Les travaux du colloque sur la Constitution de l'Arm�e de lib�ration nationale et son �volution se sont poursuivis hier, � l'h�tel El- Aurassi par une s�rie d'interventions. Karl Blecha, ancien ministre de l'Int�rieur autrichien et militant dans les Jeunesses autrichiennes, a consacr� sa conf�rence au r�le de l'Autriche durant la R�volution alg�rienne. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - �Quelle �tait la relation qui pouvait bien exister entre l'Autriche et les Autrichiens d'une part, et d'autre part l'Alg�rie en lutte pour recouvrer sa libert� et son ind�pendance?�, s'interrogeait, hier, Karl Blecha en d�butant son intervention. L'attrait pour les �tendues d�sertiques du Sahara et le combat, presque mythique, de l'�mir Abdelkader ont marqu� la m�moire collective des citoyens autrichiens. Mais ce pays se retrouvera impliqu�, malgr� lui, dans la guerre d'Alg�rie. �Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France avait occup� une partie de l'Autriche. L'arm�e fran�aise avait profit� de cette occasion pour recruter, sans aucune g�ne, des Autrichiens dans la l�gion �trang�re. Les organisations de jeunesse de mon pays s'�taient alors oppos�es � cette mesure. Mais de nombreux jeunes ont tout de m�me �t� enr�l�s, souvent contre leur gr�, dans ces troupes�, explique-t-il. Lorsque la guerre de Lib�ration �clate, des l�gionnaires autrichiens sont faits prisonniers par les combattants de l'ALN. �Un Allemand qui avait un court pass� autrichien, converti � l'islam, � savoir Si Mestapha M�ller, officier de l'ALN actif depuis 1955, faisait l'interpr�te pendant les interrogatoires des l�gionnaires qui avaient �t� captur�s ou qui avaient tout simplement d�sert� au niveau de la wilaya 5. Il cr�a ensuite le Service de rapatriement des l�gionnaires, dont le si�ge se trouvait � T�touan au Maroc�. Anti-nazi convaincu et militant dans les Jeunesses socialistes autrichiennes, Mestapha M�ller d�couvre le combat du peuple alg�rien gr�ce Reimar Holzinger, activiste pro-alg�rien de la premi�re heure. Les r�seaux mis en place par M�ller permettent le rapatriement de 142 jeunes l�gionnaires autrichiens. Des op�rations de rapatriement qui se sont d�roul�es dans des conditions tr�s difficiles mais qui ont pu se r�aliser avec l'aide de Rudolf Kirschl�ger, un fonctionnaire du minist�re des Affaires �trang�res autrichien, qui deviendra par la suite pr�sident de la R�publique d'Autriche. �C'est gr�ce � M�ller que nous avions appris que les combattants de l‘ALN s'appelaient moudjahidine alors que les Fran�ais parlaient de fellagas�, note Karl Blecha. Le conf�rencier explique �galement que l'une des missions des Jeunesses autrichiennes �tait de m�diatiser la cause alg�rienne. �Ce n'�tait pas chose facile car la presse de l'�poque �tait, dans sa grande majorit�, favorable aux Fran�ais. Nous avons cependant trouv� une oreille attentive aupr�s de Walker Haker, r�dacteur en chef du quotidien progouvernemental Neues �sterreich (Nouvelles d'Autriche) (…) Nous proc�dions r�guli�rement � l'envoi de bulletins d'information du FLN aux partis politiques, aux d�put�s et aux journaux.� Les Jeunesses autrichiennes, d'ob�dience socialiste, organisaient aussi des manifestations de soutien � la cause alg�rienne. En 1959, � l'occasion du Festival mondial de la Jeunesse qui se tient � Vienne, le drapeau alg�rien est hiss� sur un des monuments de la ville. �L'ambassade de France �leva une protestation et des citoyens fran�ais tent�rent de le retirer, mais leur tentative �choua..� Au cours de son intervention, Karl Blecha a �voqu� son premier voyage en Alg�rie en p�riode de guerre. �Je m'�tais rendu auparavant dans les camps de r�fugi�s � proximit� de la fronti�re tuniso-alg�rienne pour y apporter des v�tements et des m�dicaments. En 1958, je me trouvais en Tunisie � l'occasion d'un congr�s panafricain lorsque je fis connaissance de repr�sentants de l'ALN qui m'invit�rent � traverser la fronti�re vers l'Alg�rie pour constater de mes propres yeux ce qui se passait l�-bas. J'ai pu ainsi me faire une id�e des villages totalement abandonn�s, des lotissements d�truits par les bombes et des for�ts ras�es au napalm. La guerre coloniale montrait son horrible visage.�