les producteurs de l'huile d'olive de la wilaya de Tipasa se sont réunis au siège de la Chambre d'agriculture de Tipasa en vue «de mettre sur pied une organisation interprofessionnelle qui regroupera l'ensemble des opérateurs économiques et institutionnels, en vue de constituer un espace de dialogue, de concertation et de propositions autour d'objectifs liés au développement de la filière oléicole». Cette même source ajoute que «cette organisation interprofessionnelle est adossée en premier lieu à la constitution de conseils interprofessionnels de la filière oléicole où se retrouvent les catégories professionnelles d'oléiculteurs, de pépiniéristes producteurs de plants, de fournisseurs et importateurs d'intrants agricoles, les fabricants et fournisseurs de matériels et équipements agricoles, les industriels de la transformation, les exportateurs de produits oléicoles et les associations de consommateurs». Il s'agit, en fait, d'un «conseil interprofessionnel dans lequel se trouve incluse l'association des oléiculteurs de la wilaya de Tipasa, qui appartient à un niveau régional constitué des poids lourds de l'agriculture algérienne, où on retrouve Blida, Aïn-Defla, Chlef, Médéa, Tissemsilt, Djelfa, et Tipasa». Ce groupe régional interprofessionnel, situé dans sa majorité dans les plaines de la Mitidja, les Hauts-Plateaux et les vastes contrées chélifiennes, reste très prometteur eu égard aux disponibilités en eau, avec les apports considérables des barrages de Boukourdane, de Ghrib et récemment du fabuleux barrage de Kef-Eddir, au sud-ouest de Damous. Ainsi, outre le problème de l'irrigation qui est en voie d'être résolu, il y a les difficultés de cueillette et de stockage des olives ; sachant que la cueillette à l'aide de moyens traditionnels affecte non seulement la quantité mais aussi la qualité de l'olive. S'agissant de la transformation, la wilaya de Tipasa ne dispose actuellement que de quelques huileries, dont seulement un petit nombre est mécanisé, et le reste fonctionne avec un système traditionnel. Des fellahs nous révèlent que «l'oléiculture à Tipasa est l'un des créneaux les plus en vue dans la wilaya». L'oléiculture n'est pas en reste, puisque, selon un expert agricole, «si le fruit des oliviers a survécu, c'est grâce aux pluies récentes !»