Tout auréolé par le succès remporté à l'issue de la traque des assassins des touristes français, par la DGSE, Nicolas Sarkozy, pouvait donc saisir cette opportunité, pour tenter de se distinguer, une fois encore, sur le plan international, après l'affaire des infirmières bulgares et celle de l'Arche de Zoé au Tchad. Refusant de négocier avec les ravisseurs, pour obtenir la libération de ses deux ressortissants détenus par la branche de l'organisation islamiste Al-Qaïda au Maghreb, l'Autriche compte manifestement explorer d'autres pistes pour atteindre cet objectif. Le canal des services de renseignements semble être privilégié par les Autrichiens. C'est d'ailleurs ce qui ressort en substance de la conférence de presse tenue par le président français Nicolas Sarkozy qui révélait, vendredi passé, la sollicitation par le chancelier autrichien Alfred Gusenbauer des services secrets des pays de l'Union européenne, pour résoudre cette affaire. L'appel du pied au service d'espionnage français, la DGSE en l'occurrence, a été d'ailleurs reçu cinq sur cinq par le président de l'Hexagone. Ce dernier, saisissant ainsi la balle au bond, assurait l'Autriche du “soutien plein et entier” de la France, notamment “par le biais de la DGSE” dont on dit qu'elle est bien implantée en Afrique du Nord. Tout auréolé par le succès remporté à l'issue de la traque des assassins des touristes français par la DGSE, Nicolas Sarkozy pouvait donc saisir cette opportunité pour tenter de se distinguer, une fois encore, sur le plan international, après l'affaire des infirmières bulgares et celle de l'Arche de Zoé au Tchad. Depuis plusieurs années, les services de renseignements français alertent régulièrement Paris sur les activités des groupes affiliés à la branche d'Al-Qaïda au pays du Maghreb, qui se déplacent entre l'Algérie et toute la zone sahélienne et, notamment entre la Mauritanie, le Mali et le Niger. D'ailleurs, c'est sur conseil du service d'espionnage français que les organisateurs du rallye-raid Dakar avaient annulé l'événement début janvier, une première depuis sa création, il y a trente ans. Ceci pour dire qu'en Europe la DGSE, en ce qui concerne les activités terroristes dans la région du Sahel, bénéficie d'un crédit certain. Le 13 mars, la branche d'Al-Qaïda au Maghreb avait fixé à aujourd'hui dimanche à minuit, un ultimatum aux autorités autrichiennes. Les terroristes demandent la libération de militants liés à la mouvance, cinq, selon certaines sources, sont détenus en Algérie et dix en Tunisie en échange du couple d'Autrichiens, disparu depuis la mi-février en Tunisie. Des sources proche de l'état-major de crise constitué à Vienne par les autorités autrichiennes, citées par des agences de presse ont indiqué, que les ravisseurs ont aussi exigé le versement d'une rançon, dont le montant n'a pas été précisé. Il est vrai que le lieu de détention des deux touristes reste une des incertitudes. Mais, une chose semble être certaine, les ravisseurs et leurs otages ont quitté le territoire algérien. Et on peut supposer que les Autrichiens avaient confirmé que les otages se trouvent quelque part dans la zone du Sahel, un terrain où les services de renseignements européens et plus particulièrement français sont le plus à l'aise. Sinon comment expliquer que les Autrichiens n'aient pas sollicité le concours des services algériens ? Cette lecture est rendue possible par l'analyse de certains experts selon lesquels “l'opération a été réalisée le 22 février, mais ce n'est que le 10 mars qu'elle a été rendue publique. Cela prouve que le groupe a voulu gagner du temps afin de transférer les otages vers un lieu plus sûr”. Ces mêmes experts ont estimé alors que les otages ne peuvent rester sur des territoires sous contrôle algérien du fait que l'armée a déjà acquis l'expérience de l'enlèvement des 32 touristes commis par Abderrazak El-Para en 2003. Selon des informations, le groupe terroriste se serait déplacé jusqu'au Mali. Selon le chef de la police antiterroriste de Salzbourg, des enquêteurs s'efforcent de localiser les otages à partir de leurs téléphones portables. Un porte-parole du ministère de l'Intérieur autrichien a indiqué à l'agence de presse française qu'afin de résoudre la crise, l'Autriche a renforcé cette semaine son réseau diplomatique en Tunisie et envoyé un membre du Service de protection de la Constitution et de lutte contre le terrorisme “dans la région, mais pas à Tunis”. L'Autriche ne dispose, dit-on, pas d'un service secret d'envergure capable de prendre en charge efficacement cette affaire d'otages. C'est la raison qui aura fait qu'elle demande l'aide des services d'autres pays européens. Cette opinion sur la relative inefficacité des services secrets autrichiens s'est forgé à la faveur d'un autre cas de prise d'otages, en Irak : Bert Nussbaumer, un salarié autrichien d'une société de sécurité, a été enlevé en 2006 avec quatre collègues américains dans le sud du pays et les autorités autrichiennes sont pour ce cas en étroite relation avec les autorités américaines et britanniques. Zahir Benmostepha