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INDUSTRIE AUTOMOBILE
Une recomposition et des interrogations
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 12 - 2017

La recomposition du marché de l'automobile en Algérie se poursuit encore. Une note du Premier ministre datée du 14 décembre écoulé précise la nouvelle composante de ce secteur et les volumes attendus aussi bien pour le véhicule particulier que pour l'utilitaire. Un premier constat, le passage à la trappe de marques déjà en activité et de projets sous des labels de renom en phase de finalisation avancée, d'une part, et l'émergence de signatures, dont la réputation est loin d'être conforme aux dispositions du dernier cahier des charges réglementant cette activité.
Dans un préambule, le document revient sur la profusion des demandes introduites auprès du ministère de l'Industrie pour la réalisation d'usine de montage de véhicules toutes catégories confondues, du léger au lourd, en passant par les engins, les tracteurs et les motocycles, soit un total qui dépasserait les 120 projets. Un nombre, certes, ahurissant, mais qui se justifie par une obligation réglementaire qui imposait à tout concessionnaire désireux de poursuivre son activité de s'engager dans un investissement industriel. Aussi, le Premier ministre avertit que «si des mesures drastiques ne sont pas prises dès à présent, la nouvelle activité de production et de montage de véhicules risque de connaître une profusion illimitée, à l'image de ce qui est arrivé à notre pays, il y a quelques années déjà, dans les branches d'activité des minoteries et des laiteries». Il précisera aussi que certaines sociétés sont entrées en production «avec un agrément effectif pour les unes et d'une manière quasi anarchique pour d'autres».
Bouchouareb désavoué
La note signée par Ouyahia limite, désormais, l'accès à l'industrie automobile à 5 entreprises pour le véhicule de tourisme, à savoir Renault, Sovac pour le groupe Volkswagen, la Sarl Tahkout pour la marque Hyundai, Peugeot et le groupe Hasnaoui pour Nissan. L'utilitaire est aussi partagé entre 5 acteurs, MAN (famille Salhi), Iveco (Ival), Tirsam (Maala et lamari de Batna), Astra (Haddad) et Schakman et Chery (Mazouz). Cette deuxième recomposition du marché semble clairement sonner le glas à la stratégie mise en place par l'ancien ministre de l'Industrie, Abdesselam Bouchouareb, et qui avait en son temps suscité beaucoup d'interrogations en raison notamment de la marginalisation des professionnels en titre, cumulant pour beaucoup plus de 20 années d'expérience. Si la décision du Premier ministre se veut un correctif aux dérives précédentes, elle n'en est pas moins source de plusieurs questionnements. Pour le véhicule particulier, on signale d'abord la mise à l'écart de KIA Al Djazaïr, filiale du groupe Glovis, qui a commencé depuis le mois de novembre dernier l'assemblage dans son usine de Batna et la commercialisation des modèles comme la Picanto, la Rio, Sportage et le K2700. Des investissements autorisés par le gouvernement et qui ont permis la création de l'emploi, la signature de partenariat de formation avec l'université et des engagements avec les clients. Seconde observation, les volumes attribués à chacune des 5 entreprises, 100 000 unités par an pour Sovac, Tahkout et Peugeot, 60 000 pour Nissan et... 75 000 pour Renault qui reste, pour l'heure, le seul constructeur à faire un effort appréciable en matière de procédé d'assemblage et de transfert technologique et qui prépare pour 2018 l'intégration de la carrosserie et peinture dans son processus de montage. Cette disposition semble favoriser nettement le schéma du SKD tel que pratiqué par certains et les irrégularités constatées et dénoncées par les membres de l'exécutif eux-mêmes qui n'ont pas hésité à qualifier cette activité d'«importations déguisées».
Des références mondiales écartées
Pour le véhicule utilitaire, on relève la fin d'activité qui est signifiée au groupe Global, assembleur depuis juin 2016 d'une large gamme de produits Hyundai, camions, bus et fourgons sur son site de production de Batna. Au-delà de l'entreprise, ce sont des véhicules que les clients algériens ont éprouvés depuis plusieurs années. On note également la suspension des projets déjà entamés pour des références mondiales dans le domaine, en l'occurrence Renault Trucks, Volvo, Hino, Isuzu et Jack.En revanche, le quitus est délivré à des signatures activant pour certaines, plutôt dans des niches et d'autres, de réputation bien en deçà de celle des tenants du segment. D'autant que le décret exécutif n°17-344 du 28 novembre portant cahier des charges devant réorganiser l'activité industrielle dans le domaine automobile, stipule en toute clarté que le constructeur partenaire dans un projet de montage local doit être «de renommée internationale». La note du Premier ministre affirme en conséquence que «toute entreprise activant dans ce domaine qui n'a pas obtenu d'accord formel des services du ministère de l'Industrie et des Mines, ni reçu l'accord du conseil national de l'investissement est considérée en situation irrégulière et devra cesser toute activité». Ceci étant, cette nouvelle recomposition du paysage automobile en Algérie s'apparente plus à une reprise en main de ce secteur par des acteurs proches des décideurs et la création de nouveaux monopoles, qu'à une véritable démarche visant à juguler la saignée en devises. Le volume global de cette activité d'assemblage, fixé à terme à 430 000 unités/an, coûterait au Trésor public un peu moins que les 6 milliards enregistrés il y a quelques années. Sachant que le niveau d'intégration locale restera pour longtemps une épreuve difficile à réaliser. A cela s'ajoute une surenchère dans les prix qui sont proposés aux clients.


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